La Grande Mosquée de Shadian, située dans le sud de la Chine, vient d’être totalement « sinisée ». Cette transformation s’inscrit dans une politique lancée en 2018 par le Parti communiste chinois, visant à résister aux « styles architecturaux étrangers ». Focus.
La « sinisation » de l’islam se poursuit en Chine de manière accélérée. En avril dernier, la Grande Mosquée de Shadian, dans le sud du pays, a été remodelée, marquant une étape clé dans cette campagne menée par le Parti communiste chinois.
Selon un décompte du Financial Times de novembre 2023, sur 2 300 mosquées de style arabisant, les trois-quarts ont été soit détruites, soit modifiées comme celle de Shadian.
Des pagodes plutôt que des minarets
Après sa rénovation, la Grande Mosquée de Shadian, pouvant accueillir 10 000 fidèles, n’avait plus grand-chose à voir avec le style plutôt typique d’une mosquée. Les dômes verts et les imposants minarets ont été détruits et remplacés par un toit de style pagode après des mois de travaux, rapporte The Guardian.
Aujourd’hui, l’édifice ressemble davantage à un temple bouddhiste qu’à un lieu de prière musulman, avec une inscription en mandarin d’inspiration taoïste ornant la nouvelle façade : « Palais impérial de la vérité suprême ».
Depuis 2018, trois quarts des 2 300 mosquées chinoises (sur 4450 mosquées) à l’architecture islamique ont été « rénovées » ou détruites dans le cadre d’une campagne de « sinisation de l’islam » lancée par le gouvernement chinois. L’objectif était de résister aux « styles architecturaux étrangers » avec une consigne claire du Parti communiste : « Démolir plus et construire moins ».
Les protestations réprimées
À 150 km de Shadian, une autre grande mosquée, celle de Najiaying, a subi le même sort et a été transformée en pagode en février. Lorsque les dômes de Najiaying ont été démolis, des centaines de fidèles ont protesté. En réponse, les travaux ont continué et des affiches du parti reprenant le slogan : « Obéis au parti, suis le parti » ont été placardé autour de l’édifice.
Les musulmans locaux, principalement des Hui, ont été épargnés du sort réservé aux Ouïghours, mais ils gardent le souvenir vivace du massacre de près de 2 000 d’entre eux, dont 300 enfants, par l’armée populaire de libération en août 1975, alors qu’ils tentaient de rouvrir les mosquées fermées par le parti.
En février dernier, Pékin a également renforcé les réglementations sur l’expression religieuse dans le cadre de cette sinisation, interdisant par exemple aux mineurs de fréquenter les mosquées ou de jeûner.
A lire aussi :