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Ahmadou Kanté : métaphysique de la crise de l’environnement à la lumière du Coran

Ahmadou Makhtar Kanté.

Auteur de l’ouvrage « Islam, science et société », Ahmadou Makhtar Kanté est imam, écrivain et conférencier sénégalais. Dans un article d’analyse approfondie que publie en exclusivité Mizane.info, il revient sur les origines métaphysiques et ontologiques de la condition humaine notamment dans son rapport à l’environnement, à la Terre et au désir d’immortalité, avec comme point de référence le texte coranique. 

Les termes de références du Califat originel

Nous partons de la thèse assez partagée actuellement par les scientifiques sur la crise de l’environnement et du climat, à savoir que les activités humaines y contribuent pour une part significative. Les lignes qui suivent présentent la façon dont les enseignements de l’Islam aident à comprendre les origines ou racines profondes de la crise écologique et humaine et ses modalités en cours. Dans cette optique, beaucoup de choses se comprennent à partir du paradis perdu tel que le Coran en parle. L’annonce divine relative aux anges est une information fondatrice et lourde de conséquences pour le statut de l’humanité. Ce que Dieu dit aux anges est la consécration d’une dignité et d’une responsabilité singulières de l’être humain. Par la volonté de Dieu, il est en charge d’une institution unique : le Califat (al khilâfah). Les propos des anges mettent tous les exégètes dans l’embarras, tellement ils semblent réfractaires à une interprétation univoque et définitive. Mais les mots utilisés donnent tout de même des indications intelligibles : « Vas-tu y installer quelqu’un qui va semer le désordre et verser le sang ? ». Pour nombre de commentateurs du Coran, cette inquiétude des anges qu’on peut maintenant qualifier de prémonitoire, ne se comprend que parce qu’ils ont eu à être témoins du Califat calamiteux des jinns et de sa fin. Pour ceux qui ne retiennent pas cette hypothèse, faute de référence scripturaire irréfutable à ce sujet, le doute s’est emparé des anges sur la capacité d’Adam, frêle créature d’argile, à être à la hauteur du Califat. Notons que les deux interprétations ne s’excluent pas forcément. Toujours est-il que ce récit du Coran laisse voir que les anges ont une « idée » de ce que représente le Califat dont ils parlent selon une version négative : semer le désordre et verser le sang. Il n’est pas du tout anodin que le terme fasâd, traduit par désordre, corruption, chaos, etc., reste très général et que l’expression « verser le sang » diffère du simple meurtre pour renvoyer à la brutalité et à l’ampleur du phénomène. Le terme khilâfah est traduit de mille façons : califat, vicariat, lieutenance, etc. Ces efforts d’interprétation fournis par les exégètes sont louables, mais le lecteur peut rester désorienté. Pourtant les mots des anges permettent de retenir un sens simple : ils considèrent, peu importe à partir de quoi et en se fondant sur quoi, qu’une politique du Califat agréée par Dieu consiste à poursuivre une double finalité : préserver l’Ordre (ils n’en disent pas plus) et sauvegarder la Vie.

Enjeux et conséquences du khalifat vicarial

Ce récit nous apprend une leçon capitale : le souci des anges pour l’Ordre et la Vie découle de leur connaissance du « souci de Dieu » qui s’y rattache. On en fait découler que les racines des crises sur terre proviennent avant tout d’un manque ou d’une faible sensibilité au double souci de l’Ordre et de la Vie qui constitue les missions fondamentales du Califat originel. Le lecteur du récit coranique des origines se rend compte qu’après avoir fait montre d’inquiétude révélatrice sur les finalités du Califat originel et authentique, les anges donnent des indications de taille sur un autre aspect du sujet : ils semblent insinuer que Dieu aurait pu se suffire de leurs parfaites et inlassables louanges « Alors que nous, nous glorifions Ta louange, et proclamons Ta Sainteté ! » Là aussi, le verset procède par détour : Dieu ne répond pas directement à leur « revendication », mais la suite du récit révèle ce qui est en jeu : la liberté, le savoir et le temps. Dieu a choisi de mettre à la tête de l’institution du Califat un être qui sera libre de ses décisions et de ses actes, donc doté du pouvoir d’accomplir (ou de ne pas accomplir) la mission en question. Seulement respect et trahison du Califat n’auront pas la même conséquence pour Adam et ses descendants. Dieu laisse la vérité se faire jour tout le temps que le nouveau Calife c’est-à-dire, l’humanité conçue comme continuité historique, passera sur terre.

