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Au Sénat, les sorties scolaires pour les mères voilées, c’est fini !

Un amendement déposé par Les Républicains, défendant l’interdiction du port du voile pour les mamans accompagnant les enfants aux sorties scolaires, a été adopté, ouvrant d’ores et déjà la voie à une nouvelle législation d’état islamophobe. Le billet de la rédaction.  

La liberté de conscience déclarée persona non grata en France ! Après la loi du 15 mars 2004 interdisant le voile aux collégiennes et lycéennes, après la réglementation interdisant l’abattage rituel, après les fermetures de mosquées dans la lignée de l’état d’urgence, la question de savoir si les mamans musulmanes portant un voile ont le droit, comme les autres êtres humains, d’accompagner leurs enfants, et pire, les enfants des autres, a été reposée au Sénat.

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Chaque époque à ses propres questions et ses propres démons. Les Indiens d’Amérique avaient-ils une âme ? Cet édifice sénatorial dont beaucoup s’interroge sur son utilité, jadis qualifié de maison de retraite la mieux de payée de France (sur nos impôts), a donc adopté l’amendement déposé par Les Républicains.

Le Molière de l’indignité

Pour les sénateurs, les mères voilées n’ont pas le droit d’exister publiquement. Elles n’ont à vrai dire aucun droit. Leur crime est d’exister, crime impardonnable.

Pour la centriste Sylvie Goy-Chavent, porter un « signe religieux ostentatoire » (langage codée désignant le voile) « rompt avec l’harmonie entre les Français, quelle que soit leur origine, parce que ça choque en réalité. Notre rôle n’est de pas d’autoriser par la loi ce qui alimente cette rupture d’harmonie et alimente les haines ».

Flambée des discours islamophobes, rhétorique permanente du bouc émissaire, prise en otage de la communauté musulmane à chaque affaire réelle ou montée de toutes pièces, les conséquences politiques de la désaffection du pouvoir par les citoyens français de confession musulmane ne cesse de s’élargir et de s’alourdir.

Comme quoi, la méditation de pleine conscience nationale et le yoga électoral peuvent faire fi de toute conscience morale la plus élémentaire, tant que « l’harmonie » de la Voie républicaine est préservée.

Que doit-on penser de cet éternel retour de l’islamophobie politique des élus de la République ? Nouveau stratagème à l’approche des européennes ? Bien sûr, la manœuvre est grossière.

A lire également : «Les femmes se mobilisent sur l’islamophobie car elles ont conscience d’être ciblées»

Mais au-delà de cette tactique politique, la France est-elle consciente d’avoir liquidé depuis trois décennies la liberté de conscience de son édifice juridique, et plus grave, de l’esprit de ses institutions ? La liberté de conscience garantit la liberté religieuse, la liberté de culte et la liberté d’exprimer publiquement ses convictions religieuses.

La laïcité juridique confirme et garantit cette liberté.

La désaffection politique des musulmans français

Or, depuis trois décennies, la France a liquidé sa laïcité. Personne ne peut le contester. Pourquoi alors si peu de citoyens en ont-ils conscience ? Parce qu’il faut être musulman pour le savoir. La liquidation de la liberté de conscience ne vise plus aujourd’hui les catholiques, dans un pays lui-même de culture et d’histoire catholique marqué par la sécularisation et la désaffection des églises.

La liquidation de la liberté de conscience ne vise pas les juifs, minorité qui a déjà fait les frais de la répression vichyste et qui jouit à présent d’une judéophilie d’état qui n’est que l’autre face de l’ancienne judéophobie.

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Non, la liquidation de la liberté de conscience en France, pays dont les élites ne comprennent plus la religion, est un phénomène caché dont les musulmans auront eu le privilège de dévoiler l’ampleur, par leur attachement à la religion et par leur visibilité, si tant est qu’ils le fassent réellement.

Nous arrivons à l’un des autres phénomènes que souligne, plus qu’elle ne le dévoile, cette nouvelle offensive islamophobe. L’absence de poids politique des Français de confession musulmane. Leur inexistence politique, serait-on enclins à confesser.

