Mystique, commentateur du Coran, Al Qashani est l’auteur d’une épître consacrée à l’interprétation de la science des lettres (‘ilm al huruf) dont Mizane.info publie quelques extraits.
Sourate II : La Génisse Texte: 1. ALIF-LÂM-MÎM.
2. C’est l’Écrit (promis), en lequel (ou au sujet) duquel il n’y a pas de doute, guidance pourles croyants.
Commentaire : Ces trois lettres, Alif, Lâm et Mïm, constituent le monogramme par lequel Dieu a désigné tout ce qui est (Kullu-lwujûd) en tant que « tout » (kullu), car l’Alif est une désignation de l’Essence, Dhât) qui est le principe de l’existence, selon ce qui a été dit précédemment, le Lâm est une désignation de l’Intellect Actif (Al ‘Aqlu-l-F’âl), autrement appelé l’Ange Gabriel (Jibrîl), moyen-terme de l’existence qui puise à la source existentielle (al-mabdâ) pour se répandre vers la fin (al-muntahâ), et, enfin, le Mim est une désignation de Muhammad, le terme final de l’existence avec lequel le cycle existentiel se trouve accompli et relié à son commencement.
C’est pourquoi il mit le sceau et déclara : « En vérité, le Temps (az-Zamân) est retourné par un mouvement circulaire à l’aspect qu’Il a eu au Jour où Alldh créa les Cieux et la Terre » (hadith).
L’un des prédécesseurs a dit que le Lam est composé de deux Alif, ce qui veut dire que cette lettre est considérée comme correspondant à l’Essence avec son Attribut de Science, autrement dit deux des «Trois Mondes divins» (Essence, Attributs et Actes) dont nous avons traité précédemment. Ainsi compris le Lam est véritablement un « nom divin », car tout nom divin est une expression de l’Essence avec un certain Attribut.
Quant au Mîm, il désigne l’Essence avec tous les Attributs et tous les Actes par lesquels elle s’occulte dans la Forme Muhammadienne (as-sûratu-l-Muhammadiyya), « forme » qui constitue le Nom Suprême (al-Ismu-l-A’jam) d’Allah, en sorte que l’Essence n’est reconnue alors comme telle que de ceux qui la connaissent.
Ne vois-tu pas déjà comment ce Mîm qui symbolise la Forme (totale) de l’Essence (manifestée simultanément sous ses trois aspects fondamentaux correspondant aux Trois Mondes), comporte dans son nom (composé de M+Y+M) la lettre Yâ et qu’à son tour le nom de celle-ci (Y+ A) inclut un Alif (symbole de l’Essence principielle).
Le secret par excellence dans l’institution des Lettres réside dans le fait qu’il n’y a pas de lettre qui ne recèle finalement l’Alif. On pourrait rapprocher de cette façon de voir les choses, l’interprétation qui a été faite d’autre part des trois lettres en question et selon laquelle il s’agirait d’une forme de serment « par Allah, al-‘Alîm (L’Omniscient), al-Hakîm (le Sage) car Jibrîl est le support théophanique de la Science (al-‘Ilm) et constitue donc Son nom al-‘Alîm, et à son tour Muhammad est le support théophanique de la Sagesse (al-Hikma) et constitue Son nom al-Hakîm.
Tout ce que nous venons de mentionner vérifie de diverses façons la parole connue disant : « Sous chacun des Noms divins, il y a des Noms sans fin ». D’autre part, la « science » n’atteint sa perfection que lorsqu’elle est accompagnée d’« acte » dans le monde de la Sagesse, monde qui est celui des moyens et des choses causées, et c’est seulement alors que la « science » devient « sagesse ».
De même, l’on sait que l’Islam n’est pas obtenu par la seule prononciation de la formule La ilâha illâllâh (- « Pas de dieu si ce n’est Allâh »), et qu’on doit accompagner celle-ci de la formule Muhammadun rasûlu-Uâh (- « Muhammad est l’envoyé d’Allah »)
(…)
Pour ce qui est d’« Alif-Lâm-Mîm, Allah, pas de Dieu si ce n’est Lui, le Vivant, l’Omniscient », l’explication en a été donnée précédemment. « Il a fait descendre au fur et à mesure sur toi le livre par la Vérité », c’est-à-dire II t’a élevé degré par degré et niveau par niveau corrélativement à la Descente du Livre sur toi (et par ce fait même), en procédant par la révélation graduelle stelliforme pour te faire monter à la Science unitive et identifiante (al-‘ilmu-t-tawhîdi) qui est la Vérité en tant que « synthèse » (jam’) appelée autrement l’Intellect coranique ou totalisant (al-‘Aqlu-l-qur’ân.î).
En tant que confirmateur de ce qu’il trouve devant lui » comme donnée de l’Identité étemelle primordiale (at-Tawhîdu-l-Azaliyyu-s-Sâbiq) connue dans le Pacte premier thésaurisé dans le mystère de la prédisposition »; « Il avait fait descendre d’emblée la Thora et l’Evangile auparavant et II a fait descendre d’emblée le Furqan (Discernement) » ou la doctrine unitive appliquée aux détails (at-Tawhîdu-t-tafsîlî) qui est la Vérité en tant que « discrimination » (farq), appelée autrement l’Intellect furqanique ou distinctif (al-‘Aqlu-l-furqûnî), et qui est le point de départ de l’Orientation véritable et le début de l’Exhortation.
Al Qashani
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