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Aïcha Abderrahmane, théologienne et exégète du Coran

Mizane.info publie un article de présentation de la vie et de l’œuvre de la trop méconnue théologienne égyptienne Aïcha Abderrahmane, auteur d’une célèbre exégèse du Coran publiée en 1962. Un article signé Mouhib Jaroui.

Portrait de Aïcha Abderrahmane.

Aïcha Abderrahmane est une théologienne égyptienne, née en 1913 et morte en 1998.

Elle est muhaqqiqa de la tradition littéraire et musulmane, exégète du Coran, journaliste et femme de lettres distinguée par plusieurs titres honorifiques.

Elle enseigna l’exégèse dans quelques pays, notamment au Maroc à l’université de sciences islamiques à Qarawiyyine pendant plusieurs années.

Elle écrit dans son excellent roman autobiographique (’Alâ al-jisr, bayna al-hayât wa al-mawt) qu’elle a grandi dans un environnement religieux. Son père, figure intransigeante, était un savant soufi azharite et enseignait les sciences islamiques, sa mère était de la lignée d’un Cheikh Al-Azhar (Chaykh Damhoujî), elle était entourée de mausolées et autres symboles de la spiritualité.

Dès l’âge de cinq ans, elle commença à suivre les cours en sciences islamiques dans les Kuttâb selon la méthode traditionnelle d’al-azhar, tantôt par des chuyoukh détachés dans les villages, tantôt auprès de son père.

Les cours étaient intenses, « six jours sur sept, du lever du soleil jusqu’à la prière du ’Asr ! », avec des chuyûkh intransigeants, écrit-elle, pendant que ses amies avaient le loisir et la liberté de s’amuser.

Elle apprit le Coran, le hadith, les sciences pointues de la langue arabe, la poésie et les chansons soufies.

A l’âge de 7 à 8 ans, alors qu’elle croisait la route de ses amies portant des uniformes et affaires scolaires attrayants, elle eut l’envie de fréquenter leur école pour filles.

Lorsqu’elle formula cette volonté à son père, « c’est comme si j’avais prononcé une mécréance ! », écrit-elle dans son autobiographie.

En effet, la réponse de son père était que « les filles des chuyûkh et savants n’ont pas à fréquenter ces écoles corrompues et corruptrices, mais apprennent chez elles ».

Suite à cela, elle commença à se replier sur elle-même, préoccupant sa mère de son état. Celle-ci demanda alors à son grand père conseils et intervention.

Le père de Aïcha finit par céder face à l’insistance du grand père mais à trois conditions : d’abord, qu’il ne soit lui-même impliqué dans aucune démarche administrative à l’école, ni de près, ni de loin. Ensuite, qu’elle poursuive en même temps ses cours religieux à la maison.

Enfin, qu’elle cesse définitivement de se rendre à cette école dès l’âge de la puberté (à l’âge de 10 ans). Tellement heureuse, Aïcha s’investit davantage dans ses cours théologiques à la maison pour ne pas faire changer d’avis à son père, et après tout, la nouvelle école ne lui demandait pas beaucoup d’efforts.

Les devoirs et exercices étaient « un jeu d’enfants », écrit-elle. Elle ne comprenait pas pourquoi ses camarades, sa maîtresse, y compris l’inspecteur, étaient subjugués par son niveau jugé exceptionnel, car dans son Kuttâb ainsi que dans l’institut de son père, plusieurs de ses camarades lui font la « compétition » dans l’apprentissage et la récitation du Coran.

Arrivée à l’âge dix ans, sa mère et son grand père ont dû intervenir pour qu’elle poursuive ses études, non sans difficultés posées par son père, encore une fois, car elle dut s’abstenir de manger pour arriver à ses fins. Elle réussit tous ses examens, toujours au premier classement de sa promotion.

Lorsqu’elle passa son certificat d’étude pour devenir enseignante, le jury l’interrogea sur le Coran, elle récita les sourates « Annour » et « Annisa », sans aucune difficulté, contrairement à ses concurrentes.

