Dans une nouvelle réforme de l’obtention de la nationalité, l’Allemagne simplifie considérablement les délais et supprime plusieurs contraintes. Toutefois, pour obtenir le précieux sésame, les candidats doivent désormais reconnaître le « droit de l’État d’Israël à exister » et admettre « la responsabilité de l’Allemagne dans la Shoah« . Focus.
Portée par la coalition « en feu tricolore » dirigée par le chancelier social-démocrate Olaf Scholz et adoptée au Bundestag le 19 janvier dernier, la réforme de l’accès à la nationalité en Allemagne est entrée en vigueur jeudi.
Cette réforme assouplit les conditions d’obtention de la nationalité. Cependant, elle introduit une nouvelle restriction : les candidats devront désormais reconnaître le « droit de l’État d’Israël à exister » et la responsabilité de l’Allemagne dans la Shoah pour obtenir la nationalité allemande.
Les conditions d’obtentions fortement allégées
La nouvelle loi sur la naturalisation est entrée en vigueur jeudi 27 juin. Selon Der Spiegel, cette réforme pourrait concerner au moins 5,3 millions d’étrangers résidant en Allemagne depuis au moins 10 ans, parmi les 12 millions présents dans le pays. Globalement, la réforme assouplit les conditions d’obtention de la nationalité. La ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, s’est félicité de cette mesure :
« Quiconque partage nos valeurs et fait des efforts peut désormais obtenir un passeport allemand plus rapidement et n’est pas obligé de renoncer à une partie de son identité avec l’ancienne citoyenneté »
Les délais d’obtention sont réduits de 8 à 5 ans, et accélérés en cas d’intégration exemplaire, comme une maîtrise avancée de la langue ou un engagement bénévole. La réforme inclut également une clause permettant à l’État de revenir sur la naturalisation dans un délai de 10 ans en cas de fraude. La ministre Nancy Faeser souligne :
« Nous l’avons également dit clairement: celui qui ne partage pas nos valeurs ne pourra pas obtenir de passeport allemand. Ici, nous avons tracé une ligne rouge très claire et rendu la loi beaucoup plus stricte qu’auparavant »
Reconnaître l’existence de l’État d’Israël
Malgré l’assouplissement générale de cette mesure, quelques restrictions sont tout de même à notifier : désormais, les candidats doivent répondre à des questions sur l’antisémitisme, le droit de l’État d’Israël à exister, la vie juive en Allemagne et la responsabilité historique de l’Allemagne vis-à-vis du national-socialisme.
Parmi les questions présentes dans le test d’obtention, on retrouve, par exemple : « Comment s’appelle le lieu de culte des juifs ? Quand l’État d’Israël a-t-il été fondé ? Pourquoi l’Allemagne a-t-elle une responsabilité particulière vis-à-vis d’Israël ? »
Cette réforme est très critiquée par l’opposition. Alexander Dobrindt, une des figures de la CSU, accuse le gouvernement de « brader le passeport » tandis que le parti de droite l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) dit regretter que cette mesure « assouplisse les exigences pour obtenir le bien le plus précieux qu’un état puisse offrir ». La coalition au pouvoir justifie, de son côté, cette nouvelle loi « en raison du grand déficit d’emplois et de travailleurs qualifiés ».
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