Le tribunal correctionnel de Meaux a condamné hier, Abdourahmane Ridouane, à quatre mois d’emprisonnement avec sursis et deux ans d’interdiction du territoire français pour « apologie du terrorisme ». Le président de la mosquée de Pessac précise avoir fait appel directement « car cette décision est juste scandaleuse ». Explications.
Abdourahmane Ridouane a été condamné ce lundi 10 mars, par le tribunal judiciaire de Meaux, à une peine de quatre mois de prison avec sursis pour apologie du terrorisme. Il écope également d’une interdiction de séjour en France pour deux ans et son inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes. Son avocat a immédiatement interjeté appel.
« C’est une honte pour la justice »
Les autorités reprochaient à cet homme de 60 ans, qui dirigeait la mosquée de Pessac, d’avoir « justifié des actes terroristes » et « incité à la discrimination ou à la haine envers les pays occidentaux, l’État d’Israël ainsi que la communauté juive ». Abdourahmane Ridouane réfute les accusations portées contre lui et dénonce une « décision juste scandaleuse » :
« C’est une honte pour la justice. Le 13 janvier, nous avons démontré qu’il n’y avait aucune intention de faire l’apologie du terrorisme. À chaque attentat en France, et ailleurs, j’ai toujours condamné en prenant ma plume. Cette condamnation est une réponse à une injonction politique. »
Ce sont notamment des publications sur les réseaux sociaux qui sont mises en cause, notamment des messages rendant hommage à l’ancien chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, après son assassinat en juillet à Téhéran. L’administration lui reprochait également d’avoir relayé des accusations selon lesquelles la France pratiquerait une « islamophobie d’État ».
Une affaire en cours depuis 2022
Déjà en mars 2022, des publications sur les réseaux sociaux avaient conduit à la fermeture de la mosquée, accusée de promouvoir une « idéologie salafiste ». Cette décision avait cependant été annulée par le tribunal administratif, puis par le Conseil d’État.
Toutefois, de nouvelles publications, dans le contexte du génocide à Gaza, avaient conduit à l’arrestation d’Abdourahmane Ridouane le 8 août 2024, en vue d’une expulsion vers le Niger. Il faisait alors l’objet d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Toutefois, la procédure avait été suspendue faute de laissez-passer consulaire délivré par son pays d’origine, comme l’avait précisé la préfecture de Gironde.

Libéré le 6 novembre à l’expiration du délai légal de rétention, il avait été placé sous assignation à résidence, avec obligation de se présenter trois fois par jour au commissariat. Son procès, initialement prévu, avait été reporté au 13 janvier dernier.
Ciblé pour des critiques contre l’Etat ?
Abdourahmane Ridouane estime être ciblé en raison de ses prises de position critiques vis-à-vis de la politique étrangère française et de son « inaction dans le conflit israélo-palestinien ». Son avocat, Sefen Guez Guez, dénonçait déjà en janvier un « acharnement » de l’État contre son client. Ce lundi 10 mars, ils ont officiellement fait appel de la condamnation.