Les smartphones et les réseaux sociaux sont-ils responsables de la crise de santé mentale chez les adolescents ? Pour le psychologue américain, Jonathan Haidt, cela ne fait aucun doute. Dans son ouvrage
« Génération anxieuse », il établit un lien entre l’augmentation des troubles psychologiques chez les jeunes et l’essor du numérique. Explications.
En 2017, le psychologue Jean Twenge avait été la première à alerter sur un lien entre « la pire crise de santé mentale depuis des décennies » aux Etats-Unis et l’avènement des smartphones. Ce débat prend aujourd’hui une ampleur mondiale avec la parution du livre « Génération anxieuse », un best-seller de Jonathan Haidt, désormais traduit en français.
Le Grand Recâblage de l’enfance
Pour l’universitaire américain, la génération Z est devenue « la cobaye d’une éducation totalement inédite », marquée par la généralisation des smartphones et des réseaux sociaux. Un bouleversement qu’il qualifie de « Grand Recâblage de l’enfance ».
Il identifie le début des années 2010 comme un tournant décisif, avec l’arrivée des téléphones connectés, équipés de caméras frontales et d’applications comme Instagram. Les chiffres lui donnent raison : selon une enquête gouvernementale aux États-Unis, les cas de dépression majeure ont explosé dans les années 2010, touchant d’abord les filles avant d’atteindre les garçons.
Par ailleurs, les suicides chez les adolescentes ont fortement augmenté à partir de 2012. Après un lent déclin, le temps consacré à des moments d’échange entre amis dans la vraie vie s’est effondré quand les smartphones ont remplacé́ les portables basiques, soit au début des années 2010.

Libres dans le virtuel, surprotégés dehors
Jonathan Haidt ne considère pas les écrans comme la seule cause de cette crise. Il estime que les jeunes sont surprotégés dans le monde réel, alors que le jeu libre et les prises de risque sont essentiels à leur développement.
« Les jeunes mammifères sont programmés pour prendre des risques. C’est ainsi qu’ils surmontent leurs peurs et apprennent à évaluer le danger. En leur interdisant de jouer librement au nom de leur sécurité, nous les empêchons justement de développer ces compétences. »
Suite au succès de « Génération anxieuse », vendu à plus d’un million d’exemplaires, plusieurs États ont pris des mesures. L’Australie et la Floride ont ainsi encadré ou interdit l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans.
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