La rupture des contrats d’association de l’ensemble des écoles privées musulmanes par l’Etat ouvre une ère de soupçon, écrit le CFCM dans son dernier communiqué à lire sur Mizane.info.
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) exprime sa vive préoccupation face aux épreuves majeures que traverse actuellement l’enseignement privé musulman en France. Ces derniers mois, plusieurs décisions administratives ont lourdement impacté le fonctionnement d’établissements d’enseignement privés musulmans, suscitant un profond sentiment d’injustice et de discrimination parmi les élèves, leurs familles, et une grande partie de nos concitoyens.
Récemment, la préfecture du Nord a prononcé la résiliation du contrat d’association avec l’État du lycée Averroès à Lille. Peu de temps après, la préfecture du Rhône a annulé les trois contrats liant l’État à l’école élémentaire, au collège et au lycée Al Kindi. Ces décisions, actuellement contestées devant la juridiction administrative qui se prononcera en 2025, pourraient, si elles sont confirmées, conduire à l’absence totale de lycées musulmans sous contrat avec l’État. Le CFCM ne dispose pas des éléments permettant d’évaluer pleinement les justifications avancées par les autorités compétentes. Cependant, sur la base des informations transmises par les établissements concernés, ces mesures sont largement perçues comme disproportionnées et injustifiées.
Un traitement inégal et une sanction perçue comme excessive
Des ajustements correctifs auraient pu être envisagés, à l’instar des mesures appliquées à d’autres établissements dans des situations comparables. Par exemple, le lycée Stanislas de Paris, qui fait l’objet de plusieurs polémiques relayées par l’émission « Complément d’enquête » de France 2, n’a pas subi de sanctions similaires. Cette disparité de traitement, particulièrement visible, alimente un sentiment d’injustice profond chez les jeunes élèves et leurs familles, laissant des séquelles durables sur leur perception des institutions républicaines.
Une suspicion généralisée envers les musulmans de France
Ces récents événements s’inscrivent dans une dynamique plus large et préoccupante de suspicion généralisée à l’égard des musulmans en France. Quand ils se trouvent marginalisés, pour des raisons diverses, ils sont accusés de « communautarisme » ou de « séparatisme ». Lorsqu’ils réussissent, ils font l’objet de soupçons d’« entrisme ». Nous ne sous-estimons pas des formes de déviance qui peuvent exister chez certains individus ou institutions de la composante musulmane de notre pays.
Celles-ci nécessitent des mesures fermes et efficaces pour les endiguer. Mais ces termes flous et ambigus sont souvent instrumentalisés pour discréditer l’ensemble de la communauté musulmane. Le CFCM alerte sur les dangers de cette stigmatisation croissante, encouragée par certains médias et figures influentes proches de l’extrême droite. Cette approche, loin de renforcer la cohésion nationale, alimente la défiance et risque de nourrir les extrêmes de tous bords.
Appel au discernement et au respect des valeurs républicaines
Face à cette situation, le CFCM appelle les pouvoirs publics à faire preuve de discernement et de pragmatisme, en veillant à respecter les principes fondamentaux de notre pacte républicain : égalité de traitement et égale dignité de tous les citoyens. La lutte contre toute dérive doit s’appuyer sur des décisions justes, proportionnées et fondées sur des faits établis, afin d’éviter toute escalade des tensions. Des sanctions perçues comme arbitraires ou disproportionnées ne font que conforter les discours idéologiques des extrêmes, renforçant les tensions et alimentant les récits de confrontation. Ce n’est ni la République ni ses valeurs qui en sortent grandies, mais bien la haine et l’extrémisme.
Un précédent juridique porteur d’espoir
Le tribunal administratif de Nice a récemment annulé, à deux reprises, l’arrêté de fermeture définitive pris par la préfecture des Alpes-Maritimes à l’encontre du collège Avicenne, jugeant que les accusations de financement opaque étaient infondées. Ce précédent montre que la justice reste une voie de recours essentielle et efficace pour défendre les droits des établissements concernés.
Un appel à la confiance et à l’action légale
Le CFCM invite les musulmans de France à continuer d’emprunter exclusivement les voies de recours légales et à faire confiance dans les valeurs de justice et de paix partagées par l’immense majorité de nos concitoyens. Ensemble, nous devons veiller à préserver les principes qui font la force de notre République : l’égalité, la justice et le respect de tous ses citoyens, quelles que soient leurs convictions.
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)