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ʿAmmar Ibn Yasir, une fidélité à toute épreuve

Sur Mizane.info, suite des portraits des figures fondatrices de l’islam avec l’histoire de ‘Ammar Ibn Yasir. Sa famille fut la première famille de la Mecque à avoir accepter l’Islam et elle en paya le prix fort. Cette épreuve forgea ‘Ammar qui fut un compagnon fidèle aux gens de la maison prophétique. De la bataille de Badr et jusqu’à celle de Siffin, il fut un ardent défenseur de la Justice.

Son nom est ʿAmmar Ibn Yasir Ibn ‘Amir Ibn Malik Ibn Kinana Ibn Qays. Son surnom (kunya) officiel fut Abu al-Yaqdhan. Il est l’un des premiers mecquois à embrasser l’Islam. Il y invita ses parents Yasir et Sumayya qui adoptèrent la nouvelle religion. Il figure parmi les sept premiers musulmans à avoir professé ouvertement leur foi. Ammar eu deux frères : Huraib et ‘Abdullah. Ce dernier accepta aussi l’Islam.

Son père Yasir Ibn Amir était originaire du Yémen. Il séjourna à la Mecque à la recherche d’un frère disparu puis s’y installa sous la protection d’Abu Hudhayfa Ibn al-Mughira, chef alors de la tribu des Banû Makhzum. Par la suite, il épousa Sumayya Bint Khayat, une esclave appartenant à son protecteur mecquois. Et de ce mariage, les deux époux eurent ‘Ammar. 

Selon les historiens, ‘Ammar ibn Yassir est né aux alentours de l’an 570 de notre ère, environ un an avant la naissance du prophète . Peu de temps après les premières révélations, Mohammed commença à inviter sa famille et ses proche à l’islam, Ammar entendit le Coran à la maison d’Al-Arqam où le prophète  prêchait en secret puis se convertit. 

« Patience, Ô famille de Yasir »

Les parents de ’Ammar, Yassir et Sumayya, se convertirent également à l’islam le même jour que leur fils en raison d’un rêve que Yassir avait fait la nuit précédente. Le père avait rêvé que son épouse et son fils l’appelaient d’une vallée, au loin, et qu’eux et lui étaient séparés par un feu. La famille de Yassir est la première famille de la Mecque à avoir accepter l’Islam. 

Etant donné qu’ils avaient été des musulmans de la première heure, de surcroit sans protection, ils durent tous les trois subir les pires sévices de la part des Qoraychites, en particulier des Banu Makhzum. Un homme de cette tribu, du nom d’Abu Jahl, était connu comme l’un des pires tortionnaires : il forçait des esclaves à marcher sur des charbons ardents, il les ligotait sous le soleil brûlant ou encore empilait de grosses pierres sur leur poitrine. 

Ainsi la famille toute entière d’Ammar fut torturée pour sa foi. Le Messager , impuissant à l’époque, allait chaque jour leur rendre visite et les encourageait à la patience par ces mots : « Patience, Ô famille de Yasir, votre rendez-vous est le Paradis…».

Image reconstituée de la Mecque

La mère d’Ammar, Sumayya, était une fidèle fervente de la nouvelle communauté musulmane, malgré les sévices. Un jour, dans un excès de rage, Abou Jahl planta une lance dans sa poitrine ; elle décéda quasi instantanément. Elle fut ainsi la première martyre de l’islam. Par la suite, Abou Jahl et ses acolytes torturèrent et tuèrent Yassir, le père d’Ammar puis son frère, ‘Abdullah.  ‘Ammar était effondré. 

Tortures et migrations

ʿAmmar fut tellement torturé qu’il consentit, sous la contrainte, à désavouer le prophète Muhammad et renoncer à sa foi. C’est alors qu’Abou Jahl le relâcha. Une fois libéré, ‘Ammar partit en pleurs voir le Prophète en lui disant qu’il avait dû trahir sa religion. Le Prophète lui demanda alors : « Comment était ton cœur quand tu as désavoué ta religion ? », ʿAmmar répondit : « Il était plein de sérénité dans sa foi ».

Le Prophète lui dit ensuite : « S’ils te torturent à nouveau, désavoue ta religion à nouveau ». Une anecdote significative afin de nous enseigner qu’un désaveu arraché sous la torture ne compromet pas la foi du musulman. C’est dans ce contexte que Dieu révéla ce verset, reçu comme une consolation pour les musulmans éprouvés :

{Quiconque a renié Dieu après avoir cru… – sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi – mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à la négation, ceux-là ont sur eux une colère de Dieu et ils ont un châtiment terrible.} S.16 – V.106

‘Ammar émigra une première fois, par la suite, en Ethiopie avec les musulmans ayant fui la persécution des mecquois. Puis, il émigra, une seconde fois, à Médine avec toute la communauté. A Médine, ‘Ammar apporta une forte contribution à la construction de la première mosquée au point où le Prophète remarqua, tandis que les autres hommes transportaient une brique à la fois, que ‘Ammar en transportait deux. Il lui dit alors : « Ils recevront une récompense, tandis que toi, ‘Ammar, tu en recevras deux. ». 

