L’Unicef lance un appel d’urgence concernant la situation des enfants au Soudan, dévasté par un conflit largement négligé par la communauté internationale. Lundi dernier, Paris a organisé une conférence pour sensibiliser le monde à la crise humanitaire dans le pays. Zoom.
Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre opposant les forces armées du général Al-Burhane et les paramilitaires dissidents dirigés par Mohammed Hamdane. Cette confrontation a entraîné une crise humanitaire majeure ainsi que le déplacement de 8,6 millions soudanais
Une conférence internationale sur le Soudan s’est tenue pour la première fois à Paris ce 15 avril, organisée par la France, l’Allemagne et l’Union européenne.
« C’est la guerre la plus sale que j’ai vue »
Cette année, la situation au Soudan n’a pas cessé de se détériorer. Près de 2 millions de Soudanais ont déjà fui le pays et ceux qui sont restés font face à la famine. Selon Human Rights Watch, 25 millions de personnes, soit la moitié de la population, dépendent de l’aide alimentaire et 5 millions risquent de connaître la famine dans les mois à venir.
Les ONG expriment leur inquiétude, soulignant le besoin urgent de fournir une aide alimentaire adéquate, en particulier dans des régions comme le Darfour. Justine Muzik-Piquemal, directrice régionale de l’ONG Solidarités International, explique :
« C’est la guerre la plus sale que j’ai vue. D’après les estimations de nos collègues de Médecins sans frontières (MSF), il faudrait acheminer 1 500 camions de nourriture par mois au Darfour pour éviter la famine. C’est faramineux. Et on ne parle là que de nourriture. »
Une aide financière entravée et insuffisante
Les efforts humanitaires sont entravés par des défis logistiques et un manque de financement. Seulement 7 % des besoins en aide humanitaire pour les réfugiés au Soudan ayant été comblés selon une étude du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
La ville de Khartoum, contrôlée en partie par les Forces de soutien rapide dirigées par Mohamed Hamdan est pratiquement inaccessible pour les travailleurs humanitaires. « On a besoin de vrais couloirs humanitaires pour être en sécurité » alerte Justine Muzik-Piquemal.
Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) au Soudan, composées d’environ 1 400 personnes, font notamment face à des pressions constantes : « On subit beaucoup de vols, d’attaques et d’harcèlements sur nos équipes. » déplore Claire Nicolet, responsable de Médecins sans frontières au Soudan.
Durant la conférence sur le Soudan à Paris, le président Emmanuel Macron a annoncé une aide de 2 milliards d’euros dont une contribution de 110 millions de la part de la France. Cependant, ces montants restent bien en deçà des 3,8 milliards d’euros estimés par l’ONU.
Les enfants, premières victimes de la guerre
Les enfants au Soudan subissent les plus graves conséquences depuis le début de la guerre. Ils sont exposés à la famine, aux maladies, à la déscolarisation et au risque d’enrôlement forcé par des groupes armés.
D’après Mary Louise Eagleton, représentante de l’Unicef au Soudan, environ 24 millions d’enfants vivent dans des conditions difficiles, dont 14 millions ont un besoin urgent d’aide humanitaire. Plus de 90 % des 19 millions d’enfants en âge d’aller à l’école n’ont pas accès à une éducation formelle.
L’UNICEF a signalé de nombreuses violations des droits de l’enfant, et la malnutrition constitue une préoccupation majeure, avec près de 4 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë, dont 730 000 de malnutrition sévère (potentiellement mortelle).
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