Des experts, mandatés par le Conseil des droits de l’Homme, affirment avoir reçu « des informations étayées » faisant état de nombreux cas de torture, d’agressions sexuelles et de viols de prisonniers Palestiniens en Israël. La récurrence des abus permet de conclure à une politique de « maltraitance institutionnalisée ». Explications.
Dans un communiqué publié le lundi 5 août, dix experts de l’ONU mandatés par le Conseil des droits de l’Homme ont mis en garde contre « l’escalade du recours à la torture par Israël » contre les prisonniers palestiniens. Ils affirment avoir reçu « des informations étayées » faisant état de nombreux cas de torture, d’agressions sexuelles et de viols « dans des conditions inhumaines atroces ».
L’ONG israélienne B’Tselem, dans son dernier rapport publié lundi soir, détaille les mauvais traitements reçus par 55 anciens prisonniers palestiniens dans 16 prisons différentes.
Une situation d’« impunité absolue »
Une commission d’experts de l’ONU, composée de quatre rapporteurs spéciaux, d’un expert indépendant et de cinq membres du Groupe de travail du Conseil des droits de l’Homme, a publié un communiqué ce lundi affirmant avoir reçu « d’innombrables témoignages » sur les conditions des détenus Palestiniens.
Ces témoignages décrivent « des prisonniers enfermés dans des cages, attachés à des lits, les yeux bandés et portant des couches, dévêtus, privés de soins de santé adéquats, de nourriture, d’eau et de sommeil ». Le rapport mentionne également des cas de tortures, incluant « électrocutions, y compris sur les parties génitales, au chantage et à des brûlures de cigarettes ».
Les experts dénoncent une situation d’« impunité absolue » et critiquent le « silence des États face à ces allégations ». Ils appellent à faire pression sur Israël pour instaurer un système de surveillance et de protection des détenus palestiniens.
53 prisonniers de Gaza morts en moins d’un an
Selon un rapport du Haut-Commissariat publié le 31 juillet, au moins 53 prisonniers de Gaza et de Cisjordanie sont morts durant leur détention par Israël entre le 7 octobre et le 30 juin 2024. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a déclaré avoir recueilli des témoignages relatant « une série d’actes épouvantables » :
« Les témoignages recueillis par mon bureau font état d’une série d’actes épouvantables, tels que la simulation de noyade et le lâcher de chiens sur des détenus, entre autres, en violation flagrante du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire »
Depuis le début de la guerre menée par Israël à Gaza, des milliers de Palestiniens, dont des médecins, des malades, des habitants et des combattants faits prisonniers, ont été emmenés de Gaza en Israël, « généralement menottés et les yeux bandés ». Le rapport précise que « ces prisonniers ont souvent été détenus au secret, sans justification de leur détention, sans accès à un avocat et sans contrôle judiciaire ».
Une politique de « maltraitance institutionnalisée »
Les médias Haaretz et The Guardian ont également publié hier le dernier rapport de l’ONG israélienne B’Tselem, qui a recueilli les témoignages de 55 anciens prisonniers palestiniens détenus dans 16 prisons ou centres de détention de l’armée israélienne.
La récurrence des abus a conduit l’association à conclure que les mauvais traitements sont systématiques et organisés, constituant ainsi une politique de « maltraitance institutionnalisée ». Le rapport décrit les prisons israéliennes comme de véritables « camps de torture ».
Le rapport évoque des violences graves, des agressions sexuelles, des conditions de détention insalubres avec surpeuplement des cellules, un rationnement extrême de nourriture, des refus de traitements médicaux, des interdictions de culte, ainsi que des actes de soumission au drapeau israélien.
A lire aussi :