En visite aux Etats-Unis pour consulter les ministres américains de la Justice et de la sécurité intérieure avant l’organisation des Jeux olympiques de Paris en 2024, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en a profité pour faire une déclaration qui n’est pas passée inaperçue. Zoom.
Renforcer la coopération sécuritaire entre Paris et Washington ! Tel était le but annoncé de la visite du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin aux États-Unis ce week-end un an avant les Jeux Olympiques de Paris.
Une coopération policière et judiciaire scellé par un accord signé entre la France et les Etats-Unis en 2016 contre le terrorisme et la grande criminalité. Pour ce faire, Gérald Darmanin a rencontré la ministre adjointe de la Justice Lisa Monaco et le ministre de la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas, ainsi que la cheffe de la police de New-York, Keechant Sewell.
« Terrorisme sunnite » !
Mais Darmanin avait également dans sa valise diplomatique un autre message à faire passer à ses homologues américains. « On est venu leur rappeler que pour les Européens et pour la France, le risque premier est le terrorisme islamiste sunnite et que la collaboration antiterroriste entre services de renseignement est absolument indispensable », a déclaré le ministre français dans un entretien accordé à l’AFP vendredi. Et histoire d’enfoncer le clou politique et d’écarter toute ambiguïté sur ces déclarations, le locataire de la Place Beauvau a insisté sur le mot « terrorisme sunnite ».
« Au moment où les Américains ont peut-être une vision plus nationale des contestations – suprémacisme blanc, fusillades à répétition, complotisme – il ne faut pas qu’ils oublient ce qui pour nous apparaît en Europe comme la première menace : le terrorisme sunnite ».
L’inquiétude des musulmans de France
Une déclaration lourde et sans nuance qui risque de durcir encore un peu plus les relations de la diplomatie française avec le monde musulman, déjà mise à mal par de nombreux ratés français. Les propos du ministre de l’Intérieur ont également confirmé la position française : la montée de l’extrémisme violent issu de l’extrême droite n’est pas la priorité de l’exécutif.
Alors que plusieurs affaires ont illustré ces dernières années la réalité du risque terroriste suprémaciste en France, Gérald Darmanin ne l’a pas publiquement évoqué durant cette halte transatlantique. De quoi soulever l’inquiétude des Français de confession musulmane, cible régulière de cette mouvance violente, et des associations de droits de l’Homme, elles-aussi prises en grippe par le ministre de l’Intérieur.
Les regrets du ministre de l’Intérieur
Gérald Darmanin a également regretté le « départ des Américains d’Afghanistan » et celui de la France de « la bande sahélo-saharienne », mettant en grade contre « la reconstitution de cellules de Daech au Levant, qui font que ces menaces exogènes, dans la perspective des grands événements que va organiser la France, sont des moments de risques importants d’attentats terroristes »