Victime de menaces incessantes de la part de militants d’extrême droite, et visé par un incendie criminel à son domicile en mars dernier, le maire de Saint-Brévin – en Loire-Atlantique – Yannick Morez a annoncé, mercredi, sa démission. Il déplore un manque de soutien de l’État à l’heure où plusieurs actions publiques de l’utradroite semble être tolérés par le gouvernement. Focus.
« Ce mardi 9 mai, j’ai adressé à monsieur le préfet de Loire-Atlantique un courrier informant ce dernier de mon souhait de démissionner de mon mandat de maire de Saint-Brévin-les-Pins« . C’est par ses mots, annoncés sur la page Facebook de sa commune, que Yannick Morez a informé de sa décision de quitter la mairie de Saint-Brévin. Au cœur d’une vive polémique autour de son soutien à un projet de centre d’accueil pour migrants, l’élu se disait victime de menace à répétition venant de partisans d’extrême droite opposés à l’ouverture du centre.
Des menaces atteignant un point de non retour dans l’incendie « volontaire », selon le parquet de Nantes, de son domicile. Le maire divers gauche déplore un manque de soutien de l’Etat. Trois jours avant, 600 militants d’une organisation d’ultradroite manifestaient cagoulés, avec l’aval de la préfecture, en plein Paris.
Opposition autour d’un projet de centre pour migrants
Le déménagement d’un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada), déjà présent dans la ville depuis 2016, semble être le sujet de discorde ayant mis le feu aux poudres. Malgré la présence de la structure dans la commune depuis sept ans et l’accueil de 400 demandeurs d’asile depuis son ouverture, le projet de déménagement du centre, près des établissements scolaires de la ville, suscite le rejet de certains habitants.
Des manifestations ont été ainsi organisées à plusieurs reprises avant d’être rejoins puis chapeautés par des membres de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour, mais aussi plusieurs autres organisations d’extrême droite,(Action française, Riposte laïque…).
Le maire de Saint-Brévin-les-Pins s’est dit alors victime d’une série de menaces jusqu’au mercredi 22 mars, aux alentours de 5 heures du matin, où deux voitures et une partie de la maison de l’élu ont été ravagés par les flammes. Dans un communiqué, publié après l’incendie, le maire explique :
Avec ma femme, nous tenons à remercier les personnes qui ont sonné à notre porte, nous alertant, et sans qui les conséquences auraient pu être encore plus dramatiques
Yannick Morez dépose plainte. Une enquête criminelle est ouverte, par le parquet de Nantes, pour « destruction volontaire par incendie sur personne dépositaire de l’autorité publique » et confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Pornic.
Un manque de soutien de l’Etat
C’est, sans doute, cette ultime agression qui a poussé le maire Yannick Morez a démissionner de son mandant et quitter sa commune. Il évoque d’ailleurs, dans son annonce, « l’incendie criminel perpétré à mon domicile » et notamment un « manque de soutien de l’État« . Un manque corroboré par Philippe Croze, président du Collectif des Brévinois attentifs et solidaires :
Il n’a eu aucun soutien ou signe de la part du préfet, juste un coup de téléphone d’Olivier Véran et c’est tout !
Le maire de Saint-Brévin-les-Pins a reçu, toutefois, le soutien du chef de l’Etat, Emmanuel Macron.
Les attaques contre Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, et contre sa famille, sont indignes. À cet élu de la République, à son épouse et ses enfants, je redis ma solidarité et celle de la Nation.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 11, 2023
Il devrait notamment être reçu, la semaine prochaine, par la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne puis auditionné par le Sénat le 17 mai.