Dans son rapport annuel, publié jeudi, le Secours catholique tire la sonnette d’alarme sur l’aggravation de la pauvreté en France. L’association dénonce les discours qui marginalisent les plus précaires et le « parcours du combattant » pour accéder aux droits sociaux. Zoom.
D’après l’étude, les personnes rencontrées par le Secours catholique sont de plus en plus éloignées des aides. « Nous n’avons jamais rencontré autant de ménages vivant sans aucune ressource » déplore l’association. En 2023, elle a accompagné plus d’un million de personnes en situation de pauvreté extrême.
Des chiffres records qui en disent long
L’étude du Secours catholique est fondée sur les données collectées par l’association, en 2023, auprès de ses bénéficiaires. Un quart des personnes accueillies étaient sans ressource, un record selon l’association.
Parmi les ménages rencontrés, 95 % vivent sous le seuil de pauvreté et 74 % en situation d’extrême pauvreté. « Le niveau de vie médian des ménages rencontrés s’établit à 555 euros par mois, en recul de 19 euros par rapport à 2022 », souligne le rapport.
Le premier besoin exprimé par les personnes suivies est celui d’une aide alimentaire (46% des ménages). « Le besoin d’aide aux démarches administratives augmente de sept points en dix ans, exprimés par 13% des ménages rencontrés en 2023 », détaille le Secours catholique.
Le « parcours du combattant » pour obtenir des aides
Le Secours catholique souligne la difficulté croissante d’accès aux droits pour les personnes précaires. En raison de critères d’éligibilité durcis sous les mandats d’Emmanuel Macron, de nombreux ménages se retrouvent sans aide.
L’association dénonce un « parcours du combattant » pour obtenir ces prestations, aggravé par des discours publics accusant souvent les allocataires, ce qui marginalise davantage ceux jugés « non méritants ».
« Les ayants droit sont regardés comme des quémandeurs, et soumis à des dispositifs de contrôle de plus en plus sophistiqués […]. La dématérialisation s’accompagne de l’augmentation des contrôles, de l’automatisation des ruptures de prestations sociales et d’une rigidité qui produit de la maltraitance institutionnelle »
La réforme chômage ciblée par le rapport
Le Secours catholique déplore que la réforme de l’assurance chômage ait poussé certains chômeurs, notamment des jeunes actifs, vers l’inactivité. En 2023, le taux de non-recours au RSA est monté à 36 %, contre 26 % en 2010.
L’association appelle à « garantir un accès physique au sein des administrations », intensifier les dispositifs de proximité comme France Services, simplifier les démarches administratives, et « défendre l’instauration d’un revenu minimum garanti décent ».
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