Dans sa dernière chronique publiée par Mizane.info, l’intellectuelle et essayiste Faouzia Zebdi-Ghorab questionne les causes profondes de la promotion du football féminin, du féminisme, des luttes communautarisées. « Plutôt que d’être un artisan ou un instituteur, qui apporte sa contribution à la vie de la cité, il faut se constituer en communauté qui parfois ne partage rien sinon la couleur de peau, ou le lieu de résidence », écrit-elle.
Football, féminin, musulman. Mélange sacrement détonant. D’abord le football : ce véritable déclencheur des passions les plus antagonistes, et les plus violentes, mais surtout des scandales les plus odieux1.
« Féminin» : un mot devenu valise dans lequel on ne sait ni plus quoi fourrer ni comment le customiser.
Et enfin « musulman » : la dernière goutte, la pointe de TNT qui clôture la formule quasi électrochimique.
En ce qui concerne le football féminin, j’ai déjà rédigé un article sur le sujet en l’intégrant dans une analyse plus générale du phénomène « footballistique ». J’y explique notamment, le caractère mercantile du foot, et sa dimension marketing bien rodée qui aboutit à illusionner la jeunesse sur la possibilité de devenir un Ronaldo, voire le Messie2.
De la même façon, on somme la femme de prendre le train tiré par cette luxuriante locomotive nommée football. Train de la désillusion, qui contrairement à l’erreur, loin de vous grandir, vous fait tomber de Charybde en Scylla
De la même façon que l’on a décidée de faire du ring de boxe sa énième conquête. Au nom d’un nouvel adage : qui peut le moins peut le plus.
Mais revenons à nos moutons… Le football dans toute sa dimension manipulatrice et marchande. Je ne parle évidemment pas du football que l’on pratique à titre de divertissement, avec ses enfants ou ses amis. Je parle du grand spectacle éclairé par les projecteurs scandaleusement énergivores, télédiffusé à grands frais, indécemment sponsorisé, outrageusement financé…
Ce qui a fait de ce sport le symbole le plus immoralement emblématique du capitalisme dans toute sa splendide laideur. Lui et bien d’autres sports par ailleurs.
Plutôt que de considérer qu’il s’agit d’une « plaie masculine » que Dieu a bien voulu nous épargner, nous avons souhaité, comme sur un champ de bataille, telles de valeureuses conquérantes, prendre d’assaut les derniers lieux immaculés de notre présence, armés de nos chaussures cloutées made in USA, et de nos maillots soigneusement labellisés.
Tu comprends, il s’agit de montrer que… Leitmotiv ou véritable incantation qu’il nous faut désormais répéter plusieurs fois par jour afin d’exorciser le mauvais sort, et éloigner les langues venimeuses, et autres esprits malveillants.
Il faut montrer que …. la femme musulmane aussi est libre.
Il faut montrer que …. la femme musulmane sait aussi s’amuser.
Il faut montrer que ….. la femme musulmane sait aussi tik toker, voyager, faire des shorts, bien parler (au risque de ne pas parler juste et vrai, à force de tournures rhétoriques et communicationnelles distordues)
Victime d’une quasi double peine, la femme musulmane doit montrer non seulement qu’elle est l’égale de l’homme mais en passant avant cela par la case « montrer qu’elle est l’égale aussi de la femme non musulmane ». Un vrai parcours du combattant sans adversaire nettement identifié, sans terrain formellement circonscrit, ni sans cause clairement définie.
IL FAUT MONTRER : est désormais une formule érigée en combat idéologique, voire sacral qu’il serait scandaleux, voire blasphématoire, de récuser.
Être roi à la place du roi, vizir à la place du vizir, star à la place de la star, déesse à la place du dieu du foot. Être homme devient en soi une qualité, pour laquelle il faut rivaliser. Faire comme l’homme c’est être son égal. C’est considérer qu’il s’agit d’un statut, d’une place à laquelle il faut se hisser !
Mais n’est-ce pas au contraire ce type d’attitude qui appuie l’idée de l’infériorité de la femme ? L’homme serait hiérarchiquement dans une position supérieure à la femme. Et à charge pour elle de se hisser à son niveau comme à la conquête d’un Everest en haut duquel il lui faudra planter son drapeau ?
Ni égalité, ni supériorité, ni infériorité. Ne pourrait-on plutôt reconnaître là une simple différence physiologique. Sommes-nous à ce point dans la détestation de la différence, et dans le désir mortifère d’aplanissement des différences ?
L’égalité nécessite-t-elle la similitude en tous points ? Bien évidemment non.
