Américain de confession musulmane, Junaid Wahedna vient de lancer un algorithme financier halal et automatisé plus connu dans le milieu de la fin-tech sous le nom de robo-advisor. Une petite révolution destinée à offrir un débouché rentable mais éthique aux fortunes des investisseurs musulmans américains. Explication.
« Ce que beaucoup de musulmans font est de garder leur argent en espèces ou de le mettre dans l’immobilier ». Cette déclaration de Junaid Wahedna, un lanceur de start-up, sur le site d’information TechCrunch illustre très bien la problématique qui se pose aux classes moyennes de confession musulmane, américaines ou occidentales, désireuses de placer leur argent dans des fonds d’investissement mais contraintes d’y renoncer.
Pour les croyants en général et pour les musulmans en particulier, l’usage de l’argent est codifié et relève de la responsabilité éthique du fidèle. Comprenez : il lui est interdit d’investir sa fortune dans des activités liées à la production ou à la diffusion d’alcool, d’armes, de films pornographiques, etc.
Des placements éthiques pour l’investisseur musulman
Il lui est tout autant prohibé de recourir à l’usure (riba) ou à la spéculation (gharar). Ces normes qui constituent l’apha et l’oméga de la finance dite islamique ont pendant longtemps mis sur le carreau les économies des musulmans occidentaux dissuadés de les placer dans des fonds publics, ne savant pas toujours dans le détail où va leur argent. C’est donc pour remédier à cette absence de débouchés que Junaid Wahedna a créé son propre logiciel automatisé de capital-risque halal qui n’est rien moins qu’un algorithme.
Un service automatisé, rentable, éthique et accessible avec comme investissement minimum un montant d’accès de 500 dollars
Une adaptation du robo-conseiller des services financiers de fonds tels que Betterment, destiné à orienter les musulmans à la recherche d’un portefeuille halal. Un service automatisé, rentable, éthique et accessible avec comme investissement minimum un montant d’accès de 500 dollars vers des titres sukuks, de l’or, etc.
Un marché juteux pour les start-ups américaines
Junaid Wahedna a expliqué avoir rencontré un jour un immigré venu du Bangladesh avec 100 000 dollars dans les poches. « L’homme a alors demandé à son imam local ce qu’il pouvait faire de cet argent, sans le mettre à la banque pour éviter l’usure : le prêcheur lui a alors précisé que les actions Apple étaient halal, a contrario de beaucoup d’autres.
Le lendemain, notre investisseur débutant achetait 100 000 dollars d’actions à Cupertino », selon des propos traduits et rapportés par Numerama. Junaid comprend à ce moment-là qu’il existe un marché, une niche à faire fructifier et crée en partenariat avec le partenaire de gestion d’Afkar Holdings, Khalid Al Jassim, l’ancien directeur général de JPMorgan Chase John Elkhair et l’ancien associé de McKinsey & Company, Nasr-Eddine Benaissa, le fond Wahed. Une initiative innovante et prometteuse. La startup a déjà levé la coquette somme de 5 millions de dollars. Devrait suivre ensuite le développement de services de cartes de crédit et d’hypothèques.