Voici des versets incontournables du Coran sur le paradis perdu qui éclairent notre compréhension de la perspective islamique des racines de la crise humaine et écologique : « Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent à l’exception d’Iblîs qui refusa, s’enfla d’orgueil et fut parmi les infidèles. Et Nous dîmes : « Ô Adam, habite le Paradis toi et ton épouse, et nourrissez-vous partout à votre guise ; mais n’approchez pas de l’arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes”. Peu de temps après, Satan les fit glisser de là et les fit sortir du lieu où ils étaient. Et Nous dîmes : Descendez (du Paradis) ; ennemis les uns des autres. Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps. Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles et Allah agréa son repentir car Il est certes, Celui qui accueille le Repentir, le Miséricordieux » (Coran, 2 : 34-37) ; « Ô Adam, habites le Paradis, toi et ton épouse ; et mangez-vous deux à votre guise ; mais n’approchez pas l’arbre que voici ; sinon, vous seriez du nombre des injustes. Puis le Diable, afin de leur rendre visible ce qui leur était caché – leur nudité – leur chuchota : “Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour vous empêcher de devenir des Anges ou des êtres immortels !”. Et il leur jura : “Vraiment, je suis pour vous deux un bon conseiller”. Alors il les fit choir par tromperie. Puis, lorsqu’ils eurent goûté de l’arbre, leur nudité leur devint visible et ils commencèrent tous deux à y attacher des feuilles du Paradis. Et leur Seigneur les appela : “Ne vous avais-Je pas interdit cet arbre ? Et ne vous avais-Je pas dit que le Diable était pour vous un ennemi déclaré ?” Tous deux dirent : “Ô notre Seigneur, nous avons fait du tort à nous-mêmes. Et si Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde, nous serons très certainement du nombre des perdants » (Coran, 7 : 19-23) ; « Nous avons auparavant fait une recommandation à Adam ; mais il l’oublia ; et Nous n’avons pas trouvé chez lui de résolution ferme. Et quand Nous dîmes aux Anges : “Prosternez-vous devant Adam”, ils se prosternèrent, excepté Iblîs qui refusa. Alors Nous dîmes : “Ô Adam, celui-là est vraiment un ennemi pour toi et ton épouse. Prenez garde qu’il vous fasse sortir du Paradis, car alors tu seras malheureux. Ici, tu ne connaîtras ni la faim ni la nudité, tu ne sentiras ni la soif ni l’ardeur du soleil”. Puis le Diable le tenta en disant : “Ô Adam, t’indiquerai-je l’arbre de l’immortalité et une royauté impérissable ?”. Tous deux (Adam et Ève) en mangèrent. Alors leur apparut leur nudité. Ils se mirent à se couvrir avec des feuilles du paradis. Adam désobéit ainsi à son Seigneur et s’égara. Puis, Son Seigneur fit de lui son élu, agréa son repentir et le guida. Il dit : “Descendez d’ici, (Adam et Ève), [Vous serez] ennemis les uns des autres. Puis, si une guidance vous vient de Ma part, quiconque la suivra ne sera ni égaré ni malheureux. Et quiconque se détournera de Mon Rappel, mènera une vie pénible et Nous l’amènerons aveugle au jour du rassemblement”. Il dira : “Ô mon Seigneur, pourquoi m’as-Tu amené aveugle alors qu’auparavant je voyais?  » Allah lui] dira : « De même que Nos Signes t’étaient venus et que tu les as oubliés, ainsi aujourd’hui tu es oublié” (Coran, 20 : 115-126).