Il faudra bien accepter la complexité de notre situation et il faudra bien aussi, tôt ou tard, que les citoyens de confession musulmane relèvent la tête et cesse d’alimenter le discours victimaire en prenant leurs responsabilités par un passage à l’action politique responsable. Les lois ne se votent pas sur les réseaux sociaux.

Après trois décennies marquées par la Marche, sans lendemain, pour l’égalité, le système politique des partis a su admirablement jouer son rôle de filtrage, notamment à gauche. Pas d’élus de la diversité (autre langage codé désignant les Noirs et les Arabes) à la tête de l’édifice partisan.

En bas, même constat. L’abstentionnisme est le plus élevé chez les Français issus de l’immigration (langage signifiant Français non encore symboliquement absorbés et acceptés dans l’imaginaire collectif). Ces divers paramètres ont produit une situation déplorable sur le plan politique.

Se réapproprier son destin politique

Flambée des discours islamophobes, rhétorique permanente du bouc émissaire, prise en otage de la communauté musulmane à chaque affaire réelle ou montée de toutes pièces, les conséquences politiques de la désaffection du pouvoir par les citoyens français de confession musulmane ne cesse de s’élargir et de s’alourdir.

Des Renaud Camus et Eric Zemmour se présentent sur des listes européennes ou sont invités à le faire ? L’usure le dispute à la fatalité, au vu de l’inertie des réactions.

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Renaud Camus.

Si l’élection possède des vices manifestes et offre à la nouvelle bourgeoisie oligarque les instruments d’une suprématie politico-économico-symbolique, il faudra rester attentif au fait qu’elle demeure, en attendant mieux, l’un des seuls leviers d’action collective dans les mains du citoyen.

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Oui, la banque et les réseaux d’affaires gouvernent la France. Oui, ces réseaux manœuvrent l’opinion comme il se doit et selon le sens de ses intérêts. Oui, la démocratie intégrale est un mythe à usage politique et l’élection n’est pas ce qu’elle devrait être.

Mais au-delà de tous ces défauts, il faudra bien accepter la complexité de notre situation et il faudra bien aussi, tôt ou tard, que les citoyens de confession musulmane relèvent la tête et cesse d’alimenter le discours victimaire en prenant leurs responsabilités par un passage à l’action politique responsable. Les lois ne se votent pas sur les réseaux sociaux.

Un engagement local pour une nouvelle France qui intègrent symboliquement et physiquement ses nouvelles générations et tirent profit des anciennes est nécessairement à bâtir.

Pour y parvenir, une culture de la discussion fondée sur une éthique de la divergence qui ne soit pas superficielle, prenant en compte l’éclatement et l’atomisation des parcours et des convictions, un sens aigu des réalités et une culture de l’action collective qui déborde la sectorisation identitaire, doivent être revivifiées et alimentées.

L’hyper-individualisme de la génération smartphone et des réseaux sociaux ne fait que nourrir le pouvoir oligarchique des élites économiques.

Les mamans invitées à mettre les voiles

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Jean-Michel Blanquer.

Pour revenir à nos moutons noirs, l’amendement LR interdisant les sorties scolaires aux mamans voilées ne sera adopté définitivement qu’à son retour à l’Assemblée nationale.

Contrairement à ce qui est dit dans les articles de presse, rien ne garantit que le ministre de l’éducation Blanquer et la majorité qu’il réunit ne vote pas cet amendement.

Macron est en difficulté et l’islamophobie est un sport national. Rien de tel qu’un bon bain de jouvence politique pour se mettre au vert en période de jaunisse. La désaffection politique des musulmans fait d’eux une éternelle variable d’ajustement pour le pouvoir. Ce qui les condamne fatalement à la posture réactionnaire permanente.

La prestation lamentable de Blanquer faisant preuve de compréhension mais expliquant que cet amendement poserait des problèmes d’application pratique (mais aucun problème éthique, juridique ou politique) en est la preuve.

L’homme fera donc « tout ce qui est dans (son) pouvoir pour avoir une plus grande convergence entre les parents et l’école, (…) et que sur le terrain, nous ayons des sorties scolaires avec des parents qui n’ont pas de signe ostentatoire ».

Comprenez : à faire que les mamans pratiquantes mettent les voiles hors de l’espace public.

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