Et lorsque le jury lui demande ce qu’elle connaît de la poésie, elle lui répond : « vous voulez quelle époque ? ».

Surpris, ils lui demandent la Jahiliyya, elle récite alors la mu’allaqa de Turfa et un autre poème de Muhalhil.

Le jury, impressionné, veut savoir jusqu’où peut-elle aller, il l’interroge sur l’époque islamique, elle se mit à réciter Ka’b Ibn Zouheir.

Et ainsi de suite jusqu’à « l’époque contemporaine », et à ce moment là elle leur demande : « de mes poèmes ou d’autres ? ».

Impressionnés, ils lui demandent ses propres poèmes. C’est alors qu’elle récite son poème exprimant la nostalgie de sa ville d’enfance « Dumyât ».

Il est important ici de rappeler ces compétences linguistiques car elles vont lui ouvrir les portes des études exégétiques, linguistiques ainsi que de la critique littéraire.

Précisons qu’elle écrira ensuite sur la célèbre poétesse Al-Khansâ, sur Zaynab (as) et autres figures féminines, et fera un tahqîq sur le géant de la littérature et poète Abou al-’Alâ al-Ma’arrî.

Elle gardera un profond respect pour son père malgré son intransigeance jugée excessive puisqu’elle écrira sous pseudonyme pour ne pas le décevoir : « Bintu Achâtè’ », c’est sous ce nom d’auteur qu’elle écrira dans les journaux, notamment sur la condition rurale des agriculteurs…comme pour rendre hommage à l’environnement de son enfance.

L’école de son professeur et mari Amîne Al-Khoulî

Pour faire vite, allons directement à ses années universitaires où elle connaîtra son fameux professeur dont tout le monde parlait, Chaykh Amine Al-Khoulî (m. 1966), plus vieux qu’elle de 18 ans mais qui deviendra son époux.

Cette section consacrée à ce théologien nous permettra de comprendre peut-être plus facilement la méthode d’exégèse suivie par son disciple et épouse Aïcha Abderrahmane, dans la section suivante.

En épigraphe de son exégèse, Aïcha Abderrahmane lui dédicace avec reconnaissance son travail : « À celui qui m’a enseigné cette méthode, notre professeur, notre imam, Amîne Al-Khoulî, dans nos consciences, nos cœurs, nos esprits »[1], et dans le deuxième volume, elle écrit : « au fondateur de cette méthode d’exégèse, notre professeur, l’imam Amine Al-Khoulî ».

Formé dans l’école de la magistrature, Amine Al-Khoulî n’a pas étudié à l’université d’al-azhar, mais y a enseigné notamment la philosophie[2].

Ses champs d’investigation portaient sur l’univers du langage, plus spécifiquement sur le style et le « goût » littératures ainsi que la rhétorique (Al-balâgha).

Il a appelé à libérer la balâgha du joug de la logique formelle et la lier à la vie existentielle de l’homme. C’est ainsi qu’il a conjugué l’analyse psychologique à la balâgha.

Suite à son retour des voyages dans les années 20 à Rome où il avait pris connaissance des travaux du Vatican et ensuite en Allemagne où il aurait très probablement découvert la méthode herméneutique[3], il a appelé à réformer l’université d’Al-azhar à travers ses articles dans les journaux.

Il était soucieux d’appliquer les données du savoir moderne au champ théologique. L’université n’a évidemment pas hésité à lui répondre avec fermeté…

A son retour d’Allemagne, il a publié son ouvrage « Kitâb Al-khayr », une série de conférences sur « l’histoire de la philosophie morale » en 1927.

Dans cet ouvrage, il embrasse la théorie de l’évolution darwinienne, croyant la retrouver dans le patrimoine philosophique musulman, théorie qu’il appliquera aux sciences du langage[4], puisqu’il s’intéressera tout particulièrement au « renouvellement » et à l’évolution de la rhétorique, du style littéraire, et plus généralement au patrimoine islamique[5].

Le renouvellement devrait, selon lui, concerner tous les champs de la théologie, y compris les actes cultuels et les dogmes (lire l’ouvrage d’Al-Khoulî, « Al-mujaddidûn fî al-islâm » où il montre que le renouvellement est consubstantiel à la pensée musulmane depuis plusieurs siècles).

