Depuis le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan en 2021, le tourisme se développe dans le pays. Le nombre de visiteurs étrangers est passé de 691 en 2021 à 7000 en 2023. Des agences de voyage attirent les touristes, principalement chinois, en promouvant une image édulcorée d’un pays pourtant critiqué pour ses atteintes aux droits humains. Focus.
À première vue, l’Émirat islamique d’Afghanistan, nom adopté par les talibans lors de leur retour au pouvoir en août 2021, ne semble pas une destination idéale pour les touristes. Pourtant, selon les données officielles, le nombre de visiteurs a grimpé de 691 en 2021 à 2300 en 2022, pour atteindre 7000 en 2023.
Voyage en image sur les réseaux sociaux
Depuis le retour au pouvoir des talibans, le tourisme commence à se développer dans le pays. Des voyageurs du monde entier partagent sur les réseaux sociaux des images de l’Afghanistan, malgré les risques et les mises en garde des pays occidentaux.
« Au début, il n’y avait aucun touriste. Aujourd’hui, on en croise un peu partout », raconte Emma Witters, une voyageuse écossaise. Elle a été l’une des premières à documenter son périple en Afghanistan en août 2022, un an après le retour des talibans. Via son compte Instagram, elle filme tout : presser le jus d’une grenade dans une rue, assister à une prière dans la mosquée de Herat, ou encore marchander à Chicken Street, une rue commerçante de Kaboul.
Même ses rencontres avec des talibans à des points de contrôle deviennent des moments d’amusement. « Ces gars insistent pour prendre une photo avec moi », plaisante-t-elle dans l’une de ses vidéos. Elle va jusqu’à essayer le tchadri, cette burqa intégrale bleue qui couvre les femmes Afghanes, et en publie les images sur ses réseaux.
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La particularité du tourisme chinois
Les touristes chinois, eux aussi, se tournent vers cette destination inattendue, attirés par les opportunités qu’elle offre. Sur Douyin, l’équivalent chinois de TikTok, des influenceurs comme Daliang, suivi par 2,88 millions d’abonnés, multiplient les vidéos en Afghanistan, suscitant admiration et avertissements de prudence de la part de leurs spectateurs.
Bien que les zones touristiques restent limitées et contrôlées, ces voyageurs bravent les risques pour explorer un pays. Les talibans sont perçus comme des gardes du corps, les visiteurs se mettent en scène avec des armes ou distribuent des friandises sur les marchés locaux.
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Les agences de voyage chinoises, de leur côté, vantent des séjours sur mesure, avec démarches simplifiées, visites organisées et gastronomie locale, promettant une aventure sécurisée dans une région pourtant connue pour sa dangerosité.
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La Chine, un partenaire économique privilégié
Conscients de l’importance du tourisme pour briser l’isolement économique du pays, les talibans ont rouvert en mars 2024 l’Institut du tourisme et de l’hôtellerie. Khairullah Khairkhwa, ministre de l’Information et de la Culture, a déclaré vouloir « s’engager en faveur de la croissance culturelle, du développement de l’industrie du tourisme et de la formation de la jeunesse ».
La Chine, bien qu’elle n’ait pas reconnu officiellement le régime taliban, a maintenu une présence diplomatique à Kaboul et se montre très intéressée par les ressources naturelles du pays. En juillet 2024, les deux nations ont relancé un projet d’extraction de cuivre à Mes Aynak, l’un des plus grands gisements mondiaux.
En janvier 2023, les talibans avaient déjà signé un accord pétrolier majeur avec une entreprise chinoise pour exploiter des ressources dans le bassin de l’Amou-Daria, marquant un tournant économique important pour le régime.
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