Un couple palestinien originaire de Gaza, résidant à Rennes avec leurs trois enfants, est confronté à une menace d’expulsion. La préfecture d’Ille-et-Vilaine leur a remis une obligation de quitter le territoire Français (OQTF) plongeant la famille dans l’incertitude. Zoom.
Une famille gazaouie, établie près de Rennes depuis 2018, est confrontée depuis mai 2023 à une possible expulsion alors qu’un massacre est en cours depuis plusieurs mois dans l’enclave palestinienne.
Les Awad espèrent obtenir le statut d’asile pour éviter une expulsion après qu’une obligation de quitter le territoire leur ait été délivrée par la préfecture en mai dernier. Ils vivent dans l’angoisse pour leurs proches restés à Gaza et pour leur propre avenir en France.
En France depuis 2016
Ibrahim Awad, 37 ans, est arrivé en France en 2016 avec un titre de séjour temporaire. Il a quitté Gaza où il était professeur de français. Sa femme Shaden l’a rejoint en 2018. Installés au Rheu, près de Rennes, le couple et leurs trois enfants sont bien intégrés. Les enfants sont scolarisés dans la commune.
Malgré cela, une première demande d’asile pour Ibrahim a été refusée, suivi d’un nouveau refus de titre de séjour en 2022 puis enfin d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) en mai 2023.
Leur avenir en France est donc désormais incertain et exacerbé par la tragédie actuelle à Gaza où des membres de leur famille sont décédés sous les bombes israéliennes. Shaden Awad témoigne :
« Malheureusement, j’ai perdu mon frère à Gaza, notre maison a été bombardée, celle de nos parents aussi. De très nombreux bâtiments sont détruits. Il n’y a pas de vie là-bas et ça nous stresse. Avec ce qui nous arrive en France, on est dans une situation instable »
« C’est vraiment injuste ce qu’il se passe »
Ibrahim Awad ne cache pas son profond désarroi : « C’est vraiment injuste ce qu’il se passe, nous vivons tous les cinq près de Rennes, mes enfants sont scolarisés. J’ai un diplôme de français master 2 à l’université de Rennes 2. Malgré cela, les autorités françaises disent qu’il n’y a pas assez de justificatifs concernant notre intégration en France ».
Sans régularisation, le couple ne peut pas travailler, mais ils reçoivent néanmoins un soutien financier de la part de proches. Ibrahim a même des promesses d’embauche en cas de régularisation.
Une audience devait avoir lieu devant le tribunal administratif de Rennes le 23 janvier 2024 suite au recours déposé par le couple contre l’OQTF. L’audience a du être reportée car l’avocate de la défense avait reçu trop tardivement le mémoire du préfet justifiant les expulsions.
Le préfet requiert une expulsion vers la Cisjordanie
Le rapport du préfet d’Ille-et-Vilaine reconnaît que « la situation sécuritaire dans la bande de Gaza est très dégradée » mais il suggère tout de même la Cisjordanie comme pays de renvoi citant une relative stabilité : « il parait concevable que les intéressés puissent s’y installer » s’avance e représentant de l’État.
L’avocate du couple souligne qu’il n’est pas souhaitable les enfants du couple puissent poursuivre leur scolarité en Cisjordanie du fait d’un suivi médical de leur fille aînée en France pour un syndrome post-traumatique lié à ses jeunes années passées à Gaza
Dans un communiqué datant de février, la préfecture précise qu‘« aucun éloignement vers la Palestine n’est organisé dans le contexte actuel ».
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