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Sri Lanka : douleurs et questionnements

Coucher de soleil au Sri Lanka. 

Le bilan des attaques meurtrières qui ont frappé l’île du Sri Lanka dimanche 21 avril ne cesse de s’alourdir. Au moins 310 morts et 500 blessés. Quatre hôtels de luxe et trois églises où étaient célébrées la Messe de Pâques ont été ciblés par une opération terroriste de grande ampleur inédite sur le territoire insulaire. De tous les pays, les condamnations et les messages de soutien affluent vers Colombo, capitale du Sri Lanka.

Viser des fidèles en pleine prière est une chose difficilement concevable et compréhensible. Quoi de plus lâche et de plus cruel ! La douleur et la consternation sont partagées par tous.  Les Sri Lankais font leur deuil et des quatre coins du monde, une communion silencieuse se déroule loin des écrans médiatiques.

Dans cette épreuve douloureuse, notre soutien aux chrétiens est total. De la Nouvelle-Zélande aux pays exsangues du Moyen-Orient jusqu’au Sri Lanka ensanglanté, une même bannière unit dorénavant les opprimés victimes de la cruauté et de la fureur criminelle, d’où qu’elle vienne.

Les croyants ne partagent plus seulement une proximité spirituelle mais aussi une condition commune, plus qu’humaine car cette condition fonde et transcendent leur humanité.

Dans la douleur et le recueillement, les croyants de toute tradition se retrouvent sur une route difficile où leur foi et leur orientation religieuse les désignent aujourd’hui comme des cibles par des fauteurs de haine et des semeurs de désolation.

Le temps nécessaire du questionnement

Mais après la douleur vient le temps du questionnement. Au vu des informations dont nous disposons à l’heure présente, ces attaques sont encore confuses. Qui les a commises ?

Tous les soupçons et les accusations de la police sri-lankaise se portent actuellement sur un mouvement local présenté comme islamiste et répondant au nom de National Thowheeth Jama’ath. Un mouvement qui n’a toujours pas revendiqué ces attaques, qui n’est pas connu des spécialistes et qui de l’aveu même des autorités n’a pas les moyens d’une telle opération.

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C’est l’avis de Alan Keenan, directeur de projet pour l’ONG International Crisis Group et analyste spécialisé sur le Sri Lanka, d’où il vient de se rendre.

« Personnellement, je n’ai jamais entendu parler de ce groupe », dit-il dans les colonnes de Libération, évoquant une possible piste salafiste mais sans lien avec la politique interne du Sri Lanka.

« Je suis de plus en plus convaincu que ces attaques n’ont pas de lien direct avec d’anciens conflits internes au Sri Lanka. S’il s’avère que ces attaques sont le fait de groupes d’islamistes, cela pourrait indiquer que ces activistes s’inscrivent plus globalement dans une idéologie peut être salafiste. Ils agiraient alors au Sri Lanka, mais sans lien particulier avec des événements, conflits ou dynamiques anciennes. »

Pour le porte-parole du gouvernement sri-lankais, l’action a été pilotée de l’étranger. « Nous ne pensons pas que ces attaques ont été commises par un groupe de personnes cantonnées à ce pays », a déclaré Rajitha Senaratne. « Il y a un réseau international sans lequel ces attaques n’auraient pas pu réussir », a-t-il ajouté, cité par Le Monde.

L’importance des moyens mobilisés renforce cette thèse. La police a par ailleurs découvert 87 détonateurs de bombes dans une gare de bus de Colombo.

Le choix des cibles de l’attaque est tout aussi obscure. Les chrétiens de l’île ne représentent que 7 % de ses 21 millions d’habitants. Les relations interreligieuses entre les deux communautés chrétiennes et musulmanes sri-lankaises étaient bonnes, selon Delon Madavan, chercheur associé au Centre d’études sur l’Inde et l’Asie du Sud (CEIAS – EHESS/CNRS) de Paris.

La piste d’une attaque à visée économique

On pourrait penser que l’objectif de ces attaques étaient précisément d’y mettre un terme. Sauf que les tensions religieuses étaient plutôt focalisées sur des groupes bouddhistes extrémistes qui visaient des églises et des mosquées. Or, ce ne sont pas des temples bouddhistes qui ont été pris pour cible.

Autre élément à ne pas perdre de vue : la dimension économique de l’attaque. Quatre grands hôtels ont été attaqués. Selon Delon Madavan, les Chinois ont investi beaucoup d’argent sur une partie de ces hôtels avec l’ambition de faire du Sri Lanka un nouveau Singapour ou Dubaï en matière de tourisme.

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La police sri lankaise estime que l’Etat était aussi visé à travers des projets d’attentats sur l’aéroport international. Une cible qui renforce tout autant la piste d’une motivation économique, l’aéroport étant le nerf financier du Sri Lanka.

Autant d’interrogations qui s’accumulent et qui nécessiteront du temps pour y répondre, l’enquête étant à peine ouverte. Une quarantaine de personnes ont déjà été arrêtées.

Soulignons également que le National Thowheeth Jama’ath avait, toujours selon Le Monde, fait l’objet, il y a onze jours, d’une alerte diffusée aux services de police, selon laquelle le mouvement préparait des attentats contre des églises et l’ambassade d’Inde à Colombo. Ces informations étaient basées sur un signalement d’« une agence de renseignement étrangère ».

L’état d’urgence et un couvre-feu ont été décrétés.

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