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Rapport sur la colonisation : les crimes de guerre de la France au Cameroun

Une commission franco-camerounaise a remis ce mardi un rapport à Emmanuel Macron et Paul Biya sur la colonisation et la répression des indépendantistes au Cameroun. Le document évoque une véritable « guerre » menée par la France, marquée par des « violences extrêmes » et des « dizaines de milliers de victimes ». Explications.

Commandé en juillet 2022, par Emmanuel Macron, une commission composée de quatorze membres – dirigée par l’historienne française Karine Ramondy – a étudié le rôle de la France dans la répression des mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun entre 1945 et 1971. Le rapport a été remis le 28 janvier au président camerounais Paul Biya.

Les crimes de guerre de la France

Basé sur des archives déclassifiées, des témoignages et des enquêtes de terrain, le rapport met en lumière l’implication française dans une véritable « guerre » contre les indépendantistes, qui a causé « des dizaines de milliers de victimes » dans le sud et l’ouest du Cameroun entre 1956 et 1961.

Selon le rapport, « côté français, la guerre du Cameroun est une terra incognita des mémoires sur le passé colonial… Côté camerounais, les mémoires sont marquées à vif ». Bien que la Commission indique ne pas être habilitée juridiquement à qualifier ces violences de génocidaires, elle souligne qu’elles ont été « extrêmes » en transgressant « les droits humains et le droit de la guerre ».

Une répression impitoyable contre les indépendantistes

Après la Seconde Guerre mondiale, face à la montée du mouvement indépendantiste, les autorités françaises ont intensifié une « répression multiple » policière, administrative, judiciaire et politique. À partir de 1955, sous le haut-commissaire Roland Pré, cette répression s’est généralisée, entraînant l’interdiction de l’Union des populations du Cameroun (UPC) et la clandestinité de ses leaders.

La France a appliqué une « doctrine de guerre révolutionnaire », déjà testée en Indochine et en Algérie, en recourant à la torture, aux rafles, aux arrestations préventives, aux ratissages massifs et aux déplacements de populations. Des centaines de milliers de Camerounais ont été regroupés dans des camps qui ont perduré après l’indépendance.

Le rapport s’intéresse également à la mort des figures indépendantistes Ruben Um Nyobé, tué par l’armée française en 1958, et Félix Moumié, empoisonné en 1960 à Genève dans un « assassinat politique impliquant la responsabilité du gouvernement français ».

La guerre continue après l’indépendance du pays

Après l’indépendance en 1960, Paris a poursuivi son appui à la répression des opposants au régime du président Ahmadou Ahidjo, pour maintenir son influence dans le pays. Selon le rapport, cette date « ne constitue absolument pas une rupture nette avec la période coloniale ».

L’enquête évoque notamment la participation du garde des Sceaux Michel Debré à la rédaction de la Constitution camerounaise et la signature de traités bilatéraux permettant à l’armée française de participer au « maintien de l’ordre ».

Enfin, le document confirme que « des mitraillages et des bombardements aériens d’habitations dans l’ouest du pays » ont continué après 1960, avec l’utilisation de cartouches incendiaires particulièrement destructrices, bien qu’il exclue l’usage de napalm.

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