Khalid Mossayd est écrivain, auteur de « L’arracheur de larmes ». Mizane.info publie l’une de ses chroniques consacrées au Ramadan, avec son aimable autorisation.
Entends-tu la paix ? Celle qui t’invite à aimer, à t’aimer et à reprendre possession de ton être ? Celle que tu cherches tant au détour de tes incohérences ? Elle est ta quête, dans le secret de tes prières ; elle est ta chaleur lorsque ton âme se repose. Entends-tu l’angoisse ? Celle qui étouffe et donne la nausée ? Celle qui te jette dans le vide, comme une vague imprévisible et redoutable qui t’écrase contre le sable dur ? Elle est invisible, dans l’ombre de tes failles ; elle est ta blessure lorsque la vie t’impose d’avancer. Entends-tu la colère ? Celle qui t’aveugle et t’offre les regrets ? Celle qui t’inspire les mots qui font mal, ces mots qui mutilent les cœurs aimants ? Elle est ce feu qui dort en toi ; elle est cette couverture brûlante qui consume ton humanité ; ce sentiment qui saigne et qui t’offre la laideur. Entends-tu l’amour qui t’invite à la paix et qui éloigne l’angoisse et la colère ? As-tu une fois aimé sans verser des paroles amères ? As-tu parfois pleuré dans l’intimité d’une main qui caresse tes peines ? As-tu offert l’amour au point de t’oublier toi-même ? As-tu parlé d’aimer lorsque tes mains glacées venaient se réchauffer auprès de l’être aimé(e) ? As-tu enfin trouvé le sens de ce monde ? Que la paix est ta quête et que l’angoisse est ton épreuve et que la colère t’enseigne ces regrets qu’on efface avec un peu d’amour.
« Plaire aux autres c’est se perdre »
Sais-tu où ton cœur se place dans ce monde ? Suis-tu ce qu’il te dicte ou bien ce que le monde t’impose de penser ? Tout n’est qu’une question d’identité : comprendre d’où l’on vient, apprendre qui nous sommes et savoir où l’on va. Passé, présent, futur… Certain(e)s aimeraient que tu t’assimiles au point que tu te perdes totalement. Tu le fais pour qu’on t’accepte mais la réalité est que même si tu t’installes au miroir de leur identité, la tienne, presque étouffée, continue de s’agiter à l’intérieur. Plaire aux autres c’est se perdre ; vouloir leur ressembler, c’est s’aliéner. Tu risquerais de te regarder bien en face et ne plus savoir qui tu es. Ton identité c’est l’empreinte que tes ancêtres ont gravée dans l’histoire. Mais ce n’est pas simple pour tout le monde. Il est des personnes qui ne la connaissent pas et qui sont dans cette quête perpétuelle pour tenter de se réconcilier avec eux-mêmes.
Il peut leur arriver de ressentir des choses que les autres ne peuvent ressentir ; leurs intuitions sont plus développées… Et leurs crises aussi. L’essentiel est de ne vouloir ressembler à personne et de refuser toutes les mises en scène. Plus on essaie de se construire un personnage et plus la chute est proche. On pensait trouver la lumière, on trouve l’ombre et les ténèbres. C’est souvent la peur du jugement qui nous impose d’être comme tout le monde et de suivre le mouvement. C’est également le manque de confiance qui nous pousse à agir ainsi. Les réseaux sociaux alimentent cette mise en scène. On devient schizophrène. L’image se construit autour de fantasmes et nous effleurons le mensonge. L’identité assumée c’est celle qui n’est pas effrayée par le jugement des autres. Ils ne jugent que leurs propres ignorances. Ta différence est ta richesse tant qu’elle t’offre de regarder ce monde loin des idées et des préjugés qu’on t’impose.
Khalid Mossayd
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