Dans le désert d’Arabie saoudite, l’ambitieux projet Neom doit présenter ses premières réalisations d’ici 2030. Pourtant, ce méga-projet, pierre angulaire de la stratégie « Vision 2030 » , accumule retards, controverses et infractions, notamment en raison de ses répercussions humaines, sociales et environnementales. Le point de la rédaction.
S’étendant sur une superficie comparable à celle du Massachusetts, Neom symbolise un défi économique sans précédent pour l’Arabie saoudite. Parmi ses projets phares, The Line, une ville linéaire initialement prévue sur 170 km, a vu ses ambitions révisées à 2,4 km d’ici 2030. Cette réduction illustre les défis logistiques et techniques d’un projet critiqué par de nombreuses ONG pour ses infractions humaines et écologiques.
Des chantiers surpeuplés et insalubres
Selon le Wall Street Journal, les camps de travailleurs, majoritairement originaires du Pakistan, du Bangladesh et des Philippines, s’apparentent à une « dystopie ». Les conditions de vie surpeuplées et insalubres y sont exacerbées par des problèmes de sécurité majeurs.
Des violences graves, allant de viols collectifs à des tentatives de meurtre, ont été documentées, et les infrastructures sanitaires restent largement insuffisantes face à l’essor démographique rapide du site. En novembre 2024, cinq décès sur les lieux de travail et sur les routes ont été signalés en une seule semaine, selon des témoignages d’employés actuels et anciens.
Un Far West mortel
« C’est toujours le Far West », décrit un travailleur. En 2021, un accident, impliquant un enfant saoudien de 8 ans au volant d’un camion-citerne et des migrants, illustre les problèmes systémiques de sécurité. Un rapport de l’entreprise Serco identifie les véhicules motorisés comme le principal danger sur le site, évoquant des conducteurs non qualifiés et des réglementations peu respectées.
Les infrastructures de secours, notamment les hôpitaux et les services d’urgence, sont insuffisantes pour répondre à l’ampleur des besoins. En 2022, des rapports indépendants commandés par Neom ont souligné l’absence de plans d’urgence cohérents pour un projet de cette envergure.
Le jusqu’au boutisme de Mohammed ben Salmane
Malgré les critiques, Neom continue d’affirmer sa priorité pour le bien-être des travailleurs. Une porte-parole a déclaré au Wall Street Journal : « La protection du bien-être des personnes travaillant sur le site est une priorité absolue. »
Cependant, les accusations de mauvaise gestion, de racisme et de conditions de travail précaires ternissent l’image de ce projet colossal. Pour Mohammed ben Salmane, Neom reste une vision clé de l’avenir saoudien, mais sa concrétisation s’accompagne de défis humains, techniques et éthiques, suscitant de nombreuses interrogations sur sa viabilité.
A lire sur le sujet :