Enseignements tirés des récits coraniques sur le paradis perdu 

Dans les récits coraniques sur le paradis primordial ressortent des enseignements importants à méditer. En effet, Dieu dit avoir fait des recommandations (ahd) à Adam, ce qui établit la notion d’Alliance entre Lui et l’être humain en ce qu’Il ne l’abandonne pas à sa solitude et ses limites : « En effet, Nous avons auparavant fait des recommandations à Adam, mais il oublia, et Nous n’avons pas trouvé chez lui de résolution ferme ». Ces recommandations sont la boussole ou la guidance qui rattache l’humain à Dieu. En d’autres termes, un gage de succès sur terre et de salut dans l’au-delà est déjà de s’ouvrir à la transcendance et de ne pas faire l’option de la suffisance.

L’imam sénégalais Ahmadou Makhtar Kanté.

Ce souci de Dieu pour l’humain apparait aussi dans le don des paroles de demande de pardon, l’acceptation du repentir, et la promesse de guidance tenue à Adam et à son épouse après leur glissade du paradis perdu : « Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir. Il est, certes, Celui qui accepte le repentir (de son serviteur), le Miséricordieux. Nous dîmes : « Descendez d’ici, vous tous ! Toutes les fois que Je vous enverrai une guidance, ceux qui suivront Ma guidance n’auront rien à craindre et ne seront point affligés ». (Coran, 2 : 37-38) ; « Puis, si jamais une guidance vous vient de Ma part, quiconque suit Ma guidance ne s’égarera ni ne sera malheureux. Et quiconque se détourne de Mon Rappel, mènera certes, une vie pleine de gêne, et le Jour de la Résurrection Nous l’amènerons aveugle au rassemblement ». Il dira : « Ô mon Seigneur, pourquoi m’as-Tu amené aveugle alors qu’auparavant je voyais? » [Allah lui] dira : « De même que Nos Signes t’étaient venus et que tu les as oubliés, ainsi aujourd’hui tu es oublié ». (Coran, 123-126).

L’enjeu n’est pas de savoir sur quel arbre portait l’interdit ni quelles parties en ont été consommées mais ce qu’il représente, à savoir, la limite et la frontière à ne pas franchir au risque de s’égarer en nous assignant de vaines ambitions

Examinons de plus près ce qu’il se passe au paradis perdu, à la lumière du Coran, pour comprendre comment les récits y afférents constituent un éclairage capital sur les sources véritables de la ruine de l’être humain. Iblîs banni de la miséricorde de Dieu après s’être révolté par orgueil et refuser de se prosterner devant Adam, donc de reconnaître que celui-ci est le nouveau dépositaire du Califat, est lui aussi au paradis primordial. Dans ce paradis, Adam reçoit des recommandations de Dieu, une sorte de code de conduite qui inclue de ne jamais oublier qu’Iblîs est son ennemi implacable qui a pour seul but de provoquer sa ruine : « Alors Nous dîmes : “Ô Adam, celui-là est vraiment un ennemi pour toi et ton épouse. Prenez garde qu’il ne vous fasse sortir du Paradis, car alors tu seras malheureux” ». Comment Satan procède-t-il pour égarer le premier couple humain à la lumière de ce que nous enseignent les récits coraniques susmentionnés ? Les mots-clés des stratagèmes de Satan sont : prétention, séduction, fausse promesse, imposture, illusion et sournoiserie. En effet, Iblîs qui prétend connaitre ce qu’il manque au premier couple humain trouble la vie tranquille de celui-ci en suscitant chez lui un désir de quelque chose qu’il n’avait pas imaginée de son propre chef. En face, les mots-clés de la glissade du premier couple sont : naïveté, oubli et désir. Selon certains exégètes, ce n’est pas à la première tentative d’Iblîs que le couple va céder. Ce dernier répète ses assauts avec un contenu renouvelé mais toujours trompeur. S’y ajoute qu’il se dit de bonne foi et jure pour se faire croire.

Le complexe de la démesure et la crise environnementale

A signaler l’ouvrage du regretté Maurice Gloton à paraître prochainement « L’écologie ou l’harmonie universelle ».

