Auteur de l’ouvrage “ Les Fossoyeurs” sur le scandale des Ehpad, Victor Castanet livre des révélations fracassantes sur le système des maisons de retraite gérées par le groupe Orpea.
Au bout de trois années d’une enquête débutée en février 2019 après avoir été contacté par des membres du personnel soignant, le journaliste indépendant Victor Castanet a livré dans son ouvrage « Les fossoyeurs » paru le 26 janvier dernier aux éditions Fayard les dessous inquiétants de la gestion des Ehpad grâce à de nombreux témoignages du personnel et des familles de victimes.
Une enquête dévoilant, selon ses mots confiés à Télérama, une “ obsession du profit “ qui “ prévaut dans la gestion des Ehpad “. Un profit obtenu au prix d’une une maltraitance des résidents produite par une carence planifiée de personnel soignant, d’un manque de soins ou encore de restrictions alimentaires.
Après avoir interviewé de nombreuses familles de résidents et enregistré “ plus de deux cents entretiens” de personnels soignants , Victor Castanet a pu également recueillir les témoignages d’anciens employés “ de très haut niveau hiérarchique” , attestant des conditions catastrophiques dans les établissements.
Depuis la publication du livre, le directeur général d’Orpea s’est vu congédié. Quant aux autres dirigeants, ils ont été “ convoqués ce 1er février par Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie, qui vient d’annoncer le lancement d’une enquête administrative et d’une enquête financière.”
Son enquête s’est portée sur un établissement en particulier, Les Bords de Seine, à Neuilly-sur-Seine, qui a notamment fait l’objet d’une plainte en 2020 pour homicide involontaire, après le décès d’une résidente. Malgré un coût très élevé pour avoir sa place dans l’établissement, les repas seraient “ rationnés”.
Des intimidations et un silence à 15 millions d’euros
Victor Castanet dénonce également l’implication de l’Etat dans le financement de ses établissements et l’inaction de celui-ci après avoir été interpellé par les familles de résidents.
Le journaliste rapporte qu’à l’origine il ne devait s’agir que d’un article dans un grand quotidien national généraliste, mais le groupe Orpea aurait contacté la direction du journal pour le discréditer, affirmant qu’il ne respectait pas les règles de déontologie du journalisme. Après cela, la direction du journal ainsi que certaines de ses sources, auraient également reçu des coups de fils “ intimidants”.
Une personne rencontrée dans un café à Paris lui a même proposé, explique l’auteur des Fossoyeurs, 15 millions d’euros afin qu’il cesse son investigation et ne dévoile pas ses découvertes au grand public.
“ La vérité du système Orpea – son modèle économique, ses emplois fictifs, ses dissimulations lors des visites de contrôle des inspecteurs des agences régionales de santé (ARS), ses liens privilégiés avec certains politiques… – n’aurait jamais pu voir le jour sans le courage de tous ceux ayant accepté de témoigner “ confie-t-il à Télérama.
Un livre publié avec l’espoir que des actions soient faites, et qu’on ne “ détourne plus les yeux “.
Marie Jarosz