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Abderrahim Bouzelmate décortique « la crise de la nuance » dans son dernier essai

Abderrahim Bouzelmate. 

Professeur de lettres dans les quartiers nord de Marseille, conférencier, écrivain, Abderrahim Bouzelmate vient de faire paraître un nouvel essai intitulé « La crise de la nuance » aux éditions Les Points sur les I. L’homme y affronte la redoutable question de la désertion du langage, de la mort de la poésie, de la consécration de la violence et plaide avec ardeur pour un éloge du rêve, de la rencontre avec l’autre et pour la réhabilitation de la culture comme vecteur de transformation de l’humain.

Le constat est douloureux mais il est réel : la culture, terme galvaudé, désormais assimilé au divertissement, a déserté les cités publiques et les esprits du siècle. Le langage décline et la poésie est un lointain fossile de la civilisation européenne. De cette crise du langage a découlé une autre crise, celle de la nuance, cette capacité à saisir la complexité du monde et des Hommes. Une crise qui a inauguré une nouvelle ère de violence et de confrontation au point que l’on a pu parler de choc des cultures. Ce tableau, décrit sans nuances dans cet article, est le sujet du dernier essai d’Abderrahim Bouzelmate, « La crise de la nuance ». Traité par l’auteur comme à son accoutumée avec beaucoup de tact, de doigté et de douceur intellectuelle, le sujet est découpé en quatre parties : la culture, l’école, le langage et la sensibilité. Bouzelmate analyse les causes de cette crise, ses effets dans les esprits et la manière dont ses maux se reflètent dans nos mots.

Nous voudrions défendre ici une autre idée de la culture ; celle d’un élément de transformation de l’individu, et plus loin de la société

Il défend sans ambages une ouverture vers l’autre comme carburant indispensable à la créativité culturelle. « Sans l’apport des autres, une culture ne peut survivre longtemps : elle a besoin de mouvements d’idées, de renouvellement de ses arts, et du regard critique étranger. Nous imaginons un choc des cultures, car nous ne regardons plus la culture comme un moyen d’aller vers l’autre, mais comme un moyen de s’opposer à l’autre. Ce sont là les signes d’une pensée malade », écrit-il.

Un essai littéraire et intellectuel, accessible et élégant

Le diagnostic étant posé, le remède artistique s’ensuit naturellement et doit permettre aux Hommes de se dépasser. C’est le sens de l’idée de culture que défend Abderrahim Bouzelmate. « Nous voudrions défendre ici une autre idée de la culture ; celle d’un élément de transformation de l’individu, et plus loin de la société (…) Une culture qui ne transforme pas l’individu n’est pas de la culture mais un simple loisir ».  Car le but de la culture ajoute l’auteur est « d’éveiller au monde ». Au détour d’une critique de la société de consommation, des méthodes pédagogiques scolaires et du manque de sensibilité de notre époque, Abderrahim Bouzelmate se saisit de son bâton de pèlerin pour arpenter les chemins de conscience de ses lecteurs et leur vanter les mérites de la fraternité, de l’amitié, du rêve, ces utopies ordinaires ensevelies par la folie de l’Homme dévasté pour paraphraser Jean-François Mattei. Et il y parvient très bien. En ces temps d’indigences intellectuelles et culturelles, l’essai d’Abderrahim Bouzelmate fait figure d’antidépresseur accessible en tous points au grand public, l’auteur ayant recours à une langue épurée, essentielle et dépouillée de toute forme d’écume langagière, ostentatoire et intellectualisante. Une pierre polie et élégante apportée à l’édifice discret de la réflexion et de la méditation contemporaine sur le sens, le langage et la poésie.

Fouad Bahri

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