Adam et son épouse tombent dans la naïveté en ce qu’ils font confiance finalement aux « bons conseils » d’Iblîs. En tendant l’oreille à Iblîs, ils ont oublié deux recommandations cruciales qui avaient pour but, de la part de Dieu, de les protéger de l’égarement, à savoir que : Iblis est un ennemi implacable pour eux et par conséquent ne peut leur souhaiter du bien. Il leur tient, c’est de bonne guerre, de fausses promesses. Tout se joue donc à ce moment où le premier couple humain, par manque de vigilance, prend Iblis pour ami et bon conseiller. Iblîs n’a pas caché son animosité envers Adam. En effet, c’est par une posture de défiance qu’il promet devant Dieu de pousser Adam et sa descendance à être des ingrats envers Lui et à se détourner du droit chemin (sirâtal mustaqîm). Par contre, à la créature qu’est Adam, il peut et il cache son projet maléfique de le faire expulser du Paradis. Donc, seule l’observance stricte des recommandations de Dieu, même sans avoir au préalable une connaissance détaillée des conséquences d’une transgression, pouvait préserver Adam et son épouse d’une glissade fatale. L’autre oubli porte sur la perte du Paradis. Le couple ne semble pas avoir pris toute la mesure de la vie pénible qui les attend en dehors du Paradis alors que tel est le projet caché d’Iblîs ce vrai faux ami : « Alors Nous dîmes : ‘Ô Adam, celui-là est vraiment un ennemi pour toi et ton épouse. Prenez garde qu’il vous fasse sortir du Paradis, car alors tu seras malheureux’. » Un autre enseignement capital de ces récits est que, par son murmure mielleux et trompeur, Iblîs suscite chez le premier couple humain le désir de démesure. Iblîs semble faire un ciblage dans la mise en œuvre de son stratagème : il fait miroiter à Adam seulement, une chose qui relève du pouvoir (une royauté impérissable) alors qu’il incite les deux (Adam et son épouse), à désirer des choses qui relèvent du rapport au temps (immortalité) et à leur nature en tant que telle (se muer en ange). Iblîs introduit pourrait-on dire, une sorte de complexe de « l’être-moindre » et de « l’être-mortel » chez Adam, le mâle, en lui faisant croire que la transgression qui passe par l’accès à l’arbre interdit va les en affranchir. Sont déjà là, les prémisses de la croyance en l’homme maitre et possesseur de la nature à jamais. C’est dire qu’il fait croire à Adam qu’il lui suffit juste d’avoir l’audace de transgresser l’interdit pour être plus que ce qu’il est. Iblîs va aussi introduire chez Adam et son épouse, les complexes de « l’être-mortel » et de « l’être-humain ». Quand Adam succombe au désir de puissance, et lorsque lui et son épouse cèdent aux désirs de vivre sans mourir et de devenir autre qu’humains, ils commettent la faute tant attendue par Iblîs et que Dieu a tant voulu leur faire éviter. Il n’est pas exagéré de penser que ces récits coraniques du paradis perdu suite à la glissade du premier couple humain préfigurent une sorte de complexe de démesure qui a beaucoup à voir et à nous apprendre sur la crise environnementale. Un autre enseignement de ces récits coraniques est qu’Iblîs est appelé par Dieu, dans le Coran, le marchand d’illusion, grand trompeur, foncièrement suborneur (al gharûr) : « La promesse d´Allah est vérité. Que la vie présente ne vous trompe donc pas, et que le Trompeur (Satan) ne vous induise pas en erreur sur Allah ! » (Coran 31 : 33).

La condition d’un vrai bonheur à hauteur de l’Homme réside dans la liberté de se donner des limites, de pouvoir renoncer au superflu, à toute forme d’excès et d’opter pour la frugalité et la mesure (…) Il y a là toute une pédagogie de l’interdit ou du renoncement librement consenti qui devient source de liberté et de quiétude et non d’asservissement ou de limitation du potentiel humain