Une femme est une mère en puissance, et ceci même si elle décidait de ne jamais avoir d’enfants. Il s’agit de l’ordre physique des choses. De la même façon elle a des qualités identiques à l’homme sur de nombreux points.
Chacun, homme ou femme, persévère dans son être, sur un chemin de réalisation, et vers une forme de perfection qui ne souffre pas que l’on puisse dire qu’il s’agisse d’une perfection insuffisante et inégale, puisqu’elle est perfection en soi et pour soi.
Chaque créature évoluant harmonieusement s’efforce d’atteindre sa pleine maturité, sans hiérarchisation, ni compétition. Vivre pleinement en savourant intensément cet intime sentiment de liberté, ne souffre pas non plus la comparaison, mais une discipline intérieure, lente, sereine, attentive et soucieuse.
Loin du scintillement éphémère de tous les stades et autres plateaux qui brillent plus par leur luxe ostentatoire, que par l’intensité d’une représentation qui laisserait voir les qualités humaines les plus grandes, les plus intenses, et les plus authentiques.
En sommes-nous arrivés à ne plus pouvoir discerner ce qui est beau de ce qui est effroyablement laid, ou du moins de très mauvais goût.
Il y a plus de choses communes entre l’homme et la femme que de choses qui les sépare. Mais ces choses qui les sépare sont notoires et ne peuvent être reléguées au rang d’accessoires.
Nous ne relèverons rien de nouveau en disant que ce qui suscite le questionnement c’est le montage en épingle, la politisation de chaque événement. Tout devient un combat politique sans âme et sans visage.
La preuve en est, qu’exportant une méthode militante venant des états unis, le « community organizing » on communautarise les luttes, ce qui les émiette et en fait une misérable peau de chagrin.
Plutôt que d’être un ouvrier, un agriculteur, un artisan ou un instituteur, qui apporte sa contribution à la vie de la cité, il faut se constituer en communauté qui parfois ne partage rien sinon la couleur de peau, ou le lieu de résidence.
Cette pratique d’émiettement des causes, d’éclatement des couches sociales, le président de l’association Unité Laïque Jean-Pierre Sakoun en parle en ces termes : « séduire les quartiers populaires » en frappant à la porte des résidents et en leur parlant des problèmes les plus immédiats et matériels qu’ils peuvent rencontrer, comme le logement, « aller chercher la colère des gens » puis la politiser.3 »
De la même façon une jeune musulmane voilée, membre des « hijabeuses », et parlant de ladite campagne dit la chose suivante : « c’est l’alliance citoyenne4 qui a lancé et fondé cette campagne et qui ensuite a recherché des femmes qui pourraient être intéressés par cette campagne.5 » Recruter en fonction des causes du moment dont on aura décidé en amont qu’elles devaient être des causes ???
Il semblerait que cela devient matériellement possible dans la mesure où « l’Alliance Citoyenne disposerait d’un listing « collecté pendant ses activités de porte à porte « des centaines, voire des milliers d’habitants » y seraient fichés. 6»
« Victoires » sans véritables combats. Combats sans véritable lutte. Lutte sans péril. Triomphe sans gloire7.
Le seul vrai talent, ne réside-t-il plus que dans le talent, la prouesse technique ou physique, au lieu que de résider dans le désir ardent de conquérir le monde non pas pour le dompter et l’enfermer dans des cases dédiées, mais pour y faire régner la profonde simplicité de l’amour de la chose faite Bien.
Faouzia Zebdi-Ghorab
1 L’affaire Zahia. L’affaire Aurier. Le clash Anelka-Domenech. La sex-tape et le chantage de Karim Benzema. L’affaire VA-OM. L’affaire Platini. L’affaire Hamraoui/Diallo, L’affaire Pogba, L’affaire Noël Le Graët,
2 Quelques chiffres : moins de 17% des footballeurs vivent de leur sport. Percer dans le foot et devenir une étoile est proche de l’impossible disent les chiffres.
3 https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/alliance-citoyenne-lislam-politique-avec-les-methodes-de-la-gauche-radicale-americaine
4 Collectif créé en 2012, et dont 40% des fonds viennent de fondations privées, dont la très controversée, Open society foudations, de Georges Soros, milliardaire américain, d’origine hongroise, est la 2ème ONG la plus riche après celle de Bill Gates ; ONG dont les pouvoirs notoires sont expliqués dans divers articles en ligne.
5 Cf vidéo INTERVIEW AVEC – Les Hijabeuses
6 Article du Parisien, publiée le 10 mai 2022
7 En référence à un vers du Cid de Corneille.