Selon l’historien de la pensée musulmane et spécialiste de la philosophie, Abdeljabbâr Arrifâ’î, Amîne Al-Khoulî est le « premier herméneute en langue arabe »[6].

En effet, le lecteur est ici co-producteur du sens du texte avec l’auteur. Il parle de « i’jâz nafsî libalâghat al-qurân »[7] (=i’jâz psychologique de la rhétorique du Coran).

Cette approche sera appliquée à l’exégèse du Coran, à travers une compréhension stylistique et littéraire du Coran.

L’exégèse chez lui ne s’opère pas sourate par sourate, ou verset par verset, mais par thèmes touchant à la vie en prenant en considération le contexte, tout en procédant à une « exégèse littéraire du Coran ».[8]

En effet quand on lit son ouvrage inaugural « Manâhij tajdîd », qui a pour sous titre « dans la grammaire, la balâgha, le tafsîr et la littérature », on s’aperçoit que l’exégèse est essentiellement littéraire.

Il est question dans cet ouvrage de « l’ijtihâd dans la grammaire arabe », de la relation entre « la balâgha et l’influence de philosophie », la question « du goût dans le texte littéraire », « la balâgha et la psychologie », « la psychanalyse littéraire », « le i’jâz artistique », et le dernier chapitre de l’ouvrage est entièrement consacré à la méthode linguistique d’Al-Jâhidh.

C’est dire que la dimension littéraire occupe une place très significative chez l’auteur.

Enfin, Amîne Al-Khoulî a formé des disciples devenus célèbres par la suite. Il a formé un comité appelé « Al-omanâ’ » en 1944 (=les fidèles, les loyaux ou les dignes de confiance).

C’est le cas des disciples Mohammed Ahmed Khalfallah et Aïcha Abderrahmane.

Il sera durement éprouvé lors de sa direction de la thèse de doctorat soutenue par son élève Kahlafallah sur le sujet « L’art narratif dans le Coran » (=Al-fane al-qaçaçî fi al-qurân), car le titre de docteur lui sera refusé par le jury, scandalisant Amîne Al-Khoulî.

Quant à Aïcha Abderrahmane, qui deviendra son épouse, elle soutiendra sa thèse avec pour membre de jury le fameux Taha Hussein[9].

Quand elle a entendu et vu pour la première fois Amîne Al-Khoulî à l’université, elle a eu l’étrange impression qu’elle avait toujours entendu cette voix et vu ce visage, raconte-t-elle dans son autobiographie, un ouvrage écrit après la mort de son mari.

Son premier devoir proposé aux étudiants par le professeur Al-Khoulî était sous forme d’exposé et portait sur la « descente du Coran ».

Sûre d’elle, elle s’empressa de le choisir et de lui répondre qu’il sera rendu dans un ou deux jours, car elle connaissait déjà l’exégèse de Tabari et les deux ouvrages en sciences du Coran de Zarkachi et Suyûtî, etc., raconte-t-elle. Mais, reconnaît-elle, c’est ce professeur qui lui « a appris à lire véritablement » comme il se doit.

C’est l’aventure exégétique qui commence pour elle, ou se poursuit, devrait-on dire…

La méthode exégétique de Aïcha Abderrahmane

Dans un style narratif émouvant, vers la fin de cette autobiographie, Aïcha Abderrahmane nous dresse un portrait qui dépasse la fascination de son mari, jusqu’au dénouement…son enterrement : « devant mes yeux, des étrangers sont venus préparer son corps pour le dernier départ », « devant mes yeux, ils l’ont transporté de chez nous, sans retour », « il s’en est allé, et je suis restée », « comment s’en est-il allé, alors que je suis restée ! ». C’est dire l’influence qu’il avait sur elle.

En quoi consiste la méthode exégétique de Aïcha Abderrahmane ?

Son exégèse s’intitule « Attafsîr al-bayânî lilqurân al-karîm », publié en 1962.

