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L’intelligence artificielle, une intelligence factice 2/2

L’Intelligence artificielle, une intelligence factice Mizane.info

Seconde partie de la chronique d’Il Solitario sur les motivations et les conséquences de la révolution de l’intelligence artificielle sur la condition humaine. Dans cet opus, l’auteur nous explique que « s’il est évident que rien d’artificiel ne pourra jamais égaler l’Homme en termes de profondeur – si la machine ne peut jamais devenir Homme – l’on fera tout pour que l’Homme devienne machine. »

L’intelligence artificielle (IA) se réfère à la capacité, des machines, des systèmes informatiques ou des algorithmes, à simuler une intelligence humaine. Elle propose des compétences telles que :

. La résolution de problèmes : en utilisant les algorithmes et des méthodes de raisonnement.

. L’apprentissage automatique : en intégrant et en prenant en compte de nouvelles données sans intervention humaine.

. Le Traitement du Langage Naturel (NLP) : qui permet aux machines de comprendre le langage humain, qui permet d’interagir dans les chatbot, d’analyser un texte, de générer du contenu, etc.

. La reconnaissance faciale et de forme

. La prise de décision : certains systèmes d’IA sont capables de prendre des décisions basées sur des données et modèles préétablis.

. L’autonomie : par des systèmes autonomes capables d’effectuer des tâches avec le moins d’intervention humaine possible (voitures autonomes, drones, robots industriels…)

L’utilisation de l’IA a vocation à créer des outils informatiques capables de traiter rapidement un grand nombre de données, tout en essayant – et c’est là, la différence avec l’ordinateur classique – de s’approcher de certaines capacités cognitives humaines, telles l’interaction, l’apprentissage, la prise de décision, etc.

Il semble y avoir aujourd’hui beaucoup d’espoir dans l’Intelligence artificielle si l’on en croit les investissements massifs dans ce domaine, des GAFA aux universités de recherche, des gouvernements aux Industries. De nombreuses personnalités en font la promotion, que ce soit Elon Musk, Jeff Bezos, Harari ou encore Laurent Alexandre en France. Aucun d’entre eux ne manque de superlatif pour en vanter les mérites ; L’IA devrait bien révolutionner tous les secteurs de la société.

.Dans la santé : par la détection précoce et précise de certaines maladies comme le cancer, dans la personnalisation des traitements en fonction des données génétiques du patient.

.Dans la finance : par la détection de fraude et de crédits à risques, par l’optimisation des investissements.

.Dans l’environnement : par l’optimisation des ressources naturelles, par la gestion des déchets, par la surveillance des écosystèmes.

Dans l’Énergie, dans la gestion des villes, dans la créativité etc. ; les maîtres mots sont l’efficience, l’optimisation et la prise de décision, en prenant en considération d’innombrables données en des temps infimes.

Toutefois l’idée de laisser des domaines tels que l’éducation, la justice, la politique, l’ingénierie sociale ou encore le corps humain au discernement artificiel d’une IA, peut légitimement susciter de vives interrogations. Les spécialistes des IA sont d’ailleurs attentifs aux problèmes éthiques, philosophiques et au besoin de régulation de cette technologie. Cependant, lorsqu’on jette un simple regard sur ceux qui en font la promotion – des GAFA, au WEF – on est en droit de s’inquiéter sur les raisons de tels investissements et de douter des régulations qui en seront faites.

Malgré toutes les promesses, l’IA semble pour l’heure réduite à n’être qu’un programme, contenant de grandes puissances de calcul et de surprenantes capacités de décision et d’exécution. Elle ressemble encore, comme le dit Laurent Alexandre lui-même, « à un autiste atteint d’une forme grave d’Asperger, qui peut apprendre le bottin téléphonique par cœur ou faire des calculs prodigieux de tête, mais incapable de préparer un café… »

D’un point de vue purement métaphysique « l’intelligence artificielle » est un non-sens, puisque l’intelligence entendue au sens universel (l’intellect pur et transcendant), est au delà des facultés humaines ; comment dès lors, l’intelligence pourrait-elle être artificielle ?

Ce que l’on entend par « intelligence » dans son sens commun, n’est en réalité que la Raison, une faculté humaine et l’intelligence dite artificielle n’est en fait, comme son nom l’indique, qu’une intelligence factice ou une singerie de l’intelligence, ce qui revient au même.

Lorsque l’on parle d’Intelligence Artificielle, – on devrait plutôt dire « raisonnement artificiel » ou encore « logique artificielle » – Il ne peut s’agir que d’une « intelligence» extrêmement réduite, puisqu’elle n’est qu’une imitation de la plus infime partie d’une faculté humaine, c’est-à-dire, la raison réduite à ses opérations les plus élémentaires, celles qui ont un rapport avec l’utilitarisme le plus matériel.

