Après quinze ans au pouvoir et plusieurs mois de manifestations réprimées dans le sang au Bangladesh, la Première ministre Sheikh Hasina a finalement fui, ce lundi, le pays en hélicoptère. Le chef de l’armée a annoncé la formation imminente d’un gouvernement intérimaire. Focus de la rédaction
Le mouvement des étudiants et leurs soutiens ont mené ce lundi une marche populaire vers la capitale, Dacca, provoquant la démission précipitée de la première ministre Sheikh Hasina. Cette démission survient après une répression sanglante, avec au moins 109 morts pour la seule journée de lundi 5 août.
Depuis le début du mouvement début juillet, on compte 409 morts selon un bilan de l’AFP et plus de 10 000 jeunes emprisonnés. Le chef de l’armée, Waker-Uz-Zaman a déclaré hier, lors d’une intervention télévisée, que les militaires formeraient un gouvernement par intérim en attendant la tenue de futures élections.
Un raz de marée populaire emporte le gouverment
Des centaines de milliers de personnes ont marché hier vers la capitale bangladaise pour exiger le départ de la première ministre autoritaire Sheikh Hasina. Le mouvement étudiant, initialement motivé par la fin des quotas dans la fonction publique, a débuté début juillet.
Depuis, de larges franges de la population ont rejoint les jeunes manifestants, et la suspension des quotas par le gouvernement n’a pas suffi à apaiser la colère. Le chômage, les inégalités, la restriction des droits des travailleurs et l’emprisonnement systématique des opposants ont alimenté le mécontentement populaire.
La mobilisation n’a pas faibli depuis juillet, culminant ce lundi avec un raz-de-marée populaire qui a envahi Dacca, renversant les dirigeants de la Ligue Awami, au pouvoir depuis 2009. Sheikh Hasina a quitté sa résidence du nord de Dacca et s’est enfuie en Inde à bord d’un hélicoptère de l’armée.
Le mouvement étudiant ne baisse pas la garde
Hier, le chef de l’armée, Waker-Uz-Zaman, a annoncé la démission de Sheikh Hasina lors d’une adresse télévisée. Il a précisé que les militaires formeraient un gouvernement intérimaire jusqu’à de nouvelles élections :
« Le pays a beaucoup souffert, l’économie a été touchée, de nombreuses personnes ont été tuées. Il est temps de mettre fin à la violence »
Des millions de personnes ont défilé à travers le pays, brandissant des drapeaux et dansant sur des tanks. Une réunion présidée par le chef de l’Etat, Mohammed Shahabuddin, en présence des chefs des forces armées et des dirigeants de plusieurs partis d’opposition, a abouti à l’annonce de la libération de « toutes les personnes arrêtées lors des manifestations d’étudiants ».
L’armée a également annoncé la levée du couvre-feu et la réouverture des universités et commerces dès mardi matin. « Après 53 ans, mon Bangladesh est vraiment devenu indépendant » a commenté, Sarjis Alam, un des leaders du mouvement étudiant. Un autre membre, Asif Mahmud, a toutefois prévenu que le mouvement continuerait jusqu’à la concrétisation de leurs espoirs.
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