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L’universitaire français François Burgat, grand spécialiste de l’islam politique, a été placé en garde à vue quelques heures après une convocation pour apologie du terrorisme. Un cas qui illustre la dérive d’état antilibérale de l’actuel pouvoir. Billet.
Avec la garde à vue prononcée à l’encontre de l’universitaire français François Burgat ce 9 juillet, un pas de plus vers l’autoritarisme, la démocrature ou l’illibéralisme, pour reprendre quelques-uns des néologismes les plus en vogue ces dernières années, a visiblement été franchi.
François Burgat avait republié le 2 janvier 2024 un commentaire d’un écrivain israélien, Aaron Mizrahi, concernant l’attaque du 7 octobre par le Hamas. A la suite de ce retweet, une plainte a été déposée par l’OJE (Organisation Juive Européenne), une officine pro-israélienne.
Convoqué le 9 juillet au commissariat de police d’Aix-en-Provence pour apologie de terrorisme, le chercheur français a été placé 7 heures en garde à vue avant d’être libéré.
Cette convocation et cette garde à vue ne sont pas les premières du genre. On se souvient de la convocation prononcée à l’encontre des députés LFI Rima Hassan et Mathilde Panot, sans placement en garde à vue. De nombreux autres citoyens anonymes, essentiellement de confession musulmane, ont été placé aussi en garde à vue à l’instar de Radia Ayad.
Une dérive institutionnelle
Ce type de procédé dangereux doit nous alerter sur l’état des libertés démocratiques en France qui ne cessent de reculer jusqu’à nous faire sortir de l’espace du droit.
Le délit d’opinion, l’atteinte à la liberté d’expression, la violation des droits civiques, l’intimidation et la pression politique exercée contre François Burgat doivent être pris pour ce qu’ils sont : une garde à vue comme modalité d’une mise en garde des intellectuels français.
L’avertissement politique est clair : toute prise de position dénonçant les crimes d’états israéliens commis en Palestine seront sévèrement sanctionnés. Plus d’une trentaine d’universitaires l’ont bien compris en signant une pétition publiée par l’Humanité pour soutenir M. Burgat.
« Il y a peu encore, l’expertise de François Burgat sur les questions portant sur le « terrorisme » était sollicitée par des institutions comme l’Assemblée nationale, le Sénat, le commandement militaire de l’OTAN ou encore la Cour d’assises antiterroriste à Paris. Ce passage d’expert à suspect témoigne du vent mauvais qui souffle en France contre les droits et libertés. En particulier contre les libertés de recherche et d’expression ».
Lorsque le garde à vous médiatique, auquel l’opinion publique française a eu le droit durant des mois quand on assassinait librement des vies palestiniennes, ne suffit plus, la garde à vue comme mise en garde de tous ceux qui se refusent à servir de chiens de garde prend le dessus. A ce propos,la remise de la légion d’honneur, le même jour que cette garde à vue, à Florence Bergeaud-Blackler et Caroline Fourest ont incontestablement valeur de symbole et de message politique.
Le devoir de résistance civique
La garde à vue de François Burgat est donc la dernière manifestation en date de cette politique autoritaire et sans complexes qui s’engage à modifier la nature des institutions françaises, des corps d’états et des services publics pour les détourner au profit de politiques mercenaires qui ne servent ni la France, ni sa grandeur désormais déchue.
Ce type de manœuvre d’intimidation auquel le parquet et les préfecture elles-mêmes dépendantes du ministère de l’Intérieur, instances hautement politiques, ont trop souvent recours doit faire face à un mur de résistance civique, citoyen et même spirituel car la nature de l’esprit engagé dans l’un ou l’autre côté de cette ligne de démarcation qu’est le respect du droit et de la justice déterminera nécessairement l’issue favorable ou défavorable de ce nouveau bras de fer imposé par le pouvoir.
Dans ce type de confrontation administrative, le succès ne dépend pas seulement de la force de coercition déployée par un pouvoir contre des individus mais avant toute chose de la nature de la cause défendue et de la noble détermination qu’ils engageront à cette fin.
La loi de l’Histoire
Sur ces deux derniers points, le succès est incontestablement du côté des acteurs engagés pour la fin de l’occupation de la Palestine, ainsi que pour la condamnation pour crimes et complicité de crimes de guerre et crimes contre l’humanité de tous les officiels israéliens et de leurs relais médiatiques en France.
Selon la revue médicale britannique The Lancet, le bilan réel des victimes palestiniennes de Gaza tuées par Israël atteint le nombre exorbitant de 186 000 morts (bombardements, blessures, famines, etc), soit 7,9 % de la population. Cela s’appelle un génocide et l’Histoire ne l’oubliera pas.
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Une réponse
Cette dérive McCarthyste est insupportable! La liberté d’expression et de pensée se réduit comme peau de chagrin ,sous l’influence de Faussaires aux ordres. « Français, encore un effort pour être républicains ! »