Une curiosité à remarquer tout de même : la machine surpasse de très loin les capacités physiques de l’Homme ; l’intelligence artificielle surpasse quant à elle largement ses capacités de calcul, de mémoire et de vitesse d’exécution ; ce qui demeure en soi, tout de même très intriguant lorsqu’on y réfléchit.

Cependant aucune machine, aucune IA aussi perfectionnées soient elles ne pourront jamais égaler l’Homme en termes de profondeur, car elles ne possèdent pas de sens pour réceptionner toutes les subtilités du monde ; aucun prompt ne pourra jamais reproduire le sentiment de plénitude procuré par la contemplation de la mer un soir d’été, une glace à la main, en compagnie de ses enfants. Cela restera pour elle à jamais étranger, car il ne s’agit pas de ces choses qui sont de l’ordre du calcul.

Aucune d’entre elles ne pourra jamais reproduire des émotions à moins de les singer, parce que les IA ne possèdent pas de système nerveux, pas de chimie interne, pas d’hormones, ni de sang venant faire le lien entre le corps et la psyché. Aucune IA ne pourra jamais s’intéresser profondément au « pourquoi » des choses, aux questions existentielles, qui poursuivent l’homme depuis toujours : qui suis-je, d’où viens je, où vais-je. Parce que l’IA n’est rien de réel, elle n’est qu’une simulation, un assemblage d’algorithmes sans esprit. Le monde obéit à des lois, comporte des limites naturelles auxquelles même l’artificiel doit se soustraire.

Sortis des considérations métaphysiques, il n’y a que l’illusion et l’imaginaire qui puissent simuler le dépassement de la nature ; c’est sans doute ici qu’on peut comprendre le récit de l’utopie transhumaniste. Car s’il est évident que rien d’artificiel ne pourra jamais égaler l’Homme en termes de profondeur – si la machine ne peut jamais devenir Homme – l’on fera tout pour que l’Homme devienne machine.

C’est le défi de l’hybridation, des interfaces cerveau-machines, des puces et nanotechnologies greffées sous la peau, c’est en tout cas le défi de ceux qui semblent vouloir à tout prix, se faire Dieux, créateurs de nouveaux types de Golems.

La fantaisie Transhumaniste

La paternité du terme « transhumanisme » est attribuée à Julian Huxley, fondateur de l’UNESCO. Il est notamment le frère d’Aldous Huxley, auteur du célèbre roman dystopique « Le meilleur des mondes ». Dans l’étymologie du terme, l’on retrouve le préfixe : trans- qui suggère le dépassement, le fait de passer outre, d’être au-delà ; et humanisme, qui signifie nature humaine, culture humaine.

L’on retrouve dans le terme humanisme : homo, avec le suffixe –isme suggérant une idéologie, un comportement. Le transhumanisme est un courant de pensée prônant l’utilisation des sciences et des technologies, notamment la biotechnologie, l’intelligence artificielle et les neurosciences, pour améliorer les capacités physiques et cognitives de l’Homme en les poussant au-delà de ses limites naturelles. Le transhumanisme suggère le passage à un autre type d’Homme.

Voici quelques-unes des surréalistes promesses de ce courant :

. L’Amélioration physique : le transhumanisme propose l’utilisation de prothèses, d’implants et d’autres technologies pour augmenter les capacités physiques de l’Homme, telles que la force, la vitesse et la résistance.

.L’Amélioration cognitive: elle vise à développer des méthodes d’augmentation de la mémoire et des capacités mentales en général, notamment à travers des interfaces cerveau-ordinateur et des thérapies géniques.

.L’Immortalité: certains courants transhumanistes suggèrent la possibilité de vaincre le vieillissement et même la mort, en utilisant la médecine régénérative, les nanotechnologies et d’autres avancées médicales.

.L’Exploration spatiale: le transhumanisme encourage la colonisation de l’espace en vue d’assurer la survie de l’humanité et l’exploration de nouveaux horizons.

.L’humanité à deux vitesses : le courant suggère que l’humanité risque d’être scindée en deux entre d’un côté ceux qui auraient la chance de bénéficier de cette hybridation, et ceux qui seraient laissées à leur condition d’Hommes, ratant le wagon de l’évolution.

Sous ses puérils airs de science-fiction, le transhumanisme – comme pour l’intelligence artificielle qui lui est intimement liée – fait curieusement l’objet d’investissements colossaux de la part de puissants personnages de premier plan, que nous avons déjà cités ; et l’on peut légitimement se demander, ce qui se cache réellement derrière le narratif fantaisiste de l’hyper classe.

