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Aïd et recensement des élèves : un ciblage « tout à fait inquiétant »

Collège - Lycée à Nogent sur Marne

À Montpellier et Toulouse, les services de renseignement ont demandé aux chefs d’établissement de leur communiquer le nombre d’élèves absents durant la fête de l’Aïd al-fitr. Un ciblage religieux sans précédent qui scandalise les responsables associatifs et syndicaux. Retour sur les faits.

Le matin du jeudi 11 mai, un courriel est envoyé aux chefs d’établissement des collèges et lycées de l’Hérault : « Nous sommes interrogés sur l’absentéisme scolaire au cours de la période du ramadan (…) et particulièrement sur la journée du 21 avril, jour de l’Aïd ».

Le texte, émanant « du service départemental de l’éducation nationale » enjoint ses destinataires à répondre à deux questions : « Le ramadan a-t-il eu un impact sur l’absentéisme ? » et « quel a été le taux d’absentéisme de la journée du 21 avril ? ».

Une requête identique a été adressée à des écoles, collèges et lycées de Toulouse, signé cette fois par des « correspondants police-sécurité-école ». Un ciblage, justifié par une question de sécurité nationale, « sans précédent » d’une minorité religieuse « tout à fait inquiétant » s’alarme Marie-Cécile Périllat, co-secrétaire générale de la FSU 31.

Avalanche d’indignations

Au sein du corps enseignant, l’indignation est unanime d’autant que l’initiative, émanant des services de police, avait été faite aux établissements scolaires sans l’aval du rectorat de Toulouse : « En aucun cas nous ne menons des enquêtes de la sorte […] Si quelqu’un a pris cette initiative, l’éducation nationale n’y est absolument pas associée. », se défend, Mostafa Fourar, recteur de l’académie.

Le consternation était également présente chez les responsables associatifs et syndicales. « Pour quelles autres fêtes religieuses le ministère de l’intérieur a-t-il demandé une évaluation du taux d’absentéisme aux chefs d’établissements », questionne, dans un communiqué, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo.

Le motif de ce ciblage interroge notamment quant à sa justification inquiétante « en ce qu’elle associe la pratique religieuse musulmane à une question de sécurité. » comme le souligne la co-secrétaire de la FSU 31 :

« Ça n’est jamais arrivé, ça n’est arrivé pour aucune autre minorité religieuse, et ça nous paraît un précédent tout à fait inquiétant. »

La réponse du ministère de l’intérieur

Ce dimanche 21 mai, la secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté a finalement répondu, face aux flots d’indignations du corps enseignants et associatifs, en affirmant que « aucun fichage des élèves » ne fut pratiqué :

« Le ministère de l’intérieur et des outre-mer étudie régulièrement l’impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, et notamment au sein de la sphère scolaire. C’est dans ce cadre qu’une évaluation du taux d’absentéisme constaté à l’occasion de la fête de l’Aïd Al-Fitr, le 21 avril, a pu être demandée, aux chefs d’établissements. »

Une atteinte au principe de laïcité

Cette dérive du ministère de l’intérieur est d’autant plus interpelante qu’elle bafoue les principes de laïcité dont il est le garant et contredit les textes de Loi en la matière.

Le syndicat SUD-éducation dénonce explicitement, de son côté, des « dérives islamophobes » dans l’administration. Du côté des mosquées, on a également réagi – via L’Union des mosquées de France – qui réclame une « enquête en bonne et due forme » :

« Les familles doivent être dûment informées et rassurées du devenir des informations données par certains chefs d’établissements ayant, malheureusement, répondu à la sollicitation des policiers ».

Le premier syndicat des chefs d’établissement en Haute-Garonne – le SNPDEN – déplore, par la voix de son secrétaire Yvon Manac’h, « une atteinte au principe de laïcité. »

Le ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye lui même, avait pourtant assuré, le 24 avril, sur Franceinfo que « des autorisations d’absence doivent pouvoir être accordées aux élèves pour les grandes fêtes religieuses. »

Une source proche du dossier évoque finalement une « maladresse » dans la formulation de la demande relayée par les services gouvernementaux.

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