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Grande mosquée de Paris : le recteur répond aux accusations portées contre son institution

Grande mosquée de Paris : le recteur répond aux accusations portées contre son institution

Dans un billet intitulé « Deux patries liées : vérité et lumière contre les accusations », le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz revient sur les récentes accusations portées contre lui et ses liens avec l’Algérie.

Aujourd’hui, je prends la parole avec un objectif clair : affirmer la vérité et inviter à la paix. Aux accusations portées contre la Grande Mosquée de Paris et ma personne m’obligent à rétablir les faits dans leur juste lumière : celle d’un engagement constant en faveur de l’existence harmonieuse de l’islam et des citoyens musulmans en France, respectueuse des principes fondamentaux de la République, que la recherche de liens bénéfiques entre la France et Algérie peut, malgré les idées reçues, consolider.

Un engagement dès le début

Le 11 janvier 2020, lorsque j’ai été élu Recteur de la Grande Mosquée de Paris, j’ai fait une promesse solennelle : celle d’incarner la transparence et la sincérité. Dès ma première déclaration publique, le 16 janvier, dans laquelle je traçais toutes les voies possibles pour le futur serein et fraternel de la religion musulmane en France, j’ai réaffirmé mon attachement profond à mes deux patries : l’Algérie, berceau de mes origines, et la France, terre d’adoption et d’engagement. Cette double appartenance n’est ni un paradoxe ni une posture.

Elle constitue l’essence même de mon identité, celle d’un homme marqué par un parcours partagé par des millions de citoyens. Forgée par l’Histoire, nourrie par des valeurs universelles issues des deux pays comme du cœur de ma religion, ma double fidélité témoigne d’une richesse humaine et culturelle transcendante.

Une double filiation, une seule vision

Je puise mes convictions dans deux héritages complémentaires : d’un côté, la sagesse de l’Émir Abdelkader, figure lumineuse de l’islam et défenseur du dialogue entre les hommes et les religions ; de l’autre, l’esprit des Lumières françaises, incarné par Voltaire et Rousseau, qui m’ont appris à chérir la raison et la liberté. Ces filiations s’entrelacent pour façonner une vision où diversité rime avec richesse et non division. Mes convictions ne sont pas des artifices rhétoriques. Elles sont le reflet libre et authentique de mon être, et orientent chacune de mes actions. Mon ambition, en la matière, est claire : renforcer les ponts entre la France et l’Algérie, deux nations aux destins liés, appelées à écrire ensemble une histoire de compréhension et de respect mutuels.

Les défis de la double appartenance

La double appartenance franco-algérienne, loin de remettre en cause la souveraineté de l’une ou l’avenir de l’autre, est un bien précieux. Elle est parfois mal comprise. Dans les moments de tension, ceux qui incarnent ce lien deviennent des cibles faciles, des boucs émissaires utilisés pour souffler sur les braises, au détriment du vivre ensemble. Prenons un exemple concret : des milliers d’aides-soignants, d’infirmiers et de médecins algériens exercent en France.

Ces femmes et ces hommes, comme tant d’autres ailleurs, se dévouent au service de tous. Les soupçonner de collusion ou d’intentions malveillantes, pour alimenter des tensions diplomatiques, est une dérive dangereuse.

La Grande Mosquée de Paris : un symbole d’unité

Inaugurée en 1926, la Grande Mosquée de Paris est un hommage aux soldats musulmans qui ont combattu pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Elle symbolise la reconnaissance de la République à l’égard de ces hommes venus d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne, souvent au prix de leur vie. Portant fièrement leur foi musulmane, ils se sont illustrés par leur courage sur les champs de bataille. Ils ont offert à la France leur force et joué un rôle crucial dans l’effort de guerre.

Ces combattants, mobilisés de Dakar à Djibouti, tout comme leurs frères algériens, marocains et tunisiens, ont contribué à préserver la liberté et les valeurs qui nous sont chères aujourd’hui. Leur sacrifice mérite une place centrale dans notre mémoire collective, et il appartient à notre République et au peuple français de leur rendre l’hommage qui leur est dû.

Durant la Seconde Guerre mondiale, cette contribution s’est poursuivie, avec les Algériens représentant à eux seuls la moitié des troupes nord-africaines et participant à sceller le chemin de la libération de la France, au matin du 15 août 1944, en Provence. Ces sacrifices sont malheureusement minorés dans l’historiographie contemporaine. Ce n’est pas une histoire ancienne que l’on ressuscite le temps d’une cérémonie, mais une racine essentielle et exemplaire de ce que nous sommes au présent.

Un financement transparent et légitime

Le financement de la Grande Mosquée de Paris est un sujet fréquemment mal compris. Depuis 1982, l’Algérie a apporté un soutien financier indispensable pour restaurer cet édifice en ruine. Ce soutien, parfaitement conforme aux lois françaises, s’inscrit dans un cadre légal transparent, respectant les dispositions de la loi de 1905. Administrée par la Société des Habous et Lieux Saints de l’Islam depuis son origine, la Grande Mosquée demeure indépendante. Son lien religieux et culturel avec l’Algérie, qui s’accompagne de relations importantes avec beaucoup d’autres pays du monde musulman, favorise sa mission en France : servir la communauté musulmane, dans son ensemble et dans sa diversité, tout en incarnant les valeurs humanistes de la société française.

Un lieu de paix et de lutte contre l’obscurantisme

La Grande Mosquée de Paris n’a jamais été un lieu d’ombre ou de duplicité. Elle joue un rôle central dans la lutte contre le fanatisme et l’obscurantisme, dans la défense des principes républicains et dans la coexistence de toutes les composantes, religieuses ou non, de la France.

S’attaquer à son image, c’est s’en prendre à un symbole vivant de mémoire collective, de concorde et de fraternité.

Un appel à la vérité et à la réconciliation

Dans cette ère où règne la désinformation, je ne céderai ni aux calomnies ni aux provocations. Guidé par la certitude que la vérité finit toujours par triompher, je poursuis mon engagement pour la paix, la justice et le dialogue. Je revendique avec fierté mon rôle au service de la concorde entre deux patries, la France et l’Algérie, que j’aime profondément.

La Grande Mosquée de Paris continuera d’être un phare de réconciliation et un refuge pour ceux qui croient en la fraternité humaine. Avec humilité et détermination, je resterai fidèle à ma mission : bâtir des ponts, apaiser les tensions, et œuvrer pour un avenir où la lumière de la vérité dissipera les ténèbres de l’injustice.

Chems-Eddine Hafiz

Recteur de la Grande Mosquée de Paris

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