Klaus Schwab en tant qu’adepte du transhumanisme, prévoit par exemple l’implantation de micropuces sur les vêtements d’abord, puis sous la peau, et dans le cerveau d’ici 2026. Il déclare la possibilité d’établir une « communication directe entre notre cerveau et le monde digital », en mettant l’accent sur les performances humaines augmentées et sur la possibilité de la « longévité » qui sous-entend la défiance de la mort.

Dans ses livres, il affirme que l’on approche des temps, où non seulement les avancées technologiques « vont changer la façon dont nous vivons et travaillons », mais aussi et surtout « remettre en question les idées, sur ce que signifie être humain». Voici le nouveau marché à conquérir, celui du corps humain, dans l’utopie du dépassement de la condition humaine.

Lorsque l’on possède un minimum de connaissances du paradigme traditionnel, on peut percevoir par le récit transhumain, toute l’absurdité de la pensée moderne arrivée au bout de sa logique. Seuls ceux dont le discernement a pu être profondément altéré par les conditionnements, peuvent réellement se laisser bercer par de telles illusions.

Bien des auteurs ont déjà abordé la civilisation des machines, que ce soit Georges Bernanos, Virgil Gheorghiu ou René Guénon ; tous ont plus ou moins décrit l’individu moderne comme étant symboliquement un croisement entre l’Homme et la machine. S’ils avaient certainement vu juste, pouvaient ils s’imaginer à quel point l’Homme se laisserait mécaniser et virtualiser, dans de telles proportions ?

Considérer « l’Homme augmenté  » par le progrès technique comme idéal à atteindre, comme finalité, c’est réduire la grandeur potentielle de l’Homme à un vulgaire gadget dans l’existence, à une babiole que l’on pourrait encore optimiser. L’Homme peut effectivement devenir chaque jour plus sophistiqué, mais jamais dans ces conditions il ne devient meilleur. L’Homme ne peut changer vraiment qu’intérieurement et « l’augmentation » dont il s’agit ici, si elle avait effectivement lieu, ne pourrait être que quantitative et jamais qualitative.

D’un point de vue Traditionnel il est surtout vivement recommandé à l’Homme de se déposséder de lui-même, de son moi égotique, jamais il n’est question d’être augmenté en quoi que ce soit, surtout pas en prolongement artificiels de lui-même. L’on dit encore dans la perspective des anciens, qu’il a à se dépasser, mais le dépassement dont il s’agit n’a rien de commun avec le fait de dépasser des capacités horizontales dans des considérations évolutionnistes. La conquête se joue intérieurement, il s’agit de dépasser son individualité pour atteindre des états supérieurs.

Si, symboliquement, on peut considérer les anges comme les états supérieurs de l’être, les cyborgs quant à eux, en seraient la parodie terrestre et représenteraient bien les états les plus inférieurs, alors matérialisés. Peut-il y avoir plus absurde que la prétention d’accéder à l’éternité précisément où elle ne peut se trouver, c’est-à-dire dans la manifestation d’un monde limité par définition ? Le transhumanisme est bel et bien une fable pour des singes, des Hommes involués, en demande de sophistication ; c’est bien là un aveu, celui d’un matériel humain des plus détérioré.

Le transhumanisme n’est qu’une idéologie du monde marchand, il est le témoignage d’une époque où plus rien n’est réel, une société où même les désirs de grandeur sont virtuels. On a réussi à faire croire que la profondeur de l’Homme dans ce qu’il a de plus mystérieux, pouvait être réduite à un développement personnel virtuel.

Vers la transhumance virtuelle

Peu a peu tout a eu lieu sur internet, cet espace dématérialisé ; les démarches administratives, les achats, la culture, les interactions, les rencontres, le partage, aujourd’hui le télétravail. La virtualisation s’est rendue indispensable pour accéder simplement à ses droits les plus élémentaires, à tel point que dans cette inversion moderne, ce sont désormais les jeunes qui enseignent aux vieillards, non plus les sagesses de la vie, mais le passage à la pixellisation de l’existence ; celle qui nous a progressivement fait perdre le contact avec la réalité : un espace dématérialisé pour un Homme désincarné.

Dans un tel système artificialisé, un monde de robots pour semi-robots, l’Homme n’est pas de taille face à la machine intelligente. Les architectes d’un tel système virtuel sophistiqué, plus puissants que jamais, ont fait main basse sur une nouvelle denrée : la Data, ces données, qui sont comme une ombre virtuelle de nous-mêmes et qui en savent plus sur nous, que ce que nous en savons-nous même. Ce n’était là que les premiers boulons d’une gigantesque machine qui risque effectivement de révolutionner le monde.

