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Le véritable sens de l’imamat

Dans sa dernière chronique, Islam al Maliki expose à grands traits les fonctions et les caractéristiques d’un authentique imam, en pleine ère des réseaux sociaux. A lire sur Mizane.info.

Beaucoup se trompent, très malheureusement, sur ce que signifie être cheikh ou imam !

Dans l’imaginaire courant, ce sont ceux qui dirigent, enseignent et guident. Ce n’est pas faux, mais c’est secondaire. La vérité centrale, c’est que le cheikh authentique est d’abord un serviteur. Il ne s’impose pas, il sert. Il n’est pas un centre, mais un relais.

Le Prophète (ﷺ) n’a jamais parlé pour s’imposer. Il parlait peu, en général, toujours avec justesse, souvent avec silence autour. Il ne débitait pas des rappels pour occuper l’espace. Il attendait que la parole soit utile, que le cœur soit prêt.

Cette retenue était un signe de son intelligence (ﷺ), mais aussi de sa lucidité : tout ne se transmet pas par le discours. L’essentiel passe ailleurs. Ceux qui se précipitent pour parler, pour expliquer, pour répondre à tout, finissent par transmettre du vide. Ou pire : leur propre agitation.

Certains cheikhs que j’ai côtoyés prennent ce rôle de service tellement à cœur que c’en devient parfois presque inconfortable. On les voit se lever sans arrêt, anticiper les besoins des autres, s’assurer que chacun soit bien installé, qu’on ait à boire, à manger, qu’on ne manque de rien. Pas pour se faire remarquer. Pas pour créer une dette.

C’est leur manière d’être. Ils ont intégré le service dans chaque geste. Et ce n’est pas un rôle qu’ils jouent. C’est une nature façonnée par le modèle prophétique, par l’effacement, par l’oubli de soi. Quand on voit ça, on comprend que la transmission n’est pas nécessairement dans les mots. Elle est dans les actes silencieux.

À l’inverse, j’ai croisé des « imams » qui se comportent comme si tout leur était dû. Ils s’installent, attendent qu’on les serve, ne répondent même pas à des questions simples, parfois urgentes et cruciales. Pas un mot, pas un regard… puisque ce sont des « imams ». Mais dès qu’ils traversent une épreuve, ils se filment deux heures sur YouTube ou Facebook pour se plaindre de l’ingratitude des gens, du manque de soutien, du silence de la communauté…

Le contraste est violent !

Quand ils avaient l’occasion de servir, ils se sont dérobés. Et maintenant qu’ils sont en difficulté, ils réclament ce qu’ils n’ont jamais offert. La communauté ne se désintéresse pas par méchanceté. Elle reconnaît, souvent sans le formuler, que l’imam qui ne sert pas n’élève pas. Il reste à la surface. Et la surface ne retient pas.

Un vrai cheikh ne cherche pas à convaincre. Il ne multiplie pas les discours. Il parle peu, mais juste. Il veille plus qu’il ne parle. Il transmet par présence, pas par insistance. Il ne fabrique pas des adeptes, il accompagne des cheminants. Il ne répond pas à toutes les questions, il montre comment se les poser. S’il disparaissait demain, son œuvre continuerait. Car elle ne repose pas sur lui.

L’imam qui ne s’est pas purifié de ses propres passions n’élèvera personne. Même s’il cite les bons textes, même s’il utilise les bons termes, il transmettra autre chose : son besoin de reconnaissance, son orgueil peut-être, sa peur, sa domination…

Et ça aura plus d’effet que ses paroles. Parce que l’âme ne ment pas. Ce qu’on est, on le transmet, malgré soi.

C’est pour ça que le chemin spirituel commence toujours par un travail sur soi. Tant qu’on n’a pas appris à s’effacer, à se taire, à se rendre utile aux autres pour devenir disponible, on ne peut pas guider. On attire peut-être, on impressionne sûrement, mais on ne guide pas, jamais.

Il faut avoir goûté l’effacement pour savoir conduire sans abîmer. Il faut avoir appris à obéir pour mériter d’être écouté.

Je ne parle pas de théories. Je parle de faits. De comportements réels. De scènes répétées, parfois à l’identique, par des gens en position de transmettre, mais qui n’en ont ni la tenue ni l’intériorité. Je ne donnerai aucun nom, vous me connaissez. Ce serait leur faire trop d’honneur. Mais vous les reconnaitrez aisément. Je les ai vus, entendus, côtoyés. Des « imams » indifférents aux questions sincères, prompts à imposer le silence mais incapables d’en porter le poids.

Des figures visibles, incapables de mentionner le service, sauf quand vient l’épreuve. Et là, c’est l’inverse : ils crient, supplient, se filment, accusent tout le monde sauf eux-mêmes. Ça dure depuis des mois. Parfois des années. J’ai longtemps préféré me taire. Par respect. Par prudence. Mais le silence, à un moment, devient complice et pesant. Alors je parle. Pas pour exposer. Pour libérer. Pour rappeler que ce qu’on appelle « spiritualité » ou « savoir » ne se mesure pas au nombre de vues, mais à la manière dont on traite les gens quand personne ne regarde.

Et le secours ne vient que de Dieu !

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