Le Premier ministre du Liban a été reçu en Syrie par le nouveau régime conduit par Ahmad al-Chareh. Une visite historique destinée à régler le problème des frontières.
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a marqué un tournant historique en se rendant samedi à Damas pour sa première visite officielle depuis que la Syrie a vu arriver au pouvoir une coalition islamiste. Cet événement, présenté par son bureau de presse comme une réponse à l’invitation du nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, est également la première visite d’un chef de gouvernement libanais en Syrie depuis le début du conflit en 2011. Cette rencontre s’inscrit dans un contexte de rapprochement entre les deux pays voisins, consécutif à la chute, le 8 décembre dernier, de l’ancien régime de Bachar al-Assad.
La guerre civile en Syrie, déclenchée par la répression sanglante d’un mouvement prodémocratie, avait profondément détérioré les relations entre Beyrouth et Damas. Le rôle joué par le Hezbollah, allié de l’Iran et soutien clé d’Assad, avait contribué à alimenter les tensions durant cette période sombre.
Vers une normalisation des relations
Historiquement, la Syrie a exercé une influence déterminante sur le Liban, notamment à travers une présence militaire de trois décennies qui a pris fin en 2005 sous la pression internationale après l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. Aujourd’hui, le nouveau dirigeant syrien affirme vouloir tourner cette page de domination.
« La Syrie ne s’ingérera plus de manière négative dans les affaires du Liban », a assuré Ahmad al-Chareh, ajoutant que les deux pays visent à établir des relations stratégiques basées sur des intérêts communs. Il a également salué l’élection imminente de Joseph Aoun à la présidence libanaise comme un pas vers la stabilité politique de Beyrouth. « Nous privilégierons le dialogue pour résoudre nos différends », a-t-il conclu.
Le tracé des frontières : un dossier prioritaire
Le Premier ministre Najib Mikati a quant à lui souligné l’importance de régler les différends frontaliers entre les deux pays, tant sur les questions terrestres que maritimes, une demande longtemps ignorée par le régime de Bachar al-Assad. « Le tracé des frontières figure parmi nos priorités », a-t-il affirmé, mettant en lumière ce point central des discussions.
Cette rencontre a lieu alors que, sur un plan international, le chancelier allemand Olaf Scholz a rappelé l’importance du respect des frontières souveraines, en déclarant que « chaque pays, qu’il soit à l’est ou à l’ouest, doit respecter les frontières internationales ». Bien que cette déclaration visait principalement les tensions entre grandes puissances, elle trouve un écho particulier dans le contexte libano-syrien.
Alors que cette visite ouvre une nouvelle phase dans les relations entre Beyrouth et Damas, reste à voir si ce rapprochement débouchera sur des accords concrets pour régler les différends historiques et construire une coopération durable.