Cela ne lui donne pas pour autant la possibilité d’une emprise directe sur Adam et son épouse. Il ne peut annihiler ni le libre arbitre de ces deux premiers êtres humains ni celui de leur descendance. Il peut juste susciter chez l’individu un désir qui, non contenu, finit par gouverner son « Nafs » (âme charnelle) et le mobiliser vers la recherche vaine de ce qu’il ne peut ni être ni posséder : « Satan dira lorsque tout sera accompli : ‘Certes, Allah vous a fait une promesse de vérité et moi aussi je vous ai fait une promesse, mais je vous ai trompés. Je n’avais aucun pouvoir sur vous, sauf de vous appeler et vous m’avez répondu. Ne me blâmez pas ! Adressez vos blâmes à vous-mêmes ! Je ne puis vous porter secours et vous ne pouvez le faire pour moi… » (Coran 14 : 22). L’enjeu n’est pas de savoir sur quel arbre portait l’interdit ni quelles parties en ont été consommées mais ce qu’il représente, à savoir, la limite et la frontière à ne pas franchir au risque de s’égarer en mentant à notre nature d’humain et en nous assignant de vaines ambitions. Et si les ambitions d’être plus, immortel et autre sont hors de portée, à quoi servent alors tous les moyens du monde conçus et mobilisés pour soi-disant les rendre effectives consciemment ou non ?

Une pédagogie de l’interdit ou du renoncement librement consenti

Il se trouve que c’est cet enjeu qui traverse le destin en entier de l’homme et qui cristallise tous les dangers auxquels il s’exposera et tous les drames dont il sera l’agent lors de son séjour sur terre. Avant la transgression de l’arbre interdit auquel Iblîs, pour les besoins de son projet maléfique, va faussement donner le pouvoir de faire d’Adam et de son épouse ce qui a été discuté plus haut, c’est donc le bonheur qui est attendu. Mais, après avoir passionnément voulu être immortel, puissant et d’une nature autre qu’humaine, c’est la désillusion qui est récoltée par le premier couple humain. Iblîs a menti et trompé nos deux parents aussi bien sur son statut de soi-disant « bon conseiller » que sur les pouvoirs extraordinaires qu’il a faussement attribués à l’arbre interdit. Iblîs trompe Adam et son épouse en leur faisant la fausse promesse du bonheur après l’acte de transgression alors que le Coran associe le salut de l’humain à sa capacité de se donner librement des limites. D’ailleurs, dès que le couple consomme quelque chose de l’arbre interdit, le Coran dit seulement « Ils en mangèrent », Iblîs disparaît de la scène et les abandonne à leur solitude. Il n’a plus de bons conseils à leur donner ! Toutefois, il ne faut pas voir dans ces récits du Coran que les origines de la chute du premier couple humain. On y voit aussi que toute glissade peut être infléchie : « Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir ». En effet, l’homme peut se donner une nouvelle espérance à travers l’humilité qui pousse à la reconnaissance de la faute non pas contre Dieu mais contre soi-même, contre sa propre nature humaine et le repentir qui est un engagement de changer de comportement pour le meilleur : « Seigneur ! Nous nous sommes fait du tort à nous-mêmes. Et si Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde, nous serons très certainement du nombre des perdants. » (Coran 7 : 23) Ces récits coraniques nous enseignent que la condition d’un vrai bonheur à hauteur de l’Homme réside dans la liberté de se donner des limites, de pouvoir renoncer au superflu, à toute forme d’excès et d’opter pour la frugalité et la mesure. Il est bon de s’arrêter un instant sur la sanction de la transgression au paradis perdu pour la comparer avec ce qui se passera après. Selon les récits coraniques, en mangeant quelque chose de l’arbre interdit d’accès, le couple ne fait tort qu’à lui-même. Il y a là toute une pédagogie de l’interdit ou du renoncement librement consenti qui devient source de liberté et de quiétude et non d’asservissement ou de limitation du potentiel humain. De quelle liberté parle-t-on s’il est dit que rien ne peut plus être arrêté ou changé parce-que le « système » enjoint de continuer, même jusqu’à être son propre fossoyeur ? A coup sûr, il y a dans ces récits du paradis perdu, un enseignement capital à méditer longuement et profondément sur la dialectique entre liberté et responsabilité. Si l’homme veut tout maîtriser sauf lui-même, il se fera tort inexorablement. S’il veut assumer pleinement sa liberté tout en oubliant les limites à lui fixer, il va inexorablement à la ruine.

Ahmadou Makhtar Kanté

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