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Corpus Hermeticum : la pensée voit ce qui ne peut être vu

Le Corpus Hermeticum est une œuvre majeure de l’hermétisme alexandrin, attribuée à la figure légendaire d’Hermès Trismégiste. Mizane.info publie quelques extraits d’un dialogue d’Hermès avec son fils Tat, sur le sens du Principe, de l’unité, de l’invisible et de la Gnose.

Il est impossible, ô mon fils, de s’attacher à la fois aux choses mortelles. et aux choses divines. Les êtres sont corporels ou incorporels, et c’est par là que le mortel se distingue du divin; il faut choisir l’un ou l’autre, car on ne peut s’attacher aux deux à la fois.

Lorsqu’on a fait un choix, celui qu’on abandonne manifeste l’énergie de l’autre; en choisissant le meilleur, on obtient d’abord une magnifique récompense, l’apothéose de l’homme, et on montre de plus sa piété envers Dieu.

(…)

Le mal ne vient pas de Dieu, il vient de nous-mêmes qui le préférons au bien.

Tu vois, Ô mon fils, combien de corps il nous faut traverser, combien de chœurs de démons et de révolutions d’étoiles pour arriver jusqu’au Dieu seul et un. Le bien est inaccessible, infini et sans bornes; par lui-même il n’a pas de commencement, mais pour nous il semble en avoir un qui est la Gnose.

La Gnose n’est pas précisément le principe du bien, mais c’est par elle que nous arrivons à lui. Prenons-la donc pour guide, nous avancerons à travers tous les obstacles. L’unité, principe et racine de toutes choses, existe dans tout comme principe et racine. Il n’y a rien sans principe; le principe ne dérive de rien que de lui-même, puisque tout dérive de lui. Il est lui-même son principe, puisqu’il n’en a pas d’autres.

L’unité qui est le principe, contient tous les nombres, et n’est contenu par aucun; elle les engendre tous et n’est engendrée par aucun autre.

Tout ce qui est engendré est imparfait, divisible, susceptible d’augmentation ou de diminution. Le parfait n’a aucun de ces caractères. Ce qui peut s’accroître s’accroît par l’unité, et succombe à sa propre faiblesse lorsqu’il ne peut plus recevoir l’unité.

Voilà, O Tat, l’image de Dieu, autant qu’on peut se la représenter. Si tu la contemples attentivement, et si tu la comprends par les yeux du cœur, crois-moi mon fils, tu trouveras la route de l’ascension, ou plutôt cette image elle-même te conduira; car telle est la vertu de la contemplation, elle enchaîne et elle attire, comme l’aimant attire le fer.

(…)

C’est la pensée seule qui voit l’invisible, parce qu’elle est invisible elle-même. Si tu le peux, tu le verras par les yeux de l’intelligence, ô Tat, car le seigneur n’est pas avare, il se révèle dans l’univers entier. Tu peux le comprendre, le voir, le saisir de tes mains et contempler l’image de Dieu. Mais comment pourrait-il se manifester à tes yeux, si ce qui est en toi est invisible pour toi-même ?

Il n’y a rien dans le monde entier qui ne soit lui, il est ce qui est et ce qui n’est pas, car ce qu’il est il l’a manifesté, ce qui n’est pas il le tient en lui-même. Tel est le Dieu supérieur à son nom, invisible et apparent, qui se révèle. à l’esprit, qui se révèle aux yeux, qui n’a pas de corps et qui a beaucoup de corps, ou plutôt tous les corps. car il n’est rien qui ne soit lui et tout est lui seul.

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