Refus de participer à la marche contre l’antisémitisme, posture face à la situation en Palestine, recensement des actes islamophobes… Le recteur Chems-Eddine Hafiz a tenu à clarifier, dans un long entretien avec Le Parisien, les positions de la Grande Mosquée de Paris. Le focus de la rédaction.
Dans un entretien publié le jeudi 23 novembre dans les colonnes du Parisien, le recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP) Chems-Eddine Hafiz s’est exprimé sur de multiples sujets impliquant les positions récentes de la GMP. Le refus officiel de participer aux côtés de personnalités d’extrême droite à la marche contre l’antisémitisme ou encore les positions de la MDP face à la guerre menée par Israël sur Gaza ont notamment été abordé.
Le recteur a également annoncé la création prochaine d’une association recensant les actes antimusulmans.
« Vous m’imaginez marcher à leurs côtés ? »
Concernant son absence très commentée à la marche contre l’antisémite le 12 novembre, le recteur de Chems-Eddine Hafiz s’est longuement expliqué en indiquant notamment qu’il savait « qu’il y aurait aussi dans cette marche des personnalités qui passent leur temps à insulter les musulmans à la télévision ».
Tout en précisant sa compréhension face à « la peur de la communauté juive », le recteur considère que la présence de personnalités d’extrême droite, à qui « on pardonne tout », a obstrué toute possibilité de participation de la Grande Mosquée de Paris :
« Je savais qu’il y aurait aussi dans cette marche des personnalités qui passent leur temps à insulter les musulmans à la télévision, à répéter que l’islam est « incompatible » avec la République. Vous m’imaginez marcher à leurs côtés ? »
Chems-Eddine Hafiz souligne qu’une marche globale contre l’antisémitisme et le racisme aurait permis de garantir sa présence au rassemblement du 12 novembre.
Le recteur @ChemsHafiz à la rencontre interreligieuse ‘Ensemble avec Marie’, au sein de la mosquée de la Miséricorde (15e), pour témoigner de la fraternité islamo-chrétienne à l’œuvre et de l’importante de Marie en islam, « préférée à toutes les femmes de l’univers ». pic.twitter.com/3YwsRTv7Rc
— Grande Mosquée de Paris (@mosqueedeparis) November 23, 2023
Le dialogue avec les institutions juives n’est pas rompu
Face aux rumeurs persistantes de tension avec les responsables de la communauté juive, suite notamment aux positions de la mosquée de Paris sur le conflit à Gaza, le recteur assure que le dialogue n’est pas rompu.
« Il n’est pas de notre intérêt, à tous, de nous recroqueviller sur notre communauté » affirme Chems-Eddine Hafiz qui admet toutefois de l’émotion et « une crispation ». Il détaille également sa position face à la recrudescence de l’antisémitisme en France en fustigeant les nouveaux slogans médiatique voulant assimiler l’islam comme vecteur d’un nouvel antisémitisme :
« On parle de l’antisémitisme musulman (…) Je rejette ce concept devenu un slogan politique. Que quelqu’un qui a un prénom musulman commette un acte antisémite, il ne faut pas en déduire que c’est au nom de la religion. Si un musulman dit « sale juif », il s’insulte lui-même car leur prophète, Moïse, est aussi notre prophète »
Guerre en Palestine et actes antimusulmans
A l’injonction ordonnant de déclarer le mouvement palestinien du Hamas comme « terroriste », le recteur reste sur un cadre et un vocable religieux en affirmant « que l’islam réprouve totalement l’attaque de civils dans un conflit armé ».
Spécifiant sa posture face aux bombardements de l’armée israélienne sur Gaza, il interroge également : « mais est-ce que l’on peut dire aussi que les bombardements de l’armée israélienne sur les civils de Gaza sont des crimes de guerre ? ». Tous les mots ont un sens poursuit le recteur.
Enfin, le recteur de la Grande Mosquée de Paris annonce la création, avant la fin de l’année, d’une association « recensant les actes antimusulmans et qui poursuivra leurs auteurs ». Une association qui sera dirigé par le Forif (Forum de l’islam de France).
A lire aussi :