On rappelle une fois de plus, que l’idéologie transhumaniste est promue par les milliardaires des GAFA, par le WEF et par l’ONU, il y a donc quelque chose à prendre très au sérieux derrière les abracadabrantes promesses pour grands enfants. Le projet semble se décliner selon deux axes : d’une part, l’hybridation de l’Homme et de la « machine intelligente » ; d’autre part, les univers virtuels immersifs à l’image du « Metavers » ; tout cela relié par une hyper connectivité.

L’augmentation dont il est question pourrait simplement servir de prétexte à l’implantation de micro-puces sous la peau, faisant office d’identité numérique et servant d’interface avec un réseau centralisé. L’amélioration des fonctions cognitives pourraient être en réalité la greffe de simples gadgets connectés avec lesquels l’IA viendrait nous suggérer les meilleurs choix. Car dans la société du meilleur des mondes, au cœur des smart citys, il pourrait bien ne pas y avoir besoin de matraques, la seule injonction au bien être personnel et collectif pourrait suffire. Les nouvelles « e-races » d’Hommes hyper connectés, pourraient se charger eux même de désactiver socialement les « mauvais citoyens » par le système de notation du « crédit social ».

Les améliorations physiques pourraient n’être quant à elles, que de vulgaires prothèses comme il en existe déjà, dans des versions sans doute plus sophistiquées. Dans un tel monde les naissances seraient rigoureusement régulées et bientôt les couveuses artificielles remplaceraient la procréation naturelle. Les questions politiques pourraient bien être léguées aux IA, capables de prendre des décisions grâce à leur capacité à gérer d’innombrables paramètres. Les décisions ne seraient pas contestables puisque la machine est neutre, sans conflits d’intérêts et bien plus efficiente que les humains.

La conquête spatiale procurerait, comme elle l’a toujours fait, d’incroyables voyages faits d’images de synthèses, elle pourrait être vécue en immersion, grâce aux casques de réalité virtuelle. L’espace dématérialisé où pourrait se dérouler la vie rêvée, la nouvelle socialisation, serait celle du Metavers. Voilà un moyen idéal de se débarrasser des inutiles en les enfermant dans des réserves, dans des zoos virtuels – en introduisant le chimpanzé dans le Métavers.

L’IA a déjà traversé l’écran pour entrer dans le monde réel, pénétrant jusque dans la chair ; l’Homme a quant à lui, traversé l’écran pour s’immerger dans le virtuel. Car derrière ces slogans de science-fiction l’enjeu n’est pas tellement celui de créer des intelligences ou des robots qui pourraient se rapprocher de l’Homme, mais plutôt d’artificialiser l’Homme ; il ne s’agit pas de robot humanisé, mais d’Hommes dénaturés, jusqu’à êtres désincarnés et dont l’intelligence a été rendue artificielle.

Derrière la sympathique mythologie pour décérébrés, nul doute que si le monde dystopique ne parvenait pas à s’imposer par le rêve qui nous est vendu et par l’adhésion à celui-ci, il s’imposerait inévitablement par les crises mondiales, provoquées par les ingénieurs du nouveau modèle de société humaine. Le Coco Circus en aura été un parfait exemple, par l’instauration de l’architecture du contrôle, par l’ingénierie sociale, sous des prétextes sanitaires.

De l’imposition de QR codes, de systèmes de pass, en passant par des injections de produits inconnus sous la peau, pour pouvoir accéder à la vie sociale ; toutes ces choses ont été savamment pensées et n’ont pas pu arriver spontanément sur le devant de la scène.

Mais les masses hypnotisées, trop occupées à être plongées dans les Smartphones (les téléphones intelligents), plutôt que de vivre des vies d’Hommes, semblent avoir accepté depuis longtemps cette transhumance virtuelle, cette singerie de l’existence. Ce n’est qu’à une époque comme la nôtre, celle de fin de cycle, que le Métavers puisse devenir une singerie de la Métaphysique, que l’Intelligence Artificielle puisse devenir la singerie de l’Intelligence, que la Data puisse être une singerie du « connais-toi toi-même », que l’Homme augmenté puisse être la singerie de l’Homme réalisé.

Au delà de la volonté de créer un nouvel ordre et de mettre les masses humaines sous « bracelet électronique », tout cela ne ressemblerait il pas à une forme de « Nouvel Age » ? Promettant bien être et société idéale dans le devenir grâce aux progrès de la science, le courant transhumaniste semble étrangement se rapprocher d’une forme avancée de « spiritualité » à rebours.

Il Solitario

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