Edit Template

Le discours complotiste permet la « mise à l’écart » des musulmans de France

Le discours médiatique et politique sur l’islam en France glisse « vers l’idée d’un complot » déplore, dans une tribune, Haoues Seniguer. Le chercheur et conférencier fustige également la banalisation de termes flous (frérisme, séparatisme…) « dénués de tout contenu ». Explications.

Depuis quelques années, des mots comme « entrisme », « frérisme », « islamisme » ou encore « séparatisme » se sont imposé dans le discours médiatique, souvent relayé par des chercheurs très médiatisés, dans un contexte de montée de l’extrême droite en France. Ces termes sont devenus courants, « mais leur usage s’est largement banalisé, sans qu’ils soient véritablement questionnés », constate, dans une tribune, le chercheur Haoues Seniguer.

Une dérive conspirationniste

Le point commun de ces termes flous est tout aussi vague : ils désigneraient prétendument une frange de la population musulmane, accusée de porter un projet secret destiné à affaiblir les fondements de la République. Autrement dit, selon Haoues Seniguer, ce qui se présente comme une analyse sociopolitique « glisse insidieusement vers l’idée d’un complot » :

« Il ne semble pas difficile d’admettre l’existence de certaines déviances ; de là à imaginer une conspiration, il y a plus d’un pas, que de plus en plus de leaders d’opinion franchissent allègrement, par conviction idéologique, par tactique ou par pur opportunisme. »

Dans cette dynamique, « les musulmans se voient déniés toute agentivité – sauf lorsqu’il s’agit précisément de les accuser de défier les « valeurs » de la République ».

Haoues Seniger

La visibilité urbaine de l’Islam pose problème

Depuis 2015, notamment depuis le discours des Mureaux prononcé par Emmanuel Macron en 2020, une « bataille culturelle » est menée ouvertement par des responsables politiques et de nombreux éditorialistes, particulièrement présents sur les chaînes d’information en continu.

« Ne nous y trompons pas : c’est bien la visibilité urbaine de l’islam qui leur pose un problème, en dépit de précautions de langage aussi factices que convenues », explicite l’auteur.

Le débat ne porte plus uniquement sur la lutte contre le terrorisme ou un islamisme mal défini, mais « vise des individus identifiés comme musulmans pour des raisons aussi simples que le port du voile, une barbe, ou des prises de position critiques sur certaines politiques publiques ».

Dénoncer l’islamophobie est devenu de « l’entrisme frériste »

Dorénavant, un musulman qui formule une vision critique se voit souvent discrédité, renvoyé directement à son appartenance religieuse. « Dénoncer l’islamophobie, ou simplement utiliser ce terme, expose désormais celles et ceux qui le font à des accusations d’islamisme ou de frérisme, ou au moins de complicité », déplore le chercheur.

La théorie fumeuse d’un « entrisme frériste » glisse inévitablement vers une rhétorique xénophobe ou islamophobe, selon laquelle un ennemi intérieur agirait dans l’ombre, « sans que la moindre preuve tangible ne soit fournie ».

Pour Haoues Seniguer, ce type de discours permet, tout en restant implicite, « de stigmatiser des individus ou des groupes issus de minorités » et de justifier leur mise à l’écart.

A lire également :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

NEWSLETTER

PUBLICATIONS

À PROPOS

Newsletter

© Mizane.info 2017 Tous droits réservés.

slot777