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Paris/Alger : Abdelkader au centre des relations diplomatiques

Paris/Alger : l'émir Abdelkader au centre des relations diplomatiques Mizane.info

Les reliques de l’émir Abdelkader sont au cœur d’une négociation entre Alger qui réclame leur restitution et Paris qui doit voter une nouvelle loi pour le faire. Focus.

Le château d’Amboise, prisé par les rois de France et Léonard de Vinci, a été le lieu de captivité de l’émir Abdelkader le célèbre chef politique algérien opposé à la colonisation de l’Algérie au XIXe siècle. Entre 1848 et 1852, Abdelkader chef de guerre et homme de foi, a été détenu avec une centaine de proches dans ce château au bord de la Loire après avoir combattu les troupes françaises pendant les premières étapes de la colonisation de l’Algérie.

Les conditions d’une visite du président algérien en France

Après quinze ans de guérilla, il avait renoncé aux armes en 1847, obtenant la promesse d’un exil en Orient qui n’a pas été respectée par la France. L’émir Abdelkader, complexe personnage, héros de la résistance algérienne et décoré de la Légion d’honneur française en 1860, revient au centre des préoccupations diplomatiques entre la France et l’Algérie.

Actuellement, la restitution d’objets symboliques appartenant à l’émir, tels qu’un sabre, un burnous, son Coran et sa tente, est devenue une condition importante pour la visite en France du chef de l’État algérien Abdelmadjid Tebboune. Ces objets font également l’objet de discussions au sein d’une commission d’historiens franco-algérienne créée en 2022.

Les membres de cette commission, en janvier, se sont rendus au château d’Amboise pour retracer les traces de l’émir. Les pièces où Abdelkader et sa suite étaient emprisonnés ont été réaménagées pour refléter l’époque de la royauté.

24 proches de l’émir enterrés en France

L’histoire complexe de l’émir Abdelkader devient donc un élément central des efforts de la France et de l’Algérie pour apaiser leurs relations et traiter les « mémoires brisées ». « Il y a très peu de signes qui rendent perceptible sa captivité et cela crée parfois de la frustration chez ceux qui viennent se recueillir », reconnaît Marc Métay, historien et directeur du château.

Dans les jardins du château d’Amboise, des stèles funéraires en arabe honorent 24 proches de l’émir Abdelkader décédés sur place. Le château entreprend différents projets pour mieux expliquer sa captivité.

Cependant, en Algérie, des historiens craignent que l’image de l’émir soit figée en France en tant que « perdant magnifique », négligeant sa fibre insurrectionnelle. En France, la célébration d’un héros algérien et musulman suscite des controverses, illustrées par la dégradation en 2022 d’une œuvre érigée à sa mémoire à Amboise.

La restitution des objets demandés par Alger, tels que le sabre et le burnous, s’avère compliquée. Ces artefacts appartiennent au musée français de l’Armée, affirmant les avoir obtenus régulièrement, le premier remis par l’émir en 1847, le second offert par son fils. « Les œuvres considérées (burnous, sabre…) ont été acquises légalement par l’Etat français par don de la famille d’Abdelkader », expliquait Jean-Luc Martinez, l’ex-directeur du Louvre, dans un rapport de 2021.

Une nouvelle loi

Pour satisfaire Alger, la France doit adopter une nouvelle loi autorisant la restitution de biens culturels. Bien que la ministre de la Culture, Rachida Dati, ait exprimé son intention de porter cette loi, aucun calendrier n’a été rendu public. Pendant ce temps, la circulation des objets liés à l’émir en France est étroitement surveillée. En octobre, les autorités algériennes ont découvert qu’un sabre allait être mis aux enchères en France, qu’elles ont finalement acquis.

De plus, la vente aux enchères d’un manuscrit islamique, présumé pris à l’émir par l’armée française en 1842, a été annulée après la mobilisation de la communauté algérienne. « Ce manuscrit était dans le garage d’une famille dont les aïeux étaient en Algérie », a déclaré le commissaire priseur Jack-Philippe Ruellan qui a finalement cédé le document aux autorités algériennes. « C’est important que ces objets reviennent dans les meilleures mains possibles. »

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