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Appel du monde académique français pour un arrêt du génocide en Palestine

Gaza Octobre 2023

Plus de 1200 universitaires du monde académique français ont signé une tribune collective appelant à un engagement « pour arrêter immédiatement le génocide et la guerre d’occupation en Palestine ». Retrouver cette lettre ouverte en exclusivité sur Mizane info.

Appel du monde académique français pour la Palestine : Engageons-nous activement pour arrêter immédiatement le génocide et la guerre d’occupation en Palestine.

Nous sousigné.e.s universitaires, chercheur.es, étudiant.es et personnel administratif travaillant dans l’enseignement supérieur et la recherche,  nous lançons cet appel en soutien aux Palestiniennes et aux Palestiniens et en particulier aux collègues et étudiants subissant la guerre israélienne et ce en réponse au récent appel unifié pour la justice et la liberté lancé par les établissements d’enseignement supérieur palestiniens (1).

Nous approuvons et saluons le lancement du mouvement des chercheurs contre la guerre en Palestine (SAWP) et nous appelons à un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent (2). Nous exhortons tous les collègues et étudiants à se joindre à nous pour s’opposer activement à la destruction de Gaza et notamment des universités palestiniennes et aux attaques systématiques contre la communauté universitaire palestinienne dans son ensemble.

Nous nous opposons aux graves violations par Israël des droits humains et de la liberté académique des Palestiniens, à la guerre génocidaire en cours à Gaza ainsi qu’aux arrestations et détentions arbitraires en particulier celles subies par les étudiants et le personnel palestinien dans les universités de Cisjordanie. Nous dénonçons également les campagnes d’intimidation et de violence exercées contre les Palestiniens dans les universités israéliennes.

La destruction systématique du système éducatif en Palestine est une dimension centrale de la guerre israélienne visant les infrastructures civiques et sociales palestiniennes. Cette destruction fait partie d’un projet historique et continu de nettoyage ethnique et de fragmentation qui prive depuis 75 ans le peuple palestinien de ses droits les plus élémentaires y compris le retour des réfugiés Palestiniens à leur patrie. L’attaque d’Israël contre le système éducatif palestinien vise à renforcer un système de déplacement et de dépossession en s’attaquant à la vie culturelle, intellectuelle et politique du peuple palestinien.

L’objectif est clair : empêcher le peuple palestinien de vivre, de s’épanouir, d’étudier et d’enseigner sur ses terres ancestrales et l’exclure d’une participation libre et pleine à la communauté universitaire internationale. En tant qu’universitaires, chercheur.es étudiant.es et personnel administratif, nous nous opposons avec la plus grande détermination à la brutalité de ces attaques, reconnaissant que l’éducation n’est pas seulement un droit humain fondamental mais aussi un pilier crucial pour la préservation de l’identité, du patrimoine et de la vie civique du peuple palestinien.  

Les universités françaises sont indirectement complices de la destruction du système éducatif palestinien. Plusieurs d’entre elles ont des accords de coopération avec des entreprises impliquées dans l’occupation militaire, le colonialisme et l’apartheid d’Israël. Ce type de collaboration avec des entreprises qui ignorent et/ou profitent des violences subies par le peuple palestinien soulève des questions politiques et éthiques cruciales autour du rôle de nos établissements d’enseignement supérieur dans la perpétuation des systèmes d’oppression, de colonialisme et de violence (3) (exemples ci-dessous).

Face à cette complicité, nous avons exprimé notre solidarité avec le peuple palestinien tant au niveau local que national en organisant des comités Palestine partout et ce malgré le climat de répression et de restriction des libertés académiques autour de la Palestine. Cet élan de solidarité au sein de nos communautés universitaires illustre un engagement envers une conduite éthique et un refus d’être des spectateurs passifs du génocide en cours.

Nous devons poursuivre et intensifier nos actions de pression sur le gouvernement français afin d’exiger d’Israël un cessez-le-feu immédiat et permanent. Nous exhortons nos collègues à renouer avec la tradition universitaire de solidarité internationale contre le colonialisme, l’apartheid et le racisme. Nous les invitons à affirmer collectivement leur engagement à incarner les principes universels de justice et de liberté chers à notre métier.

