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Plainte contre Houellebecq : Hafiz jette l’éponge

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a confirmé dans un communiqué publié ce vendredi 6 janvier avoir « renoncer aux poursuites judiciaires » contre Michel Houellebecq. L’écrivain français avaient qualifié les musulmans de voleurs et d’agresseurs et parlé de futurs Bataclan à l’envers. Retour sur les raisons d’un rétropédalage.

La parution dans la presse de certains passages de l’entretien entre le philosophe français Michel Onfray et l’écrivain Michel Houellebecq publié dans la revue Front Populaire avaient fait se dresser plus d’un cheveu.

Dans cet échange sans aucun filtre, ni retenue, les deux hommes expriment ouvertement leurs plus sombres pensées : euthanasie, démographie mondiale, transhumanisme, défense inconditionnelle d’Israël… et bien sûr, l’islam. C’est sur ce dernier sujet que Michel Houellebecq a été le plus loin, comme à son accoutumée.

L’apologie du terrorisme de Michel Houellebecq

« Le souhait de la population française de souche, dit-il, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent. » La première salve est lancée. Mais la seconde est un obus littéral.

« Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers. »

Dans la presse française, l’épisode a été présentée comme un simple dérapage raciste, une provocation coutumière pas très éloignée d’un caprice d’artiste, celui de l’écrivain français le plus lu dans le monde et décoré de la légion d’honneur par Macron en 2019.

Or, cette déclaration relève strictement de l’apologie du terrorisme. Cette qualification n’a été d’ailleurs employée nulle part, puisque l’affaire n’a pas suscité la moindre réaction politique. Le ministre de l’Intérieur, en première ligne sur les questions de terrorisme, est resté silencieux. Le président de la République n’a pas réagi.

La consternation de Hafiz

Pourtant, l’écrivain français ne se contente pas de décrire un hypothétique futur français apocalyptique, fantasmé ou non, comme cela a été dit. Il porte un jugement de valeur et considère que « des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans » relèveraient d’un « acte de résistance ». Une ligne rouge a bien été franchie dans le silence assourdissant des institutions.

Suite à ces déclarations, le recteur de la mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz avait pour sa part annoncé qu’il porterait plainte pour « provocation à la haine contre les musulmans », dénonçant des propos « lapidaires », « inacceptables » et d’une « brutalité sidérante ».

Entre-temps, le magazine Le Point consacrait un dossier au sujet dans lequel Michel Houellebecq et Michel Onfray interpellaient séparément le recteur, l’un pour expliquer ses motivations, l’autre pour implorer « la miséricorde d’Allah » auprès du recteur lui demandant de renoncer à porter plainte. Une chronique de Kamel Daoud allant dans le même sens concluait la marche contre le recteur le plus aimé de l’establishment parisien.

Une pression conjuguée, un retrait de plainte

Entre-temps, le grand rabbin de France Haïm Korsia décide de rentrer en scène. Il tente de convaincre lui-aussi l’avocat musulman de renoncer à des poursuites, en lui suggérant de rencontrer dans un café Houellebecq et de discuter avec lui. Le recteur ne pouvait pas refuser cette invitation provenant d’un ami personnel. La rencontre s’organise donc.

Le recteur exprime à cette occasion ses doléances. « Si l’on suit à la lettre les mots de Michel Houellebecq, je suis moi-même un voleur, racontera-t-il après. Je lui ai dit qu’il n’aurait jamais dû essentialiser les musulmans en les opposant aux Français “de souche” ».

L’écrivain français qui annonce qu’un ouvrage extrait de l’entretien avec Michel Onfray sera publié, précise alors qu’il modifiera certains passages ambigus. Hafiz lui demande de le faire aussitôt et obtient satisfaction.

« Il a reconnu que ses propos étaient ambigus et a déclaré qu’il allait les reformuler pour une prochaine édition », déclare Hafiz dans un co-entretien au journal Le Monde avec l’avocat Richard Malka, qui représentait Charlie Hebdo dans le procès des caricatures du Prophète. Toutes ces pressions conjuguées ont donc abouti au retrait de la plainte du recteur de la Grande mosquée de Paris.

Le rabbin Korsia : « Houellebecq est un immense penseur »

Le rabbin Haïm Korsia s’est félicité de cette issue. « Houellebecq est un immense écrivain, un immense penseur », déclare-t-il au Figaro expliquant que « ce genre de débat ne doit pas se régler devant un tribunal. »

Mohammed Moussaoui, l’ancien président du CFCM et toujours responsable de l’Union des mosquées de France a pour sa part maintenu sa plainte.

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