Le tribunal administratif de Lyon a rejeté ce mercredi la requête déposée par le lycée musulman Al Kindi contre la décision de la préfecture du Rhône de résilier son contrat d’association avec l’État. L’établissement scolaire entend, malgré tout, maintenir son recours contre la décision de résiliation. Explications.
Le tribunal administratif de Lyon a tranché en défaveur du groupe scolaire musulman Al-Kindi, rejetant sa demande de suspension de la décision de l’État de résilier son contrat à la rentrée prochaine. À l’exception d’une classe de seconde dans une école à Marseille, Al-Kindi était le dernier lycée musulman sous contrat depuis la résiliation de l’agrément du lycée Averroès de Lille.
Les jugent confirment la décision préfectorale
« La requête de l’association Al Kindi est rejetée », a déclaré le tribunal administratif de Lyon ce mercredi. Les juges ont estimé, dans un communique officiel, que « les manquements reprochés à l’établissement étaient suffisamment établis ». Ils ont également précisé que « les critiques portées par les inspecteurs de l’éducation nationale, et reprises par la préfète, (…) sont fondées ».
En ce qui concerne le non-respect des valeurs de la République, le tribunal a pointé la présence au centre de documentation et d’information du lycée de « sept ouvrages sur l’islam, ainsi que d’autres ouvrages défendant une vision traditionaliste ».
Lors de l’audience, l’avocat d’Al-Kindi, Sefen Guez Guez, a accusé l’État d’avoir « cherché des arguments pour justifier la résiliation du contrat dans un souci d’affichage », allant jusqu’à formuler des « accusations diffamantes ». Il a également reproché aux autorités de ne pas avoir pris en compte les « mesures correctrices » mises en place par l’établissement.

Former une élite musulmane : un danger pour l’État ?
Dans un communiqué publié jeudi 13 mars, l’association Al-Kindi a exprimé sa déception face à la décision du tribunal, affirmant que celui-ci « a repris l’essentiel des griefs soulevés par la préfecture » sans considérer les efforts de l’établissement pour corriger les dysfonctionnements.
« Derrière l’extrême sévérité de l’État, qui a cherché tous les prétextes, y compris des motifs purement comptables, la véritable raison de la résiliation du contrat d’association a été enfin révélée à l’audience du tribunal administratif par la voix de sa représentante », dénonce Al-Kindi.
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Selon l’association, la représentante du ministère de l’Intérieur aurait déclaré que « le vrai danger d’Al-Kindi, pourtant reconnu officiellement comme un établissement d’excellence et d’intégration sociale, serait qu’il forme une élite qui, un jour, occupera « les manettes du pouvoir, de bonnes situations… alors que ces jeunes auraient un biais dans leur mode de fonctionnement » ».

Le groupe scolaire maintient son recours
« La question que nous posons alors est : la réussite de la composante musulmane a-t-elle une place dans la République ? Derrière ces propos discriminants, complotistes et islamophobes assumés, se dessine une politique visant à empêcher le réseau éducatif musulman de continuer à exister. »
L’établissement compte maintenir son recours contre la décision de résiliation « tout en continuant à apporter des améliorations pour performer ».