Dans le sud de Gaza, des sépultures palestiniennes ont été bombardées par l’armée israélienne à Khan Younès. Les Palestiniens parlent d’une seconde mort.
Le site The Electronic Intifada raconte comment l’armée israélienne dévaste des cimetières à Khan Younès, détruit des tombes et a même fait disparaitre des cadavres, au grand désespoir des familles venues se recueillir. « Israël commet des crimes abominables dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre actuelle. Il y a parmi ces crimes l’invasion de cimetières et la profanation de tombes« , précise le site.
Effacer la mémoire palestinienne
Ruwaida Amer raconte une scène familiale. « Pendant la coupure d’Internet, nous restions informés grâce à la radio : c’est comme ça que nous avons appris que l’armée israélienne avait déterré des tombes et les avait détruites au bulldozer. Quand ma mère l’a appris, elle nous a rappelé que des membres de sa famille reposaient dans le cimetière en question. Mon frère y est allé et a vu que l’armée israélienne avait détruit les sépultures de mon grand-père et de ma grand-mère. Nous avons beaucoup pleuré en l’apprenant. »
Pour les Palestiniens, la politique de bombardement criminel d’Israël sur les tombes équivaut à un deuxième génocide, celui de la mémoire.
« On souffre quand la tombe d’un proche est détruite. On a l’impression qu’Israël efface tout ce qui a un lien avec la population gazaouie. Vit-on maintenant une guerre contre les morts en plus d’une guerre contre les vivants ? Il n’y a aucun combattant dans les cimetières, pas plus qu’il n’y a de personnes en vie. »
« Il n’y avait plus de corps »
Selon The Electronic Intifada, l’ONG Euro-Med Human Rights Monitor a accusé Israël d’avoir ciblé la majorité des cimetières à Gaza. « Ces attaques sont contraires au droit international, qui exige le respect des défunts en temps de guerre » défend l’ONG.
Khaled Al Sir, 55 ans, vit à Khan Younès. Au lendemain d’une série d’attaques meurtrières des Israéliens, il se rend dans un cimetière local.
“Nous avons vu que les tombes étaient détruites, témoigne-t-il. Dans certaines, il n’y avait plus de corps. L’armée israélienne les avait volés. J’ai vu un jeune homme pleurer près du cimetière car il ne trouvait plus la tombe de sa mère.”
“C’est comme s’il était mort une seconde fois”
L’homme en question lui a expliqué “qu’il se rendait tous les jours sur sa tombe pour lui raconter sa journée, lui dire ce qui l’avait rendu heureux ou triste. Ça l’aidait à faire son deuil. Comment aller sur sa tombe si elle n’existe plus ?”
Raeda Salama, Palestinienne 35 ans, a également vu la sépulture de son père prise pour cible. “Ma mère a énormément pleuré en l’apprenant. C’est comme s’il était mort une seconde fois. Avant, elle allait sur sa tombe une fois par mois, elle préparait des friandises pour les distribuer au cimetière à des personnes à qui elle demandait de prier pour mon père. En détruisant sa tombe, l’occupation israélienne lui a maintenant interdit de lui rendre visite.”