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Algérie/France : je t’aime, moi non plus !

Les relations franco-algériennes sont bipolaires : aux périodes d’embellie succèdent souvent des phases de crise dépressive. La fermeture de l’espace aérien algérien et le rappel de l’ambassadeur de l’Algérie à Paris à la suite des propos tenus par Macron devant un parterre de harkis est le dernier épisode en date d’une relation diplomatique tumultueuse.

Entre Paris et Alger, la température est montée d’un cran. Le rappel de l’ambassadeur algérien à Paris, samedi, et la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions français, dimanche, en témoigne. En cause, pour l’Algérie, la restriction des visas annoncé par Paris à l’encontre des pays d’Afrique du nord et surtout les déclarations hostiles du président Macron tenues jeudi 30 septembre devant une salle rempli de sympathisants pieds-noirs, de harkis et d’ancien du FLN selon ce que rapporte le quotidien Le Monde.

Voici quelques extraits des propos de Macron qui ont provoqué l’ire d’Alger :

« La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question” (…) “Je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée. Et d’expliquer qu’on est les seuls colonisateurs, c’est génial. Les Algériens y croient” (…) l’“histoire officielle » (algérienne) est une histoire “totalement réécrit [et] qui ne s’appuie pas sur des vérités”, mais sur “un discours qui, il faut bien le dire, repose sur une haine de la France” (…) « La nation algérienne post­-1962 s’est construite sur une rente mémorielle”. A propos des visas, Macron a apporté une précision : « On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement. »

La colère des autorités algériennes

Toutes ces déclarations n’ont visiblement pas été du goût des dirigeants algériens. La présidence algérienne estime que ce discours « irresponsable » de Macron « heurte les principes devant présider à une éventuelle coopération algéro-française en matière de mémoire [et] a l’incorrigible défaut de tendre vers la promotion d’une version apologétique du colonialisme ».

Ce nouvel « incident » diplomatique est à replacer dans le contexte de l’entrée en période électorale pré-présidentielle d’Emmanuel Macron. A la montée en force médiatique de Zemmour qui talonne la présidente du Rassemblement national (Marine le Pen), Macron a répondu habilement par ce meeting du 30 septembre réunissant un public trié sur le volet et constitué d’anciens de l’Algérie française. La création de ce mini « incident diplomatique » profitera visiblement à la candidature Macron en caressant dans le sens du poil l’électeur de droite et d’extrême-droite.

Du côté algérien, les critiques de Macron seront toutes aussi gagnantes, dans un contexte de contestation politique interne des Algériens (hirak) contre le pouvoir en place. S’il y a rente mémorielle, elle aura aussi bien profiter à Macron, en le peignant comme un défenseur de la nation française, que des autorités algériennes, gardiennes soucieuses du temple de la mémoire algérienne contre les tentations nostalgiques de la France.

La politique du chaud et du froid

Pour autant, les relations diplomatiques entre les deux pays avaient été relativement bonnes jusque-là. L’an dernier, Macron avait dressé un éloge du président Tebboune dans les colonnes de Jeune Afrique en lui proposant son aide dans la transition politique de son pays. Des gestes symboliques avaient également été consenti par le président français dans le cadre d’un rapprochement franco-algérien lié à la guerre d’Algérie.

« Les crânes de 24 résistants algériens décapités au XIXe siècle lors de révoltes dans le sud de l’Algérie contre l’occupant français » avaient été restitués rappelle l’Obs, tandis qu’étaient reconnues les exactions commises contre l’avocat algérien Ali Boumendjel, mort en mars 1957, torturé et tué par l’armée française lors de la bataille d’Alger. Macron qui avait fait le déplacement dans sa campagne pré-électorale en 2017, avait d’ailleurs qualifié la colonisation française de « crime contre l’humanité ».

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