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Depuis 2015, « le musulman est devenu cet autre étranger, inintégrable »

Depuis les attentats perpétrées par Daesh en 2015, une partie des musulmans en France constate une méfiance croissante à leur égard, alimentée par des amalgames relayés dans les médias. « 2015 reste une annus horribilis, à la fois pour la nation française et pour les musulmans de France », déclare Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’Islam de France. Zoom.

L’année 2015 a vu une montée sans précédent des actes islamophobes, atteignant 429 incidents, selon la Commission nationale consultative des droits de l’Homme. Parallèlement, plusieurs mosquées et lieux de culte musulmans ont été vandalisés. Ghaleb Bencheikh souligne que les événements de 2015 ont conduit à une perception collective où « les musulmans sont perçus comme solidaires des terroristes, malgré leur condamnation unanime des attentats ».

État d’urgence, perquisitions et séparatisme

Haoues Seniguer, politiste à Sciences Po Lyon, estime que l’instauration de l’état d’urgence après les attaques du 13 novembre a marqué un tournant. « Ce sont principalement des musulmans qui ont été ciblés par des perquisitions administratives », affirme-t-il. Ce climat de suspicion s’est, selon lui, « accentué en 2020 » avec le discours d’Emmanuel Macron sur le séparatisme et la loi qui a suivi en 2021.

D’autres débats ont également exacerbé ce sentiment de mise à l’écart, notamment celui sur la déchéance de nationalité sous François Hollande, qui a été mal reçu par certains binationaux. Depuis, les campagnes présidentielles, particulièrement celle de 2022, marquées par la candidature d’Éric Zemmour, ont également contribué à ce climat. Ghaleb Bencheikh précise :

« La figure du musulman est devenue cet autre étranger, envahisseur, inintégrable, et donc à l’origine de ce fameux « grand remplacement » théorie complotiste agitée par certains politiques d’extrême droite. »

Discours sur le séparatisme – Octobre 2020

Des polémiques récurrentes

Le retour fréquent des polémiques autour du voile, du burkini ou de l’abaya à l’école est perçu comme une stigmatisation constante. De plus, les menaces récurrentes sur les contrats d’établissements scolaires privés musulmans, comme les lycées Averroès à Lille ou al-Kindi près de Lyon, sont considérées comme un « deux poids, deux mesures », estime l’avocat Sefen Guez Guez.

Des études et rapports confirment l’existence de discriminations spécifiques. Un sondage Ifop réalisé en 2019 pour la Dilcrah et la Fondation Jean Jaurès indique que les musulmans subissent des discriminations plus fréquemment que le reste de la population.

Un livre paru en 2024, La France, tu l’aimes mais tu la quittes (Seuil), mentionne que les attentats de 2015 ont été un « point de bascule » pour de nombreuses personnes envisageant de quitter la France.

Tags sur la mosquée de Pessac – Novembre 2023

« Être musulman en France aujourd’hui pose un problème »

Pour Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, la situation reste préoccupante. « Être musulman en France aujourd’hui pose un vrai problème », déclare-t-il, ajoutant que les musulmans doivent constamment donner « des gages en permanence ».

Dominique Sopo, président de SOS Racisme, déplore une intensification, depuis 2015, d’une « lecture ethno-religieuse » dans certains médias et discours politiques. Il critique une rhétorique qui « masque un racisme anti-arabe ou une haine spécifique des musulmans sous couvert de défense de la laïcité ».

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