Selon une étude publiée vendredi dans la revue scientifique The Lancet, le nombre de morts à Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 30 juin 2024 serait supérieur d’environ 40 % aux chiffres officiels communiqués par le ministère de la Santé de Gaza. Explications.
Depuis le début du génocide à Gaza jusqu’au 30 juin 2024, le ministère de la Santé de la bande de Gaza a fait état d’un bilan de 37 877 morts. Sur la même période, l’étude – publiée vendredi par la revue médicale The Lancet – estime que 64 260 palestiniens auraient perdu la vie, soit près de 3 % de la population de Gaza avant la guerre.
Une méthode d’analyse sur trois sources
Le bilan de la revue médicale ne concerne que les morts dues à des lésions traumatiques et n’inclut donc pas les décès indirects, tels que ceux dus au manque de soins ou de nourriture, ni les milliers de disparus que l’on pense enterrés sous les décombres.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé une technique statistique éprouvée, appelée capture-recapture. Cette méthode, déjà employée dans des conflits au Kosovo, en Colombie et au Pérou, repose sur trois sources : les données des morgues et hôpitaux, une enquête en ligne menée auprès des familles, et les avis de décès publiés sur les réseaux sociaux comme X ou Instagram.
« Nous n’avons retenu que les décès confirmés par des proches ou des institutions médicales », a précisé Zeina Jamaluddine, épidémiologiste et principale autrice de l’étude.
Une fiabilité reconnue
Patrick Ball, un statisticien du Human Rights Data Analysis Group, basé aux États-Unis, a assuré que cette technique éprouvée avait fait ses preuves de longue date et qualifié l’étude du Lancet de « bonne estimation ».
Kevin McConway, professeur de statistiques appliquées à l’Open University britannique, a jugé « admirable » que les chercheurs aient utilisé trois méthodes d’analyse statistique pour vérifier leurs estimations. « Dans l’ensemble, je trouve ces estimations raisonnablement convaincantes », a-t-il précisé.
Un bilan global sous-estimé
Ce jeudi, le ministère de la Santé à Gaza a déclaré que 46 006 personnes étaient mortes au cours des quinze mois de génocide, dans des bombardements israéliens. Israël met en doute la crédibilité des chiffres du ministère, mais ils ont été jugés fiables par les Nations Unies.
Cependant, le bilan global du génocide à Gaza pourrait être sous-estimé. L’étude de Lancet n’a pas pris en compte les personnes disparues. L’agence humanitaire des Nations unies (OCHA) a déclaré qu’environ 10 000 habitants de Gaza portés disparus seraient enterrés sous les décombres.
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