La Grande Mosquée de Lyon souffle 30 bougies ce lundi. Inaugurée le 30 septembre 1994, après dix ans de batailles juridiques, l’édifice religieux est la deuxième grande mosquée de France après celle de Paris. À l’occasion de cet anniversaire, plusieurs événements sont organisés depuis le 20 septembre. Histoire d’un symbole devenu lieu de dialogue et de connaissance.
Cette semaine, la Grande Mosquée de Lyon célèbre ses 30 ans d’existence. Inauguré en 1994 en présence du ministre de l’Intérieur de l’époque, Charles Pasqua, qui évoquait pour la première fois un « islam de France ». Un sujet toujours d’actualité trois décennies plus tard.
Pour marquer cet anniversaire, une table ronde intitulée « Mosquée de Lyon : Naissance de l’Islam de France» a été organisée jeudi dernier à l’Institut français de civilisation musulmane.
10 ans de procédures interminables avant l’inauguration
Avant la construction de la Grande Mosquée dans le 8e arrondissement de Lyon, le recteur Kamel Kabtane rappelle que « les musulmans se réunissaient dans des églises ou des salles prêtes par le diocèse ». La première figure musulmane à venir à Lyon fut l’émir Abd El Kader en 1852, « arrivé le jour de la pose de la Vierge Marie » sur la basilique de Fourvière. Le recteur souligne :
« Depuis, il ya eu des musulmans pour défendre la France lors des deux guerres mondiales. Ils ont aussi été là pour reconstruire le pays »
En 1979, le cardinal de Lyon soutient la création d’une mosquée dans la ville. Les présidents Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand soutiennent cette initiative. Le conseil municipal cède un terrain pour un franc symbolique mais les habitants du quartier s’inquiètent et les procédures judiciaires s’éternisent pendant dix ans.
En 1989, le maire de la ville Michel Noir met fin aux controverses en annonçant à la télévision qu’il signera le permis de construire. Pour Kamel Kabtane, l’ancien maire est considéré comme « le grand artisan de la mosquée ».
Un lieu d’échange, de dialogue et de connaissance.
« La République ne se résume pas toute entière dans la laïcité ou plutôt la laïcité n’est pas l’indifférence» affirmait l’ancien ministre Charles Pasqua lors de l’inauguration de la Grande Mosquée de Lyon en 1994 :
« L’islam est aujourd’hui une réalité française, parce que c’est pour une grande part une religion de Français. Aussi, ne saurait-il plus y avoir un islam en France. Il doit y avoir un islam de France. La République française y est prête»
Trente ans plus tard, Kamel Kabtane constate que ce lieu a permis de « démystifier le rôle qui pouvait jouer une mosquée ». Il conçoit la mosquée comme un lieu d’échange, de dialogue et de connaissance. L’Institut Français du Culte Musulman, ouvert il y a 5 ans à côté de la Grande Mosquée, partage également cette mission.
Le prêtre lyonnais Christian Delorme décrit d’ailleurs Kamel Kabtane comme « une grande figure de la communauté musulmane de l’agglomération lyonnaise ». Le recteur conclut en soulignant l’importance de maintenir les relations historiques avec les musulmans : « Il y a vraiment des relations avec les musulmans qui sont très anciennes et il faut pouvoir continuer».
