La condamnation à 13 et 15 ans de prison pour Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui dans l’affaire Samuel Paty crée un dangereux précédent. Le billet de Youssef Boussoumah.
En dépit des divergences entre François Burgat et moi sur le dossier syrien, il est de notre devoir absolu de le soutenir face à la vague de haine inouïe qui déferle sur lui pour avoir exprimé sa consternation après la condamnation-massue de deux des inculpés du procès Samuel Paty à 13 et 15 ans de prison.
Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui les deux, l’un père de famille et l’autre responsable associatif poursuivis dans le même procès en assises que les complices de l’assassin de Samuel Paty, un crime odieux évidemment réprouvé par tous y compris les deux personnes que je mentionne.
En effet les avocats ont fait valoir qu’en aucun cas ceux ci n’ayant appelé explicitement à des violences, ne connaissaient absolument pas les criminels et n’ont même pas fait appel à eux de façon indirecte comment peuvent ils être condamnés comme complices au 1er degré de ce terrible assassinat.
Il semble que dans leur cas ce qui normalement aurait dû être un délit lié à la liberté d’expression ( même si celle ci peut être considérée comme excessive ) soit devenu de façon ahurissante un crime terroriste.
Rappelant que ce verdict fera jurisprudence nous ne pouvons, comme leur avocat, Francois Burgat et bien d’autres, que nous inquiéter de cette très grave dérive du droit et de l’état de droit que l’on retrouve systématiquement lorsque des musulmans sont en cause ( voir procès d’Elias d’Imzalene condamné à 5 mois de prison avec sursis pour avoir appelé « à l’Intifada » ). Cela augure d’un avenir bien sombre pour tous les citoyens de ce pays, musulmans ou pas, attachés à la liberté d’expression.
Tout cela alors que dans le même temps la liberté d’expression haineuse pour les pires islamophobes, fascistes, racistes néo coloniaux ou pro Israéliens, voire soldats Franco israéliens appelant au génocide de la Palestine est un sport national garanti et encouragé au plus haut niveau. Cela doit absolument entraîné la réprobation et une prise de conscience salutaire du plus grand nombre.
Youssef Boussoumah