Elle décrit elle-même sa méthode en introduction de l’ouvrage : il est question d’un « traitement thématique de ce que l’on souhaite comprendre du Coran »[10] en rassemblant sourates et versets qui abordent le thème traité.

Puis arrive la prise en considération des circonstances de révélation qui accompagnent les versets, et tout en appelant à ne pas confondre circonstance (sabab) et cause, car la cause (al-’illiyya) est ce qui détermine la descente du verset.

Dans l’introduction du deuxième volume, elle aborde aussi plus explicitement cette célèbre règle des uçûliyyînes « al-’ibratu bi ’umûmi allafthi lâ bi khussûssi assababi », c’est-à-dire que ce qui doit être retenu par le lecteur ou l’exégète c’est la portée générale du verset et non pas la spécificité de la circonstance de la révélation, sauf si une indication nous indique le contraire, précise t-elle.[11]

Ensuite, on s’intéresse aux indications de la terminologie coranique, en cernant le contexte spécifique des termes dans les sourates et dans le Coran, sa méthode est donc « inductive »[12] (c’est elle qui emploie ce terme).

On ajoute à cela le recours de façon critique aux exégèses existantes pour n’en retenir que celles qui sont pertinentes aux yeux du Coran, et délaisser celles qui ont recours aux « israiliyyates », au « sectarisme des courants » et aux « mauvaises innovations en matière d’interprétation », écrit-elle.

Elle précise ensuite que les règles linguistiques doivent être tirées du Coran, car son noble style repose sur le i’jâz. Aïcha Abderrahmane a l’ambition de « commenter le Coran par le Coran ».

Elle rappelle ensuite qu’un exégète ou un spécialiste des sciences du Coran se doit d’avoir un niveau très élevé en langue arabe. Le Coran a son propre vocabulaire, et chaque terme coranique s’inscrit dans le i’jâz, d’où la non prise en compte du principe de synonymie par Aïcha Abderrahmane.

Pour elle le recours systématique au dictionnaire pour découvrir le sens des termes du Coran est un appauvrissement de la richesse linguistique du Coran.

Enfin, elle rejette ces exégèses qui font porter des significations aux termes coraniques que le Coran lui-même rejette !

On peut dire que Aicha Abderrahmane a bien appliqué la psychanalyse à la balâgha du Coran, principalement dans les courtes sourates (mequeoises pour l’essentiel) du Coran.

Mais l’une des principales critiques que nous pouvons lui adresser c’est de n’avoir pas assez respecté cette « méthode thématique »[13] qui se veut innovante et créatrice, car les considérations d’ordre linguistique l’ont éloignée quelque peu de son objectif initial.

En ce sens, elle ne se distingue pas nettement de l’approche classique de l’exégèse.

Nous pensons évidemment à l’exégèse de Al-Zamarchari fondée elle aussi pour l’essentiel sur la Balâgha de l’imam Al-Jurjânî, qui repose sur la « gustation » linguistique. En réalité, l’exégèse de Aïcha Abderrahmane s’inscrit donc dans la continuité de ces débats sur le i’jâz du Coran que nous avons présenté dans un article antérieur.

Et elle rend parfaitement compte de cet héritage dans son autre ouvrage « Al-’ijâz al-bayânî lilqurân ».

La condition humaine à la lumière du Coran

En dépit de cette critique qui ne diminue en rien de la valeur de l’exégèse, le lecteur pourra se reporter à l’ouvrage de réflexion sur l’Homme et le monde contemporain de Aïcha Abderrahmane : « Al-Qurân wa qadâyâ Al-Insân » (Le coran et les questions liées à l’Homme), pour lire des éléments sur la condition humaine de façon général.

Dans ce livre en forme d’essai, elle traite de sujets divers comme le vicariat, en ceci que l’homme « exerce sa lieutenance sur terre du début jusqu’à la fin de sa vie, luttant entre le bien et le mal, et portant la responsabilité de choix »[14].

Mais, précise t-elle, pas de responsabilité sans « liberté de conscience »[15] et de « liberté humaine ».[16] Et elle confirme en outre que la femme et l’homme sont égaux devant cette responsabilité.

