Une audience opposant le journal Charlie Hebdo à une école musulmane s’est tenue, ce mardi, au tribunal judiciaire de Valence. L’école confessionnelle poursuivait le journal satirique en diffamation pour une publication révélant une supposée corrélation avec les Frères musulmans. Un lien aux « conséquences dramatiques » sur un projet d’achat de terrain finalement annulé par la municipalité. Explications.
A la demande de l’association qui gère l’école musulmane de Valence, une audience a eu lieu au tribunal judiciaire de Valence, ce mardi 5 décembre, suite à une plainte en diffamation contre le journal Charlie Hebdo.
L’association Valeurs et Réussite, qui gère une école primaire musulmane à Valence, reproche au journal d’avoir publié un article, en juillet 2022 ,dans lequel sont évoqués des liens supposés avec la confrérie des Frères musulmans. Richard Malka, avocat pour Charlie Hebdo dénonce un muselage de la liberté d’expression.
Une injustice « aux conséquences dramatiques »
« On est tous en faveur de la liberté d’expression, ce n’est pas le débat ici mais bien la diffamation » a directement recadré, durant l’audience, les avocats de l’école musulmane. Me Antoine Pastor dénonce « une forme d’hypocrisie » face à la défense du journal satirique qui s’autorise de qualifier « n’importe qui » de Frère musulman sous prétexte « qu’il n’est pas interdit de faire partie de cette organisation ».
« Au regard de l’actualité, des débats de société sur cette organisation, il y a une forme d’hypocrisie à dire qu’on peut qualifier n’importe qui de Frère musulman, qu’on ne peut pas être condamné en diffamation, parce qu’il n’est pas interdit de faire partie de cette organisation. »
Mourad Jabri, président de l’association de l’association Valeurs et Réussite a tenu, de son côté, a démentir la révélation diffamante du journal : « Il n’y a aucun lien entre l’association et les Frères musulmans ».
Il assure que son association a « subi une injustice » aux « conséquences dramatiques sur un projet d’intérêt public » sous à la publication de l’article dans Charlie Hebdo.
Annulation soudaine d’une vente de terrain
L’école confessionnelle, qui accueille une quarantaine d’élèves du CP au CM2, comptait agrandir ses locaux en achetant un terrain et passer sous contrat avec l’Etat. Le 27 juin 2022, le conseil municipal de Valence vote la vente au bénéfice de l’association d’un terrain de 8 4000 m2 pour la somme de 500 000 euros.
En juillet 2022, la préfecture se rétracte finalement suite à une note « blanche » du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation. La municipalité annule la vente, pour des motifs d’urbanisme, le 3 octobre 2023.
Selon Mourad Jabri, l’article de Charlie Hebdo publié juillet 2022 aurait mené à l’annulation de la vente du terrain promis. Bruno Carasari, élu ex-LREM du conseil municipal de Valence, voyait dans cette vente un « risque pour la laïcité ». La décision du tribunal judiciaire de Valence sera rendue le 21 décembre.
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