Lors de la cinquième réunion de la commission d’historiens français et algériens, Alger a transmis une liste de biens historiques à restituer par la France. La majorité de ces biens ont appartenu à l’émir Abdelkader ainsi qu’une centaine d’objets, de manuscrits et de textes. Explications
Une commission composée d’historiens français et algériens s’est réunie pour la cinquième fois lundi dernier. A cette occasion ,Alger a présenté « une liste ouverte de biens historiques et symboliques de l’Algérie du XIXe siècle, conservés dans différentes institutions françaises, proposés à la restitution ».
Face à cette requête, les historiens français se sont engagés eux à « transmettre au président Emmanuel Macron la liste transmise par la partie algérienne, afin que les biens qui peuvent retrouver leur terre d’origine puissent l’être le plus rapidement possible ».
Des biens capturés durant la guerre
En août 2022, une commission mixte composée de dix historiens a été établie par les présidents Emmanuel Macron (France) et Abdelmadjid Tebboune (Algérie). Cette commission est chargée d’étudier la période de la colonisation française en Algérie, de 1830 à 1962.
A l’issue de la 5e édition de cette commission, l’Algérie a établi une liste de demande de restitutions des « biens historiques et symboliques de l’Algérie du XIXe siècle ». Cette liste contient principalement les biens de l’émir Abdelkader, figure emblématique de la résistance algérienne.
Parmi les objets réclamés figurent la tente de commandement, le sabre, le fusil, le pistolet, la bague, le Coran et le chapelet de l’émir, actuellement répartis entre le Musée de l’Armée aux Invalides et le Musée de Condé à Chantilly. Ces musées possèdent des armes et objets saisis lors de la capture de la smala de l’émir.
Des armes algériennes exposées sur la place publique
En outre, Alger demande la restitution de traités et ouvrages ayant appartenu à l’émir, conservés au Musée de Condé, au Service historique des armées de Vincennes et à la Bibliothèque nationale de France. Ces textes sont essentiels pour l’histoire de la résistance algérienne contre les forces françaises durant la conquête de l’Algérie (1830-1847).
La demande algérienne inclut aussi des pièces d’artillerie prises par l’armée française trônant toujours actuellement sur des places publiques en France. C’est notamment le cas du canon de Baba Merzoug, obtenu après la prise d’Alger en 1830. Dans un rapport remis à Emmanuel Macron en janvier 2021, l’historien Benjamin Stora avait déjà proposé sa restitution à l’Algérie.
En France, un collectif comprenant Benjamin Stora et Lilian Thuram réclame également la restitution des étendards des résistants et de la clé de la ville algérienne, dont l’armée coloniale massacra plus des deux tiers des habitants en 1852. L’Algérie demande la restitution de ces symboles, actuellement conservés au Musée de l’Armée et au Musée de l’Empéri à Salon-de-Provence.
Les restitutions s’annoncent compliquées
Alger réclame la restitution de ses biens avant la visite du président Tebboune en France prévue en septembre. Toutefois, la restitution de ces biens pose des problèmes juridiques en France, où les biens des musées nationaux sont « inaliénables et imprescriptibles ».
Le musée Condé à Chantilly aurait été légué par le duc d’Aumale – un des commandants en charge de la conquête de l’Algérie – à l’Institut de France, à condition « qu’aucune pièce ne sorte des collections du château ».
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