Plusieurs images satellite révèlent qu’Israël construit des bases militaires dans le Golan syrien. Les villageois craignent que les troupes israéliennes ne s’y installent durablement. Vendredi dernier, le chef des opérations de paix de l’ONU s’est déclaré préoccupé par la présence, depuis le mois de décembre, de l’armée israélienne dans le Golan. Zoom.
Israël a envahi plusieurs villages syriens après la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024, invoquant la nécessité de sécuriser sa frontière. Ses forces ont ainsi franchi « la ligne Alpha », définie par l’accord de désengagement de 1974, en pénétrant dans la zone sous contrôle des forces onusiennes puis, au-delà, sur le territoire syrien.
Des bases militaires visibles par image satellite
Le maire de Jubata al-Khashab, Mohammed Muraiwid, a confirmé au Washington Post que les troupes israéliennes construisent un avant-poste militaire près de son village.
Selon les témoignages locaux, depuis leur entrée en Syrie, les forces israéliennes ont érigé des points de contrôle, perquisitionné des maisons, et réprimé par des tirs les manifestants opposés à leur présence. Les habitants de Jubata al-Khashab, à proximité de Quneitra dans le sud-ouest de la Syrie, craignent désormais une occupation prolongée.
Des images satellites, analysées par le journal américain, révèlent des structures et des véhicules militaires dans une base israélienne, une construction similaire à huit kilomètres plus au sud, ainsi qu’un troisième site en cours de développement. Une nouvelle route a également été repérée près de Quneitra.
Un accord nul et non avenu pour Israël
Pour le moment, le nouveau dirigeant de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, maintient ses forces à l’écart de sa frontière avec Israël. Bien que dénonçant les violations territoriales israéliennes, il a toutefois affirmé son intention de respecter l’accord de 1974.
Israël a annoncé, pour sa part, qu’il considérait cet accord avec la Syrie comme caduc à la suite de l’effondrement du régime baathiste. Pierre Lacroix, chef des opérations de paix de l’ONU, a exprimé son inquiétude, vendredi dernier, face à la présence des forces israéliennes dans la zone tampon du Golan, qui est censée rester démilitarisée.
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L’affaiblissement des Nations Unies
« C’est une violation flagrante de l’accord de désengagement », le chef des opérations de paix de l’ON, lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU à New York, rappelant que seule la FNUOD est autorisée à patrouiller dans cette zone pour empêcher toute incursion militaire.
Pierre Lacroix a ajouté que cette situation complique considérablement les missions de la FNUOD et des observateurs militaires de l’ONUST (Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve). Lors de sa visite en Israël, il a également fait part de ses préoccupations directement aux autorités israéliennes.
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