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Mort de Hassan Nasrallah, leader charismatique du Hezbollah

Hassan Nasrallah tué par un bombardement israélien Mizane.info

Samedi 28 septembre, Israël a annoncé avoir tué le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d’une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du groupe au Liban. Le Hezbollah a confirmé cette information dans l’après-midi. Portrait d’un leader charismatique.

Hassan Nasrallah, le chef charismatique du Hezbollah, révéré par ses partisans et redouté pour ses talents stratégiques, a été tué le vendredi 27 septembre. L’armée israélienne a revendiqué la frappe. Le leader du Hezbollah, surnommé le « sayyed », est perçu comme un symbole de la résistance à Israël dans le monde arabe, contrastant avec des régimes arabes accusés d’avoir abandonné la cause palestinienne.

Comparé à des figures révolutionnaires comme Nasser ou Che Guevara, surtout depuis le retrait israélien du sud Liban en 2000, après 22 ans d’occupation, le prestige de Nasrallah a été renforcé en 2006, lors de la guerre de 33 jours où le Hezbollah a résisté aux forces israéliennes. Charismatique, il captive avec ses longs discours remplis de références religieuses et d’humour, mais a vécu toute sa vie sous la menace d’assassinats israéliens.

Itinéraire d’un leader charismatique

Hassan Nasrallah, né le 31 août 1960 dans un quartier populaire de Beyrouth, était l’aîné de neuf enfants d’une famille chiite originaire du sud Liban. Son engagement religieux débute à l’adolescence, inspiré par Moussa Al-Sadr, le leader chiite à l’origine du Mouvement des déshérités.

Pendant la guerre civile libanaise en 1975, sa famille est contrainte de quitter Beyrouth et de retourner dans leur village d’Al-Bazouriye, près de Tyr. Nasrallah, qui enseigne la religion, rejoint le parti Amal fondé par Al-Sadr, s’opposant aux nationalistes panarabes et de gauche.

À 16 ans, Hassan Nasrallah part étudier la religion à Nadjaf, en Irak, où il est formé par le sayyed Abbas Moussaoui, son mentor libanais. Il se fait remarquer par Mohamed Baqir Al-Sadr, figure clé du concept du « veliyat e-faqih », qui prône la primauté du religieux sur le pouvoir politique, un principe adopté par la révolution islamique iranienne de 1979.

Après la disparition mystérieuse de Moussa Al-Sadr en 1978, Nasrallah retourne au Liban pour échapper à la répression du régime irakien. Il rejoint Abbas Moussaoui à Baalbek et gravit les échelons du mouvement Amal.

En 1982, face à l’invasion israélienne du Liban, le mouvement Amal se divise. Nabih Berri, à la tête du parti, opte pour un compromis avec Israël via le Comité de salut national. En revanche, les partisans de la lutte armée, menés par Abbas Moussaoui et issus des rangs islamiques, fondent la résistance islamique au Liban dans la plaine de la Bekaa. Avec l’aide des pasdarans iraniens, ils reçoivent une formation militaire et idéologique.

A 31 ans, Nasrallah prend la tête du Hezbollah

En 1985, à 25 ans, Hassan Nasrallah joue un rôle clé dans la création du Hezbollah. Formé par les Iraniens, il participe à la structuration du parti et à la mobilisation des combattants, d’abord dans la Bekaa, puis à Beyrouth, où le mouvement établit son bastion dans la banlieue sud. Nasrallah rejoint le Conseil consultatif en 1987 et devient président du Conseil exécutif.

Le Hezbollah se transforme en un parti global à travers ses institutions, notamment à Beyrouth, dans la Bekaa et au sud du Liban. Il attire les jeunes avec son opposition à Israël, son discours antiaméricain, et son projet d’un État islamique. Grâce aux accords de Taëf de 1989, il obtient la légitimité de la résistance armée contre Israël et le droit de conserver les armes du Hezbollah.

Après l’assassinat de Moussaoui par Israël en février 1992, Nasrallah le remplace comme secrétaire général et prend rapidement des mesures de représailles, lançant des roquettes sur Israël.

Reconnu pour ses qualités exceptionnelles, il est maintenu à la tête du Hezbollah pendant plus de 30 ans, aux côtés de son adjoint Cheikh Naïm Qassem. Nasrallah renforce son image de chef de guerre avec les succès obtenus contre Israël et amorce l’intégration politique du Hezbollah, notamment en participant aux élections de 1992 et en nationalisant son projet.

La dimension nationale libanaise du parti prédomine sur son caractère transnational, bien que le Hezbollah reste lié à ses alliés du Moyen-Orient. La sympathie populaire grandit après le massacre de Cana en 1996. En 1997, son fils Hadi, âgé de 18 ans, meurt en mission, renforçant l’image de Nasrallah comme un leader prêt à tout sacrifier pour la résistance.

La modestie d’un chef

L’intégrité et la modestie du mode de vie de Hassan Nasrallah contrastent fortement avec la classe politique libanaise, souvent accusée de corruption et de népotisme. Le retrait israélien du sud Liban en 2000 marque un moment de gloire pour le Hezbollah, mais aussi le début de nouvelles tensions. Nasrallah justifie la conservation des armes du Hezbollah par les territoires disputés et les prisonniers libanais en Israël.

Cependant, le parti devient une cible des États-Unis, qui accusent la Syrie de protéger le Hezbollah. La résolution 1559 de l’ONU, votée en 2004, demande le départ des forces étrangères et le désarmement des milices, exacerbant les tensions avec la classe politique libanaise.

L’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri en février 2005 déclenche la révolution du Cèdre. Deux camps émergent : l’Alliance du 14-Mars, qui exige l’application de la résolution 1559 pour désarmer les milices, et celle du 8-Mars, soutenue par Hassan Nasrallah. La guerre avec Israël en 2006 renforce sa légitimité. Nasrallah qualifiera la guerre de « victoire divine ».

L’accord de Doha officialise son importance politique avec une minorité de blocage au gouvernement. Grâce à son influence communautaire, à ses armes et à ses alliances politiques, le Hezbollah devient un parti incontournable, protégeant farouchement ses armes et son autonomie au sein de l’axe de résistance à Israël, sans toutefois s’engager dans la gestion quotidienne du pouvoir.

Un acteur central de la géopolitique

La guerre en Syrie a renforcé la position du Hezbollah en tant que puissance régionale, avec ses conseillers envoyés en Syrie, en Irak et au Yémen pour former des groupes alliés dans l’axe de la résistance. Le Hamas a même repris les tactiques du Hezbollah, comme l’a montré l’attaque du 7 octobre 2023, inspirée par la force d’élite Radwan du Hezbollah.

Le Hezbollah est un acteur central de l’axe de la résistance, un réseau de groupes soutenus par l’Iran. Après la mort du général iranien Qassem Soleimani en janvier 2020, Hassan Nasrallah devient la figure tutélaire de ce mouvement. Le Hezbollah reçoit un soutien financier et militaire de l’Iran, tout en développant ses propres sources de financement.

En octobre 2023, Hassan Nasrallah ouvre un front contre Israël en soutien au Hamas et à Gaza, alors que le Hezbollah est considéré comme la milice la plus puissante au monde, avec environ 20 000 combattants expérimentés, presque autant de réservistes, et un vaste arsenal de plus de 150 000 roquettes et missiles.

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