Soldats de l’armée musulmane

Soldat de l’armée musulmane et gouverneur de Koufa

‘Ammar Ibn Yasir participa à toutes les expéditions menées par le Messager (Badr, Uhud, Tabūk…), ainsi qu’à toutes les autres par la suite. Quand Abou Jahl fut tué dans la bataille de Badr, le Prophète se tourna vers ‘Ammar et lui déclara : « Le meurtrier de ta mère est mort ». Il participa également à la bataille de Yamâma contre Musaylama le menteur où il perdit une oreille.  

Après la disparition du Messager de Dieu, ‘Ammar ne délaissa pas les rangs de l’armée musulmane notamment contre les Perses et les Byzantins. Sous le califat de ‘Umar, il fut désigné, par celui-ci, gouverneur pour la région de Koufa en Irak. Dans une lettre envoyée aux habitants d’al-Koufa, Omar souligna : « Je vous envoie ‘Ammar Ibn Yasir en tant qu’émir et Ibn Mas’ud en tant qu’enseignant et vizir. Ce sont parmi les honorables, des compagnons de Mohammad ayant combattu à Badr ».

‘Ammar Ibn Yasir s’opposa toutefois à plusieurs décisions du troisième calife ‘Uthman Ibn ‘Affan. Il fit publiquement part de sa désapprobation quant à la gestion du « Bayt-ul mal » (Trésor public) ainsi qu’aux désignations politiques de personnalités du clan des ‘Umayyades en sus et place des grands compagnons du Prophète . Violemment frappé sur ordre de ‘Uthman, ‘Ammar jouera un rôle croissant dans la contestation politique contre le troisième calife.

Une des épées de ‘Ammar Ibn Yasir, exposée en Turquie

Un sacrifice au nom de la Justice

Durant le califat de ‘Ali Ibn Abi Talib, face à la scission entre lui et le gouverneur de la Syrie, Muawiya Ibn Abi Sufian, ‘Ammar se rangea sans faillir du côté du quatrième calife. Patriarche de la chevalerie musulmane, il lutta au côté de l’Imam ‘Ali dans la bataille du Chameau et plus tard dans la bataille de Siffin en l’an 87 de l’hégire. 

Il était âgé de quatre-vingt treize ans, lorsqu’il fut tué sur-le-champ de bataille par les soldats de Muawiya, donnant alors crédit à la parole du Prophète : « Ammar sera tué par le groupe injuste ». En effet, une multitude de traditions prophétiques annoncent que ʿAmmar « sera tué par la faction rebelle », or il fut tué aux côtés de ʿAli par la faction menée par Muawiya Ibn Abi Sufian.

‘Ammar Ibn Yasir lutta ainsi sous les ordres du Prophète , puis ceux des califes « bien-guidés », de Badr jusque dans la dernière bataille de Siffin en tant que commandant de l’armée de ‘Ali Ibn Abi Talib. Il fut enterré sur place à proximité de la ville de Raqqa, en Syrie. ‘Ammar fut honoré, de son vivant, pour sa patience et son dévouement à l’Islam. Il fut ensuite pleuré et révéré, à sa mort, pour son sacrifice et sa défense sans faille de la vérité et de la justice.

Autres portraits de compagnons à lire :

Abou Bakr As-Siddiq, le « deuxième des deux »

‘Ali Ibn Abi Talib, l’étendard de la maison prophétique

Bilal Ibn Rabah, héraut éternel de la communion musulmane

‘Uthman Ibn ‘Affan, l’homme aux deux lumières

Eloges et mérites de ‘Ammar Ibn Yasir

Plusieurs traditions prophétiques mentionnent les mérites de ce noble compagnon. Le Prophète décrivait ‘Ammar comme un homme « rempli de foi jusqu’à la cime de ses cheveux ». Dans un autre récit, le messager de Dieu disait : « suivez l’exemple de mes Successeurs Abu Bakr et ʿUmar, et imitez le bon comportement de ʿAmmar », signe de sa considération immense.

‘Ammar Ibn Yasir rapporta également, lui-même, des enseignements importants du Prophète et pas des moindres puisqu’il rapporta notamment le récit prophétique décrivant les ablutions sèches (tayammum) dont voici le contenu :

« Un homme est venu chez ‘Umar ibn Al-Khattab et déclara : « Je suis devenu impur [pour accomplir la prière] et il n’y avait plus d’eau disponible. » ‘Ammar ibn Yassir dit alors à ‘Umar: « Te souviens-tu que toi et moi sommes devenus impurs pendant que nous étions ensemble en voyage ? Que tu n’as pas prié alors que moi je me suis roulé sur le sol et que j’ai prié ? J’ai informé le Prophète à ce sujet et il a dit : Cela aurait été suffisant pour toi de faire comme ceci : Le Prophète a alors caressé légèrement la terre avec ses mains, a chassé l’excès de poussière qui s’y était accumulé puis a passé ses mains sur son visage. »

La mère des Croyants Aïsha rapporta également qu’à chaque fois que ʿAmmar eut le choix, entre deux alternatives, « il choisissait la plus aisée ». Enfin dans une autre tradition, rapportée par Anas Ibn Malik, le Prophète stipula : « Il y a certes trois personnes que le paradis attend : ‘Ali, ‘Ammar et Salman ».

Ibrahim Madras

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