Après l’assassinat islamophobe d’Aboubakar au sein de la mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard, de nombreuses mosquées et instances musulmanes ont condamné un acte « abominable » perpétré dans une « maison de Dieu ». Certains dénoncent « la banalisation et la médiatisation de la haine antimusulmane » en France.
De nombreuses mosquées et fédérations musulmanes ont pris la parole après l’attentat terroriste, survenu vendredi dernier, dans la mosquée du Gard. Outre les messages de condoléances adressés à la famille du défunt, Aboubakar Cissé, plusieurs instances et figures musulmanes ont dénoncé « une peur de l’islam alimentée par un certain discours politique et médiatique ».
Une agression mortelle dans un lieu sacré
Le jour même du drame, la Grande Mosquée de Paris a exprimé, dans un communiqué, « son immense effroi face au meurtre d’un fidèle perpétré ce vendredi matin au sein d’une mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard ». La GMP déplore un « acte abominable » d’une gravité extrême, « commis au sein d’une mosquée, maison de Dieu » et .appelle les pouvoirs publics à prendre la mesure de ce crime ».
Le lendemain du drame, le Conseil des Mosquées du Rhône a également présenté, dans une déclaration officielle, sa « pleine et entière solidarité » à la famille et aux proches, d’Aboubakar Cissé, décédé suite à « l’agression mortelle » au sein de la mosquée de La Grand-Combe.
« La mosquée est un sanctuaire de recueillement, de fraternité et de sérénité. Aucun acte de violence ne saurait y trouver sa place, encore moins dans l’enceinte sacrée de la prière. Cet acte odieux blesse l’ensemble de notre communauté nationale. »

Le Conseil des Mosquées du Rhône demande que la « justice soit rendue avec fermeté et que la vérité soit pleinement établie ». Dans un entretien, face à BFMTV, le Président du CMR, Kamel Kabtane, va jusqu’à souligner « que la vie des musulmans en France est en danger ».
Banalisation de la haine antimusulmane
La Grande Mosquée de Strasbourg dénonce, dans un texte publié ce samedi, un acte « d’une cruauté indicible » et regrette « que la haine et la violence s’insinuent jusque dans les sanctuaires de sérénité que sont nos lieux de culte ». De son côté, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) s’est dit, dans son communiqué, « horrifié par l’attentat terroriste anti-musulman perpétré dans la mosquée de la Grand-Combe ».
Le CFCM précise avoir alerté « depuis plusieurs mois, les autorités sur les conséquences dramatiques de la banalisation et de la médiatisation de la haine antimusulmane ». L’instance musulmane déplore également « le traitement médiatique réservé à cet attentat ».
Dans un entretien, publié hier dans le quotidien Sud-Ouest, l’imam de la mosquée de Cenon, Mahmoud Doua, dénonce l’instrumentalisation de la crainte de l’islam par certains politiques et médias. Il indique que « depuis plusieurs mois, on la sentait monter dans les mosquées ».

Islamophobie d’atmosphère et discours stigmatisants
« Il y a une peur de l’islam, entretenue par un certain discours politico-médiatique, qui fait une confusion entre islam, islamisme et radicalisme. [… ) Certains politiques, médias et même universitaires, tiennent des discours simplistes et dangereux. », déplore l’imam qui constate une « islamophobie d’atmosphère » dans le pays pouvant pousser des « cerveaux fragiles » à passer à l’acte.
Ce lundi, dans une lettre collective adressée aux autorités de la République, les institutions musulmanes représentatives de la région Auvergne-Rhône-Alpes (CCIM), souligne « une dérive inquiétante dans le traitement public et politique de l’islam et des citoyens français de confession musulmane, marquée par une recrudescence de discours stigmatisants, y compris parmi les responsables politiques. »
« Si ce climat de suspicion généralisée persistait, et si les discours stigmatisants à l’encontre des musulmans continuaient d’être tolérés, nous serions amenés, avec regret, à reconsidérer notre participation à l’ensemble des activités institutionnelles auxquelles nous serions conviés », annonce le Conseil de coordination des institutions musulmanes de la région Auvergne Rhône-Alpes (CCIM).