Une solidarité active du monde académique français contre la guerre génocidaire perpétrée par Israël contre les Palestiniens est d’autant plus urgente que le gouvernement français manifeste et exprime un soutien inconditionnel au gouvernement Israélien malgré les appels à un cessez-le-feu et à l’aide humanitaire. C’est pourquoi nous appelons tous les collègues et étudiants à se joindre à notre campagne et à :

Ø Intensifier la pression pour mettre fin à la guerre génocidaire à Gaza et rejoindre le mouvement international appelant à un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent.

Ø Pousser nos universités à agir activement contre le régime d’apartheid israélien : repérer les investissements, les contrats ou les accords de coopération avec les entreprises qui financent Israël et s’organiser pour les dénoncer. Appeler à rompre toute coopération avec des entreprises complices des crimes israéliens contre le peuple palestinien.

Ø Défendre le droit des Palestiniens à l’éducation : Dénoncer la destruction du système éducatif et les restrictions des libertés académiques et politiques en Palestine. Exiger la fin des restrictions de la liberté de circulation des universitaires et étudiants palestiniens. Plaider pour la suppression des obstacles, qui entravent la capacité des universitaires et des étudiants à assister aux cours et à s’engager dans des activités académiques. Soutenir le droit des universitaires internationaux de visiter et de collaborer avec des collègues palestiniens.

Ø Établir des liens académiques avec des universités et des universitaires palestiniens afin de lutter contre l’isolement international de l’enseignement supérieur palestinien. Promouvoir les échanges, les projets communs, les programmes de bourses et les partenariats qui contribuent positivement au système éducatif palestinien.

Ø Soutenir et participer au Boycott Académique visant les institutions académiques israéliennes complices de la violation des droits des Palestiniens : S’abstenir de participer à des collaborations, des conférences ou des partenariats avec des institutions israéliennes, de recherche et d’État qui soutiennent ou contribuent à l’occupation et au nettoyage ethnique des Palestiniens et ce jusqu’à ce qu’Israël se conforme au droit international et aux principes universels des droits humains.

Ø Défendre la liberté d’expression : Résister à toute tentative visant à stigmatiser ou à faire taire le personnel académique et administratif et les étudiants des universités françaises engagés dans des campagnes de solidarité avec la Palestine. Utiliser l’espace universitaire pour parler de la Palestine en particulier pendant la semaine contre l’apartheid israélien.

Quelques noms des signataires :

Sbeih Sbeih, Sociologue, chercheur associé IREMAM
Hèla Yousfi, Maître de conférences, Université Paris-dauphine PSL
Dror Warschawski, Chercheur, CNRS/Université Paris Sorbonne  
Stéphanie Latte Abdallah, Directrice de recherche au CNRS (CéSor-EHESS)
Marie-Anne Paveau, Professeure en sciences du langage, USPN, Paris 13
Vincent Geisser, Chercheur CNRS, Président du centre d’information et d’études sur les migrations internationales.
Nacira Guénif, Sociologue, anthropologue, Professeure des Universités, Université Paris 8, LEGS (CNRS)
Paul Guillibert, Chargé de recherche en philosophie, CNRS / Paris 1 Pantheon-Sorbonne
Bernard Friot, Sociologue, Université Paris-Nanterre
Frédéric Lebaron, Professeur des universités en sociologie, ENS Paris-Saclay
Françoise Vergès, Senior Fellow Researcher, Sarah Parker Center, UCL
Rony Brauman, Ex-président de MSF, Ex-Professeur à l’université de Manchester
Frédéric Lordon, Directeur de recherche, CNRS
François Burgat, DR CNRS à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman
Laurent Bonnefoy, Chargé de recherche au CNRS (CERI-Sciences Po
Laurence De cock, Historienne et enseignante, université Paris-Cité
Barbara Stiegler, Professeure des universités à l’université Bordeaux Montaigne

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