A cet effet, elle remet en cause, à la lumière du Coran, la compréhension fallacieuse de ce hadith selon lequel la femme est créée d’une côte de l’homme qui pourrait se briser ; pour elle il s’agit plutôt – s’il était authentique – d’une « métaphore » qui appelle l’homme à faire preuve de « douceur envers la femme ».[17]

Ensuite, Aïcha Abderrahmane consacre un chapitre à la liberté humaine et à l’esclavage qu’elle qualifie de « tragédie abjecte » (ma`sât bachi’ah).

Toujours à la lumière du Coran, elle confirme que « l’islam n’a jamais donné aucun droit à personne de soumettre son semblable ».[18]

Mais alors, comment expliquer que l’esclavage ait pu persister ?

« Si l’esclavage a effectivement persisté dans la société musulmane à l’époque du Messager et des compagnons, je ne doute pas, à la lumière de la biographie du messager (ç) et des califes bien guidés, que l’esclavage était en voie de disparition si la communauté musulmane dès l’époque omayyade n’avait pas connu des circonstances qui lui ont fait perdre cette grande opportunité offerte par le livre de l’islam d’en finir avec l’esclavage »[19], écrit-elle.

Aïcha Abderrahmane insiste beaucoup sur la liberté, sous toutes ses formes, en s’aidant toujours du Coran. Ainsi, elle écrit « pas de liberté de conscience, sans liberté de raison et d’opinion »[20], un raisonnement qui, selon elle, nécessite le respect du doute.

En effet, Allah n’a pas blâmé Ibrâhîm (ç) lorsqu’il voulut que son cœur s’apaise, ni a remis en cause sa foi.

Aïcha Abderrahmane écrit avec assurance que « l’histoire de la guidance d’Ibrâhîm vers la vérité, d’après le Coran, a commencé par l’étonnement, la perplexité (al-hîra) et le doute qui est la manifestation de la maturité de la raison et la liberté de penser. Et c’est à partir du doute qu’il a longuement contemplé l’univers et s’est mis sur la quête de la guidée et la certitude »[21].

Pour finir, nous aimerions que nos lecteurs ne s’y trompent pas cependant.

Si Aïcha Abderrahmane a appelé de ses vœux à respecter la liberté de conscience et d’opinion, elle ne tolère pas pour autant que l’on s’exprime sur des sujets a fortiori théologiques sans savoir solide.

Elle distingue la « compréhension du Coran » de « l’exégèse du Coran ».

Si la première est accessible à tout lecteur selon ses capacités, la deuxième est réservée aux exégètes uniquement.

D’ailleurs ce livre est davantage connu et cité par les intellectuels pour ses attaques contre Mustapha Mahmoud que ses appels à la liberté.

En effet, dans la deuxième partie de cet ouvrage elle s’en prend à lui sans le nommer pour ses « exégèses » (tirées par les cheveux) à l’aune de la science moderne, elle se contente de le désigner par « al-mufassir assahafî » (=l’exégète journaliste) tout en réfutant ses opinions sur le sujet.

« Ici, il s’agit d’une question qui concerne l’exégèse du Coran, comment a-t-on pu confondre exégèse et descente du Coran pour tout le monde ? Comment a-t-il imaginé que l’ijtihad dans le tafsîr était permis à tout le monde ? Comme s’il ne savait pas que l’ijtihad, quel que soit le domaine, n’est permis qu’aux spécialistes (…) » 22.

Mouhib Jaroui

A lire aussi :

Notes :

[1] Aïcha Abderrahmane, Attafsîr al-bayânî lilqurân al-karîm, vol.1., 1962.

[2] Abdeljabbâr Arrifâ’î, Al-hirminoutiqa wa attafsîr addînî lil’âlam, publié chez Attanwîr, 2017, p. 16 (un ouvrage collectif sur l’herméneutique, sous la direction de Arrifâ’î).

[3] Cette influence n’a pas épargné les chiites, l’herméneutique a influencé également le célèbre théologien iranien Chaykh Mohammed Mujtahid Chabastarî, après son voyage en Allemagne.

[4] Amîne Al-Khoulî, Manâhij tajdîd, p. 17.

[5] Attention, Amine Al-Khoulî, contrairement à d’autres, n’a jamais demandé à euthanasier le patrimoine musulman, il demande au contraire à mieux le connaître pour renouveler sa lecture, et non pas l’abroger comme le souhaitent certains apprentis sorciers. Pour lui, le tajdîd ne peut advenir qu’après avoir épuisé toutes compréhensions du patrimoine.

[6] Abdeljabbâr Arrifâ’î, Al-hirminoutiqa wa attafsîr addînî lil’âlam, publié chez Attanwîr, 2017, p. 22.

[7] Amîne Al-Khoulî, Manâhij tajdîd, fî annahw wa al-balâgha, wa attafsîr wa al-adab, p. 152.

[8] Il serait intéressant de faire une comparaison avec notre article antérieur sur la raison traductrice chez Mohammed Hussein Fadlallah. Il y a, à nos yeux, une différence essentielle entre les deux approches, en dépit de l’implication de l’exégète et de son contexte dans l’activité exégétique chez les deux théologiens…

[9] Précisons que Taha Hussein avait aussi cette fâcheuse idée de vouloir détruire socialement certains hommes avec qui il divergeait, songeons au multi-doctorats Zakî Mubârak. Même Abbas Al-Aqqâd, ce géant de la littérature et fondateur de l’école du Diwân, avait menacé de démissionner si certains hommes de lettres présentaient leurs œuvres pendant un colloque auquel il participait (songeons à Abdelmo’tî Hijâzî, ce poète de la versification libre). C’est dire à quel point ce fléau touchait toutes les écoles, et pas spécialement ce qu’on appelle les « traditionalistes »…

[10] Aïcha Abderrahmane, Attafsîr al-bayânî lilqurân al-karîm, vol.1., 1962, p. 10.

[11] Aïcha Abderrahmane, Attafsîr al-bayânî lilqurân al-karîm, vol.2., 1962, p. 9.

[12] Aïcha Abderrahmane, Attafsîr al-bayânî lilqurân al-karîm, vol.1., 1962, p. 18

[13] Mohammed Ibrâhîm Charîf, Ittijâhât attajdîd fî tafsîr al-qurân al-karîm, chez Dâr assalâm, 2ème éd. 2018, p. 424. Lire la section consacrée à Aïcha Abderrahmane de la p. 422 à p. 432.

[14] Aïcha Abderrahmane, Al-qurân wa qadâyâ al-insân, chez Dâr al-ma’ârif, 2ème éd. 2019, p.36.

[15] Aïcha Abderrahmane, Al-qurân wa qadâyâ al-insân, chez Dâr al-ma’ârif, 2ème éd. 2019, p.96.

[16] Aïcha Abderrahmane, Al-qurân wa qadâyâ al-insân, chez Dâr al-ma’ârif, 2ème éd. 2019, p.79.

[17] Aïcha Abderrahmane, Al-qurân wa qadâyâ al-insân, chez Dâr al-ma’ârif, 2ème éd. 2019, p .43.

[18] Aïcha Abderrahmane, Al-qurân wa qadâyâ al-insân, chez Dâr al-ma’ârif, 2ème éd. 2019, p. 83.

[19] Aïcha Abderrahmane, Al-qurân wa qadâyâ al-insân, chez Dâr al-ma’ârif, 2ème  éd. 2019, p. 91.

[20] Aïcha Abderrahmane, Al-qurân wa qadâyâ al-insân, chez Dâr al-ma’ârif, 2ème  éd. 2019, p. 91.

[21] Aïcha Abderrahmane, Al-qurân wa qadâyâ al-insân, chez Dâr al-ma’ârif, 2ème  éd. 2019, p. 115.

[22] Aïcha Abderrahmane, Al-qurân wa qadâyâ al-insân, chez Dâr al-ma’ârif, 2ème  éd